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Riad Sattouf et Vincent Lacoste en dédicace pour "Le Jeune Acteur", la BD qui raconte la naissance d'une star de cinéma

La dernière BD de Riad Sattouf, "Le Jeune Acteur 1, Aventures de Vincent Lacoste au cinéma" fait le pont avec le 7e art en racontant le parcours du comédien qui a fait ses premières armes dans "Les Beaux Gosses" du même Sattouf. Première séance de dédicace le 6 novembre au Grand Rex, après le film, à nouveau projeté pour l'occasion. Nous y étions. 

Article rédigé par franceinfo Culture - Camille Bigot
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Riad Sattouf et Vincetn Lacoste.  (MARIE ROUGE)

Samedi 6 novembre, 13h30 pétantes... ou presque. Sur l’écran du portable de l'attachée de presse, quelque peu inquiète, du dernier Riad Sattouf (Le Jeune Acteur,  Aventures de Vincent Lacoste au cinéma), un petit véhicule Uber noir se déplace dans les rues de Paris. Virtuellement, l’engin convoie un acteur aujourd'hui des plus connus, Vincent Lacoste. Très attendu. Léger stress dans l'équipe. Le Grand Rex est déjà plein pour l'événement.

Pas d'angoisse lisible en revanche chez la star. A son arrivée, le comédien aux cheveux gominés "checke", poing fermé, la responsable de la communication, rivée jusqu'ici à son mobile. L’équipe s’engouffre dans les dédales du Grand Rex jusqu’à la loge du dessinateur Riad Sattouf. Les deux hommes se sourient d'un air complice. Ils s’apprêtent à revoir le film où tout a commencé, Les Beaux Gosses. C'était il y a plus de dix ans.

Film générationnel 

"La dernière fois que je l’ai vu, c’était en 2009, l’année de sa sortie", réfléchit à voix haute Vincent. A l’époque il a 14 ans, et aucune envie apparente de faire des films. Riad Sattouf, réalisateur du long métrage, le sélectionne via un casting sauvage. Pour cibler ses jeunes comédiens, il renseigne la recruteuse avec une série de dessins "avec des gros nez, des dents tordues, des têtes zarbies". Le réalisateur est fasciné par ces ados un rien "monstrueux", "des êtres en pleine métamorphose qui changent en quelques semaines, quelques mois". "Bref, il fallait avoir un physique ingrat, donc j’ai été sélectionné", renchérit Vincent devant le public venu voir ou revoir le film.

Une planche de la BD "Le Jeune Acteur, Aventures de Vincent Lacoste au cinéma" signée Riad Sattouf.  (Riad Sattouf, Le Jeune Acteur, Aventures de Vincent Lacoste au cinéma, Les livres du futur.)

Mais pour Riad, il est encore trop beau. Alors, il l’enlaidit : appareil dentaire, cheveux gras et plaqués qui lui donnent un air de caniche à frange, et surtout des chaussures immenses. "J’étais scandalisé, s’exclame l’acteur, c’était pas marqué que j’étais laid dans le scénario." Pourtant, les spectateurs s’y reconnaissent. Dans la salle de cinéma aux fauteuils de velours bleus, il y a des amateurs de la première heure. "C’est la vingtième fois que je le vois à peu près, je le connais par cœur", sourit Geoffroy Szirmay, en prenant le micro pour poser une question après la projection. "Je suis un ultra", explique-t-il, il a tout vu, tout lu de Riad Sattouf. "D’ailleurs, moi j’ai bien aimé aussi son film Jacky au royaume des filles."

Le parcours "rigolo et humain" de Vincent Lacoste

Sorti en 2014, le deuxième long-métrage de Riad Sattouf est en réalité un échec en salle. "Je me suis retrouvé exclu du monde du cinéma, et Vincent, lui, a continué dans l’autobus du succès", souffle l'auteur de BD. Il reste ami avec le jeune acteur, qui lui raconte ses histoires dans le milieu du grand écran, "c’était les galères et les splendeurs de quelqu’un qui commence à être connu". Un an plus tard, le réalisateur déchu a l’idée de raconter en BD "ce parcours rigolo et humain. Vincent est quelqu’un d’ordinaire qui s’est retrouvé dans une vie extraordinaire."

Le premier tome aborde la plongée dans cet univers, avec Les Beaux Gosses. "J'ai lu le livre dès sa sortie, s’enthousiasme Sophie Vacheron, une fan présente lors de la projection. Je fais du cinéma et j’ai retrouvé plein d’anecdotes qui se déroulent sur un tournage comme celle du champ-contrechamp. J’avais presque l’impression qu’il y avait des private jokes."

Planche de la BD "Le Jeune Acteur, Aventures de Vincent Lacoste au cinéma" signée Riad Sattouf.  (Riad Sattouf, Le Jeune Acteur, Aventures de Vincent Lacoste au cinéma, Les livres du futur.)

La célébrité frappe à la porte 

Le livre fait le récit presque au jour le jour. Dès son arrivée sur le plateau du film Les Beaux Gosses, Vincent remarque que "les autres changent. Ils ont une nouvelle vision de vous. Quand les gens vous connaissent et que vous avez le premier rôle, si vous ne dites pas bonjour, vous passez pour quelqu’un d’antipathique." Dans l’une des pages de la BD, Riad Sattouf lui intime de saluer chaque matin l’ensemble de l’équipe de tournage. Rapidement, il adopte vis-à-vis de Vincent l’attitude d’un "tonton". Quand on demande à l’acteur si cet oncle a parfois pu être un brin irritant, il répond "oui", puis "non", puis "oui et non". "C’était comme quelqu’un de ma famille, des fois il me fatiguait un peu. Il me demandait de passer mon bac. Mais heureusement qu’il était là."

Puis finalement, la relation s’équilibre. "Vincent m’a rattrapé dans l’âge adulte", lâche Riad Sattouf. Pendant un temps, le dessinateur le conseille sur ses choix de films. "Aujourd’hui, je n’ai même plus besoin de lui dire, il est plus cinéphile que moi. Maintenant, c’est lui qui me donne des conseils : détends-toi, fais de la muscu…", s’amuse Riad, tout en zieutant le plat indien aux teintes verdâtres que le jeune homme déguste avant la projection. "T’as fini de manger, tu ne vas pas te salir hein ?", articule-t-il, avec humour.

Une planche de la BD "Le Jeune Acteur, Aventures de Vincent Lacoste au cinéma", signée Riad Sattouf.  (Riad Sattouf, Le Jeune Acteur, Aventures de Vincent Lacoste au cinéma, Les livres du futur.)

Toute première dédicace pour Lacoste

Il s'agit de rester propre. Pour sa toute première dédicace, Vincent est classe, il a enfilé une veste en velours bleue marine. "Je suis content que le livre soit sorti, de rencontrer des gens qui vont lire la BD. C’est assez marrant et particulier comme expérience pour moi." Il travaille sa signature sur les premiers exemplaires que son attachée de presse lui demande de dédicacer. "Ça va être long, je n’écris pas vite… Riad, tu mets quoi comme commentaire en général toi ?" Même si c’est "la deux millionième" dédicace du dessinateur, il semble lui aussi encore un peu stressé, multiplie les passages aux toilettes jusqu’à se retrouver… coincé. Vincent le libère in extremis.

Ensemble sur la scène du Grand Rex, accoudés à deux tables de bistrot, ils dédicacent les premiers exemplaires de la BD, après la projection. Dans la salle, l’ambiance est calme, le son comme aspiré par les murs molletonnés. Les fans défilent, rangées par rangées, sous le plafond étoilé du cinéma. Les ados, étudiants, parents (ou autres amateurs de BD) dont ce n’est pas encore le tour  dévorent déjà leur bouquin. Les autres, qui ont reçu en premier leur signature, se rassoient encore tout excités pour observer quelques instants de plus leurs idoles. Dès le lendemain ces derniers se seront déjà envolés pour leur tour de France des dédicaces.

Couverture de "Le jeune acteur - tome 1 Aventures de Vincent Lacoste au cinéma", de Riad Sattouf, 4 novembre 2021 (Les livres du futur; Illustrated édition)

"Le jeune acteur - tome 1 Aventures de Vincent Lacoste au cinéma", de Riad Sattouf (Les livres du futur, 140 pages couleur, 21,50 €)

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