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A "La Palme d'or", un menu sur mesure pour les frères Coen

Le chef cinéphile doublement étoilé du restaurant "La Palme d'or" à Cannes prépare dans le secret un dîner inspiré de la filmographie des frères Coen, que les co-présidents dégusteront avec les autres membres du jury la veille de l'ouverture du Festival.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Christian Sinicropi, le chef étoilé de "La Palme d'or" à Cannes, prépare un dîner spécial pour le jury du festival (6 mai 2015)
 (Valéry Hache / AFP)

"Fou de cinéma et d'art", Christian Sinicropi, chef de l'hôtel Martinez sur la Croisette attend avec gourmandise ce nouveau défi : concentrer mardi soir dans les assiettes "l'esprit" des frères Coen.
              
"J'aime l'excitation du Festival ! Cela me permet de rencontrer le monde du cinéma, je ne m'enferme pas dans ma cuisine", confie-t-il à l'AFP.
              
Peu familier des films du duo américain, il a commencé par regarder leur dernier opus, "Inside Llewyn Davis" (Grand prix du jury 2013), l'histoire d'un chanteur-guitariste folk puriste errant en 1961 à New York. Ou encore "No Country For Old Men", le récit d'un cowboy traqué par un tueur psychopathe. Seront-ils retenus dans sa sélection gastronomique ?              

Pour Spielberg, un plat inspiré des "Dents de la mer" 

Steven Spielberg, réalisateur fétiche du cuisinier, avait eu droit en 2013 à une entrée inspirée du film historique "Lincoln" et un plat de résistance évoquant "Les Dents de la mer".
              
La musique des "Dents de la mer" était montée progressivement en intensité, puis onze cuisiniers et onze serveurs avaient fondu vers la table comme un banc de requins. "Il est fou ce chef !", s'était exclamé, ravi, Spielberg, aime à raconter Christian Sinicropi.
 
Le plat ? Une caille farcie avec une petite voile faisait face à des médaillons de bonites crues personnifiant "le prédateur carnassier" se souvient  le chef, qui "explique chaque référence quand les plats arrivent à table".
              
L'an dernier, pour la présidente du jury Jane Campion, le menu était inspiré de "La Leçon de piano", l'histoire d'une jeune femme qui arrive avec sa  fille dans une Nouvelle-Zélande inhospitalière : carré d'agneau de lait et mangues.              

Des assiettes créées pour chaque plat 

Particularité de Christian Sinicropi : il réalise avec son épouse de surprenantes assiettes en céramique personnalisées pour chaque plat. Tim Burton avait démarré la collection en 2010, avec une assiette décorée d'un arbre, inspirée d'Alice aux pays des merveilles.
              
Les "anciens" comme François Vatel, organisateur de festins au 17e  siècle, "créaient une recette, ainsi que les plats pour dresser les mets", rappelle le chef.
 
"Nous sommes dans la standardisation, il faut mettre en avant l'artisanat et l'humain. On se nourrit aussi par les yeux, une belle table dressée c'est un complément des cinq sens", juge-t-il.
 
"J'adore Cocteau, son éclectisme", dit cet homme volubile qui aime autant parler d'art et de philosophie de la vie que de cuisine. Tout en surveillant d'un oeil perçant sa brigade hyper concentrée qui scande régulièrement en choeur un martial "oui chef !". Il change sa carte trois fois par an : "Je ne veux pas être enfermé dans un style."              

Surprendre le palais

Le cuisinier né il y a 41 ans à Cannes, qui a commencé le métier à 15 ans, insiste sur ses "influences latines", un père calabrais, une mère cannoise d'origine italienne. Adoubé en 2007 comme successeur de l'Alsacien Christian Willer (qui avait gagné les deux étoiles du restaurant créé il y a trente ans), il a imprimé sa touche personnelle.
              
Il propose des "mouvements" en trois temps autour d'un "produit". Les descriptifs presque scéniques évoquent des "paysages", "embruns" ou "pâturages", volontairement flous pour surprendre le palais par leur complexité.
              
Le "rouget de roche", si typiquement méditerranéen, devient une expérience sensorielle. Avec en premier mouvement des rougets crus avec des agrumes, explosion de fraîcheur iodée posée sur une béarnaise violette jouant sur l'acidité, le tout surmonté d'une petite boule de foie gras très terrienne. Suivis d'un rouget grillé sur un lit suave de petites pâtes italiennes, concurrencé par des bouchées de thon fumé et de poutargue créant un nouveau choc en bouche...
              
Quel scénario gastronomique réservera-t-il aux frères Coen, adeptes comme lui d'histoires détonantes ? Réponse mardi.

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