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Quatre choses à découvrir dans le nouvel album d’Adèle Blanc-Sec, "Le Bébé des Buttes-Chaumont", sur son auteur, Jacques Tardi

Adèle Blanc-Sec connaît sa dixième et ultime aventure avec "Le Bébé des Buttes-Chaumont". Héroïne de BD avant l’heure créée en 1976, Adèle révèle à travers son quotidien fantastique bien des aspects de la personnalité de son génial auteur, Jacques Tardi.

Article rédigé par Francis Forget
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Adèle Blanc-Sec dans sa dernière aventure "Le Bébé des Buttes-Chaumonts".  (Tardi / Editions Casterman)

Ça y est, la dernière des Aventures d'Adèle Blanc-Sec vient d'être dévoilée chez Casterman. Et à bien l'observer, Le Bébé des Buttes-Chaumont nous en dit autant sur l'héroïne que sur son génial auteur. Voici quatre choses à découvrir.

1Tardi est un homme de parole

"J’ai toujours dit que j’en ferai dix, des Adèle, pas un de plus. Je suis un homme de parole. Il n’y aura pas de reprise. Je déteste les faux Blake et Mortimer et compagnie", explique à longueur d’interviews l’auteur. L’album se conclut même avec cette mise en garde : "Ainsi s’achèvent pour toujours les Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec. Gare aux faussaires qui seraient tenté(e)s d’y donner suite". Certes, mais la porte n’est pas complètement refermée sur le monde d’Adèle. Des sortes de spin-off, des albums dérivés, pourraient voir le jour reprenant certains des personnages de la série. Tardi évoque l’idée d’un album avec Lucien Brindavoine. A suivre donc …

Portrait de Jacques Tardi, abbaye royale de l'Épau, au Mans, octobre 2018. (FRANCIS FORGET / FRANCE TELEVISIONS)

2Tardi fait la gueule comme Adèle

C’est vrai que l’héroïne n’est pas une crève de rire. La mine boudeuse, elle râle encore souvent dans Le Bébé des Buttes-Chaumont. "Je le répète, Adèle Blanc-Sec, c’est un peu moi", confie le dessinateur. Un double au féminin bougon. Et l’auteur profite de ses planches pour rouscailler contre les trottinettes dans la capitale qu’il fait valser sur plusieurs cases. La saleté des rues que Tardi aime arpenter pour ses repérages l’agace aussi : "Il faut bien reconnaître que Paris est une ville dégueulasse !", fait-il dire à Adèle dans Le Bébé des Buttes-Chaumont. La mauvaise humeur et les trognes patibulaires font partie intégrante de l’univers de La Blanc-Sec et de son créateur même si l’humour est toujours là.

Adèle Blanc-Sec a une rage de dent dans "Le Bébé des Buttes-Chaumonts", ce qui n'arrange pas son caractère. (Tardi / Editions Casterman)

3Tardi aime Paris 

La saleté et les trottinettes n’ont toutefois pas entamé l’amour que l’auteur voue à la Capitale. Tardi aime raconter Paris à travers ses dessins. Il l’a fait sur d’autres séries comme dans Le Cri du peuple sur la Commune de Paris ou les albums de Nestor Burma. A travers son trait et les ambiances qui s’en dégagent, Tardi sublime même la ville. La série des Nestor Burma ne tient d’ailleurs que pour cette raison. Ces polars plongent avec délice le lecteur dans des atmosphères et des décors qui dépassent de loin l’intérêt de l’intrigue. Tardi avait passé la main sur cette adaptation des romans de Léo Malet depuis 20 ans à deux auteurs Emmanuel Moynot et Nicolas Barral. Il souhaitait en réaliser un autre, Les Eaux troubles de Javel qui se passe dans le XVe arrondissement. "Je m’y suis baladé, tout a été rasé. Il n’y a plus rien d’époque. Alors on peut raconter la même histoire ailleurs", se désole le dessinateur. Dommage. Concernant Adèle, son Paris se termine, sans rien divulgâcher, là où il a commencé, au Jardin des Plantes.

Paris dessiné par Tardi dans le 10e tome des aventures d'Adèle Blanc-Sec. (Tardi / Editions Casterman)

4Tardi est un auteur engagé

Cet album conclusif sur le destin d’Adèle le prouve une nouvelle fois. Le Bébé des Buttes-Chaumont est une oeuvre chorale puisque reviennent beaucoup des personnages des précédentes histoires. Au point d’ailleurs de perdre un peu le lecteur qui ne se souviendrait pas trop des récits précédents ou pire qui ne les aurait pas lus. Mais il n’y a pas que les personnages qui ressurgissent dans ce nouvel opus. Tardi partage aussi ses convictions sur la peine de mort, les prisons, la Commune de Paris, la police, la condition animale ou la guerre. L'auteur porte à travers ses albums toujours un regard politique qu’il prête à ses personnages et pas seulement à Adèle. Avec, au fil de temps et des BD, un peu plus de désespérance concernant la nature humaine : "Nos souffrances n’auront pas été vaines ! Il n’y aura plus jamais de guerre… Les hommes ne sont pas cinglés à ce point !", reste persuadé Honoré Fia, l’illustrateur des albums d’Adèle.

"Adèle Blanc-Sec. Tome 10 - Le Bébé des Buttes-Chaumonts". Tardi / Editions Casterman. 14,50 €.

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