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Lewis Trondheim rend sa médaille de chevalier des Arts et des Lettres pour dénoncer la situation précaire des auteurs de BD

L'auteur de BD a publié une vidéo sur YouTube dans laquelle il dénonce l'inaction du ministère de la Culture à l'égard des artistes et des auteurs. 

Article rédigé par franceinfo Culture - Odile Morain avec France 3 Nouvelle-Aquitaine
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
LewisTrondheim lors de la visite d'Emmanuel Macron au fesrtival de la BD Angoulême en janvier 2020 (RENAUD JOUBERT / MAXPPP)

L'auteur de BD Lewis Trondheim a décidé de renvoyer sa médaille de chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres au ministère de la Culture. C'est par le biais d'une courte vidéo publiée sur YouTube que le dessinateur explique son acte. "Le ministère de la Culture n'est pas mon ministère", indique-t-il sur une planche.  

Les auteurs de BD réclament un vrai statut
Les auteurs de BD réclament un vrai statut Les auteurs de BD réclament un vrai statut

Un acte symbolique

Dans la vidéo qu'il a réalisée, Lewis Trondheim se met en scène en se tailladant  les veines et en répandant ensuite du sang à l'encre rouge sur sa médaille. "Il faut que je fasse un acte symbolique par rapport à cette médaille, les auteurs sont saignés à blancs par ce gouvernement". 

L'enterrement du rapport Racine

La colère de Lewis Trondheim est suscitée par une récente décision du ministère de la Culture qui remet en cause le rapport Racine. Commandé en 2020 par Frank Riester, ministre de la Culture de l'époque, ce rapport proposait 23 mesures qui permettaient de mettre en place un statut légal pour les artistes et auteurs. Or, dans le nouveau communiqué du ministère, seules 15 mesures sont retenues. Et la reconnaissance de ce statut n'est plus à l'ordre du jour.

C'est cet "enterrement du rapport Racine" qui a poussé le grand prix de la ville d'Angoulême lors du festival de la BD de 2006 à publier une vidéo. "On ne demande pas d'argent, on ne demande pas de vacances, on ne demande pas de privilèges, on demande juste un statut professionnel de façon à avoir les fruits de ce pour quoi on cotise", explique-t-il. 

Une colère que partagent de nombreux dessinateurs et scénaristes de BD. Car concrètement, sans statut professionnel, la situation économique et sociale des auteurs est catastrophique. Ils réclament de vrais droits à la Sécurité Sociale et un accès aux mutuelles de santé. "Moi je suis sur la mutuelle de ma femme car je ne peux pas m'en payer une", souligne le scénariste de bandes dessinées Antoine Ozana.

La précarité des auteurs de BD

Le rapport Racine avait aussi mis en lumière un manque de représentation des auteurs de BD et un rapport de force déséquilibré avec les éditeurs. "Il faudrait qu'un véritable dialogue se fasse avec toutes les institutions mais aussi avec les éditeurs qui ne semblent pas toujours être de notre côté", précise l'autrice Nathalie Ferlut. 

Selon un rapport sur les états généraux de la bande dessinée édité en 2017, un auteur sur deux gagne moins que le Smic (1 554,58 euros en 2021) et un sur trois vit sous le seuil de pauvreté. Une précarité régulièrement évoquée lors du Festival international de la bande dessinée d'Angoulême (FIBD) comme le souligne l'article de France 3 Nouvelle-Aquitaine. L'édition avec le public du festival, prévue en juin prochain, est d'ailleurs sous la menace d'un boycott. 345 auteurs et autrices ont signé une tribune en janvier indiquant que si "aucun acte réel et concret n'est posé d'ici là", ils boycotteront l'édition 2021 du FIBD.

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