À Lyon, Wim Wenders reçoit le Prix Lumière 2023 : "Le cinéma va survivre"

Wim Wenders a reçu vendredi 20 octobre le prix Lumière 2023 à Lyon pour l'ensemble de son œuvre. Le cinéaste allemand de 78 ans a accordé un entretien exceptionnel à une équipe de France 3 Rhône-Alpes. L'occasion de rendre hommage aux créateurs du cinéma, d'évoquer sa filmographie et d'envisager un avenir lumineux pour le cinéma de demain.

Un prix très symbolique

Recevoir ce prix, dans la ville de naissance du Cinématographe Lumière, pour Wim Wenders c'est une grande marque de fierté. "Lumière, c’est l’essence même du cinéma. J’ai toujours aimé les frères Lumière, bien qu’ils étaient des documentaristes, ils ont, sans le vouloir, fait aussi des films de fiction. Donc c’est un prix très symbolique", se réjouit-il.

Cinéaste voyageur, virtuose polymorphe et visionnaire, photographe accompli, Wim Wenders n'a cessé de chercher des clés dans le processus cinématographique des inventeurs du cinéma. "J’ai même pu faire un petit film avec leur cinématographe en bois, j’avais le trac parce que j’avais seulement un bout de film", confie-t-il.

Inventer sa propre forme de cinéma

À travers son œuvre et ses 25 films réalisés depuis les années 1970, Wim Wenders scrute les errances de ses personnages, la solitude, les voyages et les rêves. "Pouvoir être seul, ça m’a appris de pouvoir aussi être avec des gens. C’est un truc énorme dans mon cinéma de représenter l’idée de la solitude avec une connotation positive", révèle-t-il. 

Longtemps confidentiel, son cinéma explose à la fin des années 1970 avec L'ami américain (1977).  Dans les années 1980, c'est la consécration avec Paris-Texas (Palme d'Or à Cannes en 1984) et Les Ailes du désir (1987). "Ces films ont changé ma vie de cinéaste d'une drôle de manière. C’était aussi un peu un poids d'avoir du succès. Il y a beaucoup de gens qui attendent que l’on continue de faire ce qu’on leur a montré. Et ça, c’est l’ennemi du cinéma. C’est la recette pour l’échec. Le cinéma n’est pas une forme qui s’applique à tous. Il faut trouver cette forme. Il faut l’inventer et le cinéma a cette grande capacité à se réinventer avec chaque film", explique Wim Wenders. 

Au fil des années, il a consacré de nombreux films documentaires à d'autres artistes : le photographe Sebastiao Salgado, la danseuse Pina Bauch, ou encore les musiciens cubains du Buena Vista Social Club. Aujourd'hui, il consacre son nouveau film, Anselm-le Bruit du temps, au plasticien allemand Anselm Kiefer. "Il y a des artistes, je ne sais pas comment ils font, je ne sais pas quel est leur secret. Je trouve que c’est une grande aventure de découvrir leur langage", dit-il.

Le cinéma vivra 

Né en 1945 à Düsseldorf, Wim Wenders a découvert le septième art à la Cinémathèque française via les films présentés par Henri Langlois, un des fondateurs de l'institution. Alors c'est "adieu la peinture", à laquelle il se destinait d'abord, et "vive le cinéma !" Un élan de jeunesse et d'optimisme qu'il conserve aujourd'hui encore malgré les bouleversements que subit le cinéma."Comme toute l’humanité, le cinéma vit une grande crise, mais je suis sûr qu'il sera de nouveau un moteur de consolation. On aura toujours besoin de raconter des histoires, le cinéma va survivre", assure-t-il. 

Preuve de son incroyable envie d'imaginer un avenir radieux pour le cinéma, Wim Wenders présente cette année deux nouvelles œuvres, Anselm-le Bruit du temps et Perfect Days.