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Plantu publie mercredi son dernier dessin dans "Le Monde" : "Vous n’imaginez pas la pression de faire tous les jours la une du journal"

Plantu prend sa retraite et laissera sa place à un collectif de caricaturistes. Rencontre avec le dessinateur dans son appartement parisien.

Article rédigé par Sébastien Baer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Le caricaturiste Plantu, à Nicosie à Chypre le 17 janvier 2015 . Photo d'illustration. (FLORIAN CHOBLET / AFP)

Une page se tourne au journal Le Monde. Après presque 50 années passées à illustrer l'actualité et plus de 30 000 croquis, Plantu publie mercredi 31 mars son dernier dessin dans le quotidien et prend sa retraite. À 70 ans, le caricaturiste s'est imposé comme une star du dessin de presse. Avec son crayon, il a croqué des décennies d'histoire depuis le 1er octobre 1972, date de son arrivée au journal.

Dans ses cartons, Plantu emporte ses souvenirs soigneusement conservés dans son appartement du 10e arrondissement parisien. "Il y a tous mes dessins sur les murs, les photos, les petits mots gentils, même les engueulades", décrit le dessinateur. Les engueulades, ce sont souvent celles des politiques que Plantu ne ménage pas, comme Jacques Chirac : "Il m’a écrit souvent et m’a dit : 'Écoutez, c’est très bien vos dessins, c’est encore plus ressemblant quand il n’y a pas la petite goutte de bave sous le menton.'" Son modèle préféré était Nicolas Sarkozy : "Sous la tête, on fait deux petites jambes, deux petits pieds et le dessin, il est fini. Il ne coûte pas cher en feutre."

"La peur de décevoir"

Au fil des ans, la colombe devient sa signature. Elle apparaît dès 1972, dans un dessin consacré à la guerre du Vietnam. "Une colombe est ronde. Je l’avais faite très allongée, ce n’est pas comme ça que je les fais aujourd’hui", explique le caricaturiste. Plantu et ses dessins font parfois polémique. "J’avais fait un évêque qui tient par la main un enfant et dit : 'Les voix du Seigneur sont impénétrables', et l'enfant répond : 'Bah, y'a bien qu’elles !'" Mais le dessinateur revendique ce qu'il appelle "l'art du dérapage contrôlé". 

"La vie, c’est le dérapage. On n'est pas là pour faire plaisir à tout le monde."

Plantu

à franceinfo

C'est donc une page de près d'un demi-siècle que Plantu s'apprête à tourner, avec soulagement : "Vous n’imaginez pas l’énorme pression de faire un dessin tous les jours à la une du journal Le Monde. La peur de décevoir !" Une fois rangés ses feutres et ses palettes d'aquarelle, Plantu se consacrera à la sculpture, son autre passion. Dès jeudi, il laissera la place, en une du Monde, au collectif de caricaturistes "Cartooning for Peace".

Plantu raccroche ses crayons : propos recueillis par Sébastien Baer

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