"Les Cahiers d’Esther, histoires de mes 18 ans" : avec humour et tendresse, Riad Sattouf plonge une dernière fois dans la vie de l’adolescente
La couverture de ce nouvel album annonce la couleur : certaines choses restent, d’autres pas. Sur le neuvième tome des cahiers d’Esther, publié ce jeudi 6 juin aux éditions Allary, Riad Sattouf dessine son héroïne devant le même bâtiment et dans la même posture que sur la couverture du premier opus.
Mais au-delà d’une localisation commune et d’une attitude qui confère, à l’enfant comme à la jeune adulte, des airs d’équilibriste, tout semble avoir changé. Fini les leggings noirs, le sourire timide et les robes à fleurs. Bonjour les jeans baggy, les bottines, les pistes cyclables et les téléphones portables. Le monde a avancé, et Esther avec lui.
Histoires de mes 18 ans, qui paraît près d’une décennie après le premier tome, clôt la saga de Riad Sattouf. Depuis sa création, la bande dessinée qui raconte le quotidien réel d’une jeune Parisienne – ou du moins son quotidien "d'après une histoire vraie", comme le précise l'auteur en bas de chaque page – s’est écoulée à plus de deux millions d’exemplaires et a été traduite en dix langues.
La série a également été adaptée par Canal+ entre 2018 et 2020 et a atteint, quelques années plus tard, plus de 800 millions de vues sur TikTok.
La vie sans fards
Les 52 nouvelles histoires racontées par Riad Sattouf reprennent, et c'est toujours un plaisir, la recette qui a fait le succès des précédents albums. L'auteur reste au plus près du regard de l'adolescente, et alterne, toujours avec une juste balance, l'anodin du quotidien, les réflexions sur l'actualité, les petits soucis et les grands états d'âme. Autant de récits qui forgent, d'aventure en aventure, le portrait d'une génération et d'une époque.
Au début de ce neuvième album, Esther fait sa rentrée en terminale, dernier chapitre de sa "scolarité au Bourgistan". La jeune adulte, désormais fan de la chanteuse Barbara ("le génie au féminin"), habite toujours avec son petit frère Gaëtan et ses parents. Elle révise son baccalauréat, regarde La Villa des cœurs brisés, va pour la première fois en boîte de nuit, et, contre toutes attentes, ne se fait plus gronder parce qu’elle utilise son téléphone "H24".
Le quotidien d'Esther est en somme celui d'une vie qui suit son cours. Mais cet album, plus que les autres, fait aussi le récit de moments sensibles, intimes. Tout juste adulte, Esther regarde tantôt en arrière, tantôt va de l’avant mais sans vraiment savoir vers quoi. Le lycée lui pèse, l'avenir est fait de doutes, le temps cause ses peines, aussi.
Esther nostalgique ? Elle n'est peut-être pas la seule. Cet ultime album multiplie les références aux précédents, donne quelques informations sur la genèse et les coulisses du projet qui a marqué, pendant neuf ans, le quotidien de Riad Sattouf. "Merci pour tous vos messages d'amour, ça va me manquer, je le sens déjà", écrit-il, dans la voix d'Esther, au terme de l'opus.
Quant aux adeptes des récits de l'adolescente ? Certainement tristes que la saga touche à sa fin, ils seront heureux de découvrir les nouvelles aventures de l'héroïne. À plus forte raison peut-être qu'elles ne donnent qu'une seule envie : celle de tout relire depuis le début.
Les Cahiers d'Esther, Histoire de mes 18 ans, Riad Sattouf (Allary, 56 pages, 17,90 €).
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