"C’était son outil… et son antre" : dans le studio de Pierre Henry, dernier inventaire avant destruction
Huit mois après la mort de l’électroacousticien, sa maison du 12e arrondissement de Paris dans laquelle il a vécu et travaillé pendant 46 ans est sur le point d'être rasée.
Le 7 juillet dernier, le compositeur Pierre Henry, un des pères de la musique électronique qui a influencé de nombreux jeunes artistes, s’éteignait à l’âge de 89 ans. Huit mois après sa mort la maison du 12e arrondissement de Paris dans laquelle il a vécu et travaillé pendant 46 ans est sur le point d'être rasée pour laisser place à un projet immobilier, faute d’avoir été classée et protégée.
"Depuis 1990, il réalisait des peintures concrètes, c’était un reflet visuel de son univers sonore", explique son épouse, Isabelle Warnier. Au fond de cette cour, deux pièces. Dans l’une d’elles, rangées sur des étagères, 3 000 des quelques 10 000 bandes magnétiques qui constituent, avec 4 000 cassettes DAT, la sonothèque de Pierre Henry. La maison du compositeur contient 70 ans d’archives. Un fond unique qui va pour partie rejoindre la Bibliothèque nationale de France mais il faut tout inventorier et le temps presse car Isabelle Warnier doit quitter les lieux le 1er juillet.
Dans la maison, les peintures concrètes sont partout, sur les murs ou posées à même le sol. Au rez-de-chaussée, se trouve le studio de Pierre Henry. "C’est un des rares studios en analogique en état de marche, explique son épouse. Pierre a créé dans cette maison plus d’une centaine d’opus. C’était le lieu où il était pratiquement en permanence."
Assis derrière cette console analogique, il écoutait, composait, mixait. C’était son outil… et son antre.
Isabelle Warnierfranceinfo
C’est depuis ce studio que Pierre Henry pilotait les concerts qu’il a organisés chez lui pendant 20 ans : 9 000 personnes ont pu ainsi découvrir son univers créatif. Pour le compositeur, cette maison fut un extraordinaire matériau sonore.
"Il a créé des sons dans la salle de bains, dans la cuisine, avec différents appareils, des pierres, des ressorts, des plaques, des couvercles : tout lui servait, se souvient son assistante Bernadette Mangin. Et des sons instrumentaux, bien sûr, puisqu’il savait jouer de plusieurs instruments."
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