Festival de la BD d’Angoulême : le Canada, l’autre pays de la bande dessinée

La délégation canadienne arrive en force au Festival international de la bande dessinée d’Angoulême : 60 auteurs et autrices sont du voyage. Objectif : se faire connaître et nouer des partenariats. Rencontre avec des auteurs inspirés.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3 min
Thomas-Louis Côté, commissaire de l’exposition "D’un océan à l’autre, cap sur la bande dessinée canadienne" à Angoulême, le 25 janvier 2024. (MOHAMED BERKANI)

Impossible de passer à côté de la présence canadienne au Festival d’Angoulême : un pavillon dans le centre-ville, une exposition sur le parvis de l’hôtel de ville et un food-truck (La poutine du Québec) qui rencontrent tous un succès certain en ce jeudi ensoleillé, et rappellent au public la richesse et la diversité de la création dans l’autre pays des bulles. La 51e édition du festival met un focus sur le 9e art canadien. "On voulait proposer un large portrait de la bande dessinée au Canada, que toutes les provinces et tous les territoires soient représentés par leurs créateurs. Notre délégation comporte 60 auteurs ", affirme Thomas-Louis Côté, directeur de Québec BD et commissaire de l’exposition D’un océan à l’autre, cap sur la bande dessinée canadienne.

Mangas, comics et BD made in Canada

L’exposition est d’abord un voyage dans l’histoire d’un pays qui a connu assez tôt la caricature, puis l’illustration et enfin la bande dessinée. Comme dans de nombreux pays, la BD représente une part non négligeable du marché de l’édition. "Le secteur est toujours en croissance. La BD est la troisième catégorie des livres les plus vendus au Québec, derrière les livres pratiques et les livres jeunesse. Et les mangas représentent 36% de ces ventes", détaille Thomas-Louis Côté. Et comme dans de nombreux pays, les artistes locaux s'approprient les codes manga pour proposer leurs propres créations.

Auteurs canadiens sur le parvis de l'hôtel de ville d'Angoulême, le 25 janvier 2024. (MOHAMED BERKANI)

Selon Thomas-Louis Côté, la bande dessinée canadienne est fracturée en deux : "l'influence des États-Unis est très forte dans le Canada anglophone, un peu moins dans le Canada francophone à cause du délai de la traduction. Quand les comic books ont été déclarés biens inutiles et interdits à l’importation pendant la guerre [la Seconde Guerre mondiale], on a vu un formidable élan de création", observe-t-il.

Paul Bordeleau et Nicola-Frank Vachon au pavillon Canada à Angoulême, le 25 janvier 2024. (MOHAMED BERKANI)

"C’est assez schématique, les auteurs anglophones regardent vers les États-Unis et les francophones vers l’Europe", confirme Paul Bordeleau, auteur de sept albums. L’artiste avoue une grande admiration pour Mœbius. "Je me suis même fait passer pour un journaliste pour le rencontrer", confie-t-il. L’auteur canadien vient d’adapter en BD la pièce de théâtre Hypo de Nicola-Frank Vachon. "Hypo peut se lire de différentes façons, c’est le contraire d’hyper. L’histoire est celle d’un homme dans la trentaine, atteint d’une maladie incurable, qui se rend en Islande pour mettre fin à ses jours. Il rencontre une Québécoise qui l’accompagne dans son périple", explique Nicola-Frank Vachon.

La complicité entre Nicola-Frank Vachon et Paul Bordeleau saute aux yeux : ils n’arrêtent pas de se couper la parole et de finir les phrases de l’autre. Fort du succès de l’album, ils envisagent de se lancer dans une deuxième aventure. "Cette fois-ci, ce ne sera pas une adaptation, mais une création", annoncent-ils.

Géraldine Grotowski au pavillon Canada à Angoulême, le 25 janvier 2024. (MOHAMED BERKANI)

Géraldine Grotowski, elle, fait partie de cette génération de créateurs venus à la BD par d’autres voies. Aquarelliste, elle est infirmière de formation. "Je partage ma vie entre mon travail et la BD", explique-t-elle. Son album Comme des rats (éditions Moelle Graphik) renferme une large part autobiographique. Au départ, c’était une nouvelle sur l’errance dans les rues de Québec d’une jeune adolescente en souffrance. Son éditeur n’est autre que Julien Poitras, doyen de la faculté de médecine de l’université de Laval et l’un des pionniers de la BD futuriste dans sa jeunesse.

"Les jeunes créateurs sont très dynamiques. La bande dessinée est un secteur qui se porte bien. La création est là. C’est vrai pour le Québec et pour toutes autres provinces", s’enthousiasme Thomas-Louis Côté. Et parmi ces jeunes : Alex A, le dessinateur qui a terrassé Astérix sur le plan des ventes au Québec.

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