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"Groenland Vertigo", un bel hommage de Tanquerelle à Hergé dans les vertiges du Cercle Polaire

Le dessinateur Hervé Tanquerelle avait adapté les textes de l'écrivain aventurier danois Jorn Riel dans la série des "Racontars" (Sarbacane). Invité en 2011 à participer à une expédition dans les fjords au nord-est du Groenland, le dessinateur en a tiré "Groenland vertigo", une épopée rocambolesque qui de sa ligne claire rend un hommage non dissimulé (et réjouissant) à Hergé.
Article rédigé par Laurence Houot
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
"Groenland Vertigo", extrait de la couverture
 (Tanquerelle / Casterman)

En 2011, le dessinateur Hervé Tanquerelle est invité à participer à une expédition au Groenland, qui réunit artistes et scientifiques, invités à "découvrir et rendre compte" des réalités du Groenland d'aujourd'hui. Le dessinateur n'arrive pas en terre complétement inconnue, puisqu'il avait, quelques années auparavant, adapté les "Racontars", ces textes de l'écrivain danois Jorn Riel. L'expédition doit se rendre dans les Fjords du Nord-Est, ceux dans lesquels avait vécu Jorn Riel dans les années 50. L'écrivain danois embarque lui aussi dans cette expédition qui doit durer trois semaines.

Croquis 'Ella, Eagles', 2011
 (Tanquerelle)
En rentrant le dessinateur envisage d'en faire le récit, mais il renonce. "Manque de matière", raconte-t-il, faute d'avoir pu avoir des conversations poussées avec les participants pendant le voyage (barrière de la langue). Il relègue donc l'aventure "dans la boîte des souvenirs impérissables", jusqu'au jour où, trois ans plus tard, émerge l'idée d'en faire une fiction. Et voilà comment nait le projet de l'album "Groenland Vertigo", qui raconte les aventures de Georges Benoît-Jean, dessinateur embarqué à bord de la goélette Aurora pour une expédition au Nord-Est du Groenland.
"Groenland vertigo", page 3
 (Tanquerelle)
La BD met en scène ce dessinateur maladroit et angoissé, et aussi toute une galerie de personnages hauts en couleur : les membres de l'équipage, un écrivain voyageur (prénommé Jorn, une mine de Capitaine Haddock aux cheveux blancs, mal léché, porté comme lui sur la bouteille) un géologue, un artiste richissime et caractériel (vraiment cinglé, en fait), et une équipe de cinéma, embarquée pour filmer l'aventure, sans oublier le cuistot.

"Devenir le Paul Emile Victor de la BD !"

Après quelques hésitations, le dessinateur, alors en panne d'inspiration, accepte l'invitation "Tu pourrais devenir le Paul Emile Victor de la BD !", songe-t-il. Tempête, obligation d'enfiler une combinaison de survie, mauvaise humeur de l'artiste égocentrique, et un équipage qui parle une autre langue que la sienne et à laquelle il ne comprend pas un mot… les premières heures sur la goélette ne l'enchantent pas vraiment. Heureusement, Jorn a de quoi lui réchauffer les côtelettes avec sa réserve de Whisky…
"Groenland Vertigo", page 31
 (Tanquerelle)
L'équipage aborde les côtes de l'ile d'Ella. Jorn retrouve les lieux où il a vécu dans les années 50. Mais c'est quand le vieil écrivain propose à Georges de visiter la "cabane aux Anglais" que commence la véritable aventure…

"Groenland Vertigo", est un hommage assumé à l'univers d'Hergé : une vraie aventure avec un scénario plein de rebondissements, des décors sublimes (la mise en couleurs d'Isabelle Merlet est magnifique), des personnages typés, un dessin qui tend vers la ligne claire, et même jusqu'à la typographie des bulles, sans oublier l'humour, et "des petits clins d'œil disséminés" tout au long de l'histoire… On adore !
 
"Groenland Vertigo", Hervé Tanquerelle
(Casterman - 104 pages couleurs – 19 €)

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