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Exposition "René Goscinny au-delà du rire" au Mahj : visite en 10 escales

Les aventures d'Asterix le Gaulois, Lucky Luke, Le Petit Nicolas, Iznogoud… Tout ça c'est lui. L'œuvre de René Goscinny, c'est 500 millions de livres et d’albums vendus dans le monde, traduits dans toutes les langues, adaptés au cinéma. Le musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme lui consacre une exposition "René Goscinny au-delà du rire". Visite en 10 escales pour découvrir les sources de ce génie.
Article rédigé par Laurence Houot
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 14 min
Affiche de l'exposition "René Goscinny au-delà du rire", Mahj

Tout le monde connaît ses héros, tout le monde a lu les aventures sorties de son imagination, mais qui connaît vraiment René Goscinny, son histoire, ses origines, et les racines de ce qui a forgé en lui cet inépuisable, inimitable et indémodable humour ? C'est ce que propose de découvrir le Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme (Mahj) dans une très riche exposition qui retrace le parcours de ce petit-fils d'émigrés juifs ukrainiens, né à Paris en 1926. L’exposition rassemble plus de 200 œuvres, photographies, archives, objets, planches et scénarios originaux, et de nombreux documents inédits provenant des archives Goscinny. Visite avec Anne Hélène Hoog, commissaire de l'exposition.

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Goscinny était le petit-fils d'un immigré juif ukrainien, Abraham Beresniak, imprimeur

René Goscinny est le fils d'Anna Beresniak, fille d'Abraham Beresniak, instituteur juif originaire d'Ukraine, qui émigre à Paris avec sa femme et leurs neufs enfants en 1905. Ce grand-père érudit et polyglotte était vraisemblablement un pur produit du mouvement de la "haskahla" (un mouvement des Lumières juives développé au XVIIIe siècle). Abraham Beresniak est l'auteur d'un dictionnaire yiddish/hébreux et fonda en 1912 à Paris les imprimeries Beresniak.

Abraham Beresniak et son dictionnaire yiddish - hébreu

C'est de ce côté-là sans doute que René Goscinny a hérité son amour du livre, de la page bien composée, qui ne l'a jamais quitté tout au long de sa carrière. "L'esthétique de la page, le sens de la répartition du texte, la composition, le soucis de faciliter la lecture… tout cela lui vient très certainement de cette proximité avec l'imprimerie", explique Anne Hélène Hoog, commissaire de l'exposition. "Dans cette première partie de l'exposition, poursuit-elle, nous avons voulu montrer l'ambiance familiale, le multilinguisme, les repas en famille où l'on manie l'humour. René Goscinny a sans doute pratiqué très jeune cet exercice mental qu'est l'humour, l'art du calembour. Qualité qu'il a ensuite cultivée en en élargissant le spectre au contact des différents pays et cultures qu'il a côtoyées".

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Goscinny a passé toute son enfance et son adolescence en Argentine

Le père de René Goscinny, juif polonais, est arrivé en 1906 à Paris pour terminer ses études de chimie. En 2010, il part travailler au Mexique avant d'être mis à disposition par l'armée du tsar, il est envoyé pour travailler comme ingénieur dans une mine en Tunisie. En 1919, il épouse Anna Beresniak et leur premier fils, Claude, naît en 1920. Stanislas, imprégné de l'idée du développement, et aventurier dans l'âme, part au Nicaragua en 1923 pour créer une entreprise bananière. L'expérience bananière a tourné court et Stanislas est rentré en France. Les époux obtiennent la nationalité française le 30 juillet 1926, soit quinze jours avant la naissance de leur second fils René, qui voit le jour le 14 août 1926. Entre temps la JCA (Jewish Colonization Association) lui a offert un poste à Buenos Aires.

Stanislas, Anna, Claude et René Goscinny Paris, 12 février 1927 (photo Simonet) 
 (Anne Goscinny. Prêt de l’institut René Goscinny)

"Stanislas Goscinny parlait le polonais, le russe, le yiddish, l'allemand, l'hébreux, l'anglais, il pouvait donc communiquer avec les immigrés juifs qui arrivaient en Argentine. Il était aussi habitué aux climats chauds. Il part donc travailler là-bas et sa femme Anna et leurs enfants les rejoignent en 1927. Stanislas était très imprégné de cette culture française, qui prônait 'l'éducation pour l'homme', et défendait l'idée qu'il faut être utile à tous. C'est l'époque aussi où l'on pense que les Juifs doivent sortir des ghettos. A tout cela il faut ajouter l'esprit d'aventures de Stanislas. Il ne tenait pas en place !", raconte Anne Hélène Hoog. "C'est cet homme qui était le père de René Goscinny, et qui a sans aucun doute influencé son fils. Il lui a insufflé l'idée que l'étranger n'est pas un ennemi. Il lui a transmis sa grande curiosité culturelle, l'a encouragé à 'être du monde'", poursuit la commissaire de l'exposition.

Déjà en ce temps-là, j'aurais fait n'importe quoi pour faire rire les copains"

"Le petit René parle le yiddish, le français, l'espagnol, et aussi l'italien et grandit dans ce brassage, où certes il y a des normes sociales, mais où les conditions de vie sont aussi très difficiles pour ces colons juifs qui arrivent des "shtetl" (villages juifs, en yiddish) de l'Europe centrale et qui ne sont donc pas du tout habitués à la rudesse du climat, à la chaleur, aux grosses pluies. Toutes choses que René peut observer lorsqu'il accompagne son père au cours de ses tournées dans la campagne argentine", explique Anne Helène Hoog. René Goscinny est un bon élève au collège français de Buenos Aires, où s'y côtoient toutes les classes sociales. Il se distingue très tôt pas son sens de l'humour. "Déjà en ce temps-là, j'aurais fait n'importe quoi pour faire rire les copains" ("Du Panthéon à Buenos Aires. Chroniques illustrées", Paris IMAV éditions, 2007, page 11-16, cité dans le catalogue de l'exposition).

Couverture d'un album de Patoruzù

C'est aussi l'époque où René Goscinny découvre les historiettes de Patoruzù, un indien courageux et intelligent, et son frère cadet, Upa, un gros bébé un peu bêta mais doté d'une force physique hors du commun. Ce duo aurait inspiré le duo Astérix Obélix.

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Pendant la guerre, René Goscinny chasse l'angoisse dans le dessin et la caricature

La famille rentre aussi régulièrement en France, où René retrouve la branche maternelle de la famille. Quand la guerre éclate, le père de René adhère au comité de Gaulle. Avec sa femme ils tentent par tous les moyens d'aider les membres des familles Beresniak et de la branche Goscinny, restés en Europe. "Ils envoient des colis, toujours des envois utiles, comme des boîtes de sardines", explique Anne Hélène Hoog. "C'était très malin de leur part, car c'était une nourriture riche, qui se conservait et qui était très recherchée, que la famille pouvait donc aussi échanger. Ils étaient très inquiets. Depuis l'Argentine, ils savaient les risques encourus, ils avaient vu arriver les réfugiés juifs qui fuyaient le régime d'Hitler".  Le grand-père Abraham, réfugié en zone libre, meurt en 1942. Plusieurs membres de la famille Beresniak sont arrêtés, l'imprimerie est confisquée. Léon, Volodia et Maurice sont déportés à Auschwitz où ils périssent en 1942.

René Goscinny "Famille Mueller" vers 1943 (ou 1945 ?) Encre de Chine et mine de plomb sur carton
18 x 26 cm
 (Anne Goscinny. Prêt de l’institut René Goscinny)

"René a obligatoirement ressenti cette angoisse", souligne Anne Hélène Hoog. "Il dessine, fait des caricatures. Il a d'ailleurs un bon trait de crayon dans le registre comique. Au collège, il s'occupe du journal où il fait à la fois des textes et des dessins. Et l'on peut déjà reconnaître, ce qui fera son style, l'humour qu'on lui connaît, le comique de situation, et l'humour qui passe par la langue, par les mots", relève Anne Hélène Hoog. René Goscinny a continué à écrire et à publier pour le journal même après le collège. Il est resté jusqu'à 1947 membre de l'association des anciens élèves de son collège. En 1943, le père de René Goscinny meurt brutalement. René et sa mère Anna doivent travailler.

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Goscinny était fasciné par Walt Disney

En 1945, Anna et René quittent l'Argentine et émigrent aux États-Unis. René Goscinny est fasciné par Walt Disney, par la fluidité du dessin et il espère faire une carrière de dessinateur dans le cinéma d'animation. Mais il faut vivre, et il entre dans une agence de publicité à New York.

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René Goscinny a perdu 20 kg dans l'infanterie alpine à Aubagne et son oncle lui a imprimé un faux livre illustré de Balzac pour conquérir l'Amérique

En 1946 il a le choix entre faire son service militaire en France ou aux États-Unis. Il choisit la France. "C'était aussi une manière de renouer avec la famille", explique la commissaire de l'exposition. "On ne mangeait guère. J'ai perdu 20 kg en trois mois. D'ailleurs, c'est bien simple : pour vous dire à quel point c'était, ils m'ont changé d'uniforme. Et quand on fait ça dans l'armée française, c'est vraiment un cas extrême. Il faut vous dire que moi, je faisais demi-tour, et l'uniforme ne bougeait pas. Alors, ils en avaient marre de voir un gars avec la cravate dans le dos". Pendant qu'il fait son service, Goscinny fait des allers-retours à Paris où Serge Beresniak dirige l'imprimerie familiale. Serge Beresniak lui a d'ailleurs imprimé un faux ouvrage illustré, "La fille aux yeux d'or", de Balzac, pour faire croire aux éditeurs américains qu'il était publié en France. Cette gentille arnaque ne suffit pourtant pas à lancer sa carrière aux Etats-Unis. 

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A New York, Goscinny est dans la galère mais il rencontre Kuntzman, Jijé, et Morris

En 1947 René Goscinny revient à New York et survit péniblement en illustrant des livres pour la jeunesse. C'est aussi l'époque où il fait des rencontres fondatrices, avec Harvey Kurtzman, le créateur de "Mad", avec Jijé, pilier de la BD belge. Et Morris.

René Goscinny Autoportrait à la table à dessins 1948 Encre de Chine noire, gouache grise sur papier, 19,7 x 16,5 cm 

"Mais sa carrière ne démarre pas. On voit bien à travers ce portrait qu'il a fait de lui-même qu'il est coincé dans un style très raide, dans un dessin compassé. Ce sont pour lui des années difficiles. C'est une période de doutes, de flottement", souligne Anne Hélène Hoog. En 1951, René Goscinny quitte New-York pour la France. Il a 25 ans. 

John Severin, "départ de Goscinny en barque, New York, 1951
 (Archives Anne Goscinny)
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Goscinny est devenu scénariste parce qu'il a trouvé des dessinateurs meilleurs que lui

À son arrivée en France, Goscinny continue à tenter de publier ses propres histoires illustrées. Parallèlement il commence à travailler pour l'agence World Press, qui publie Spirou et d'autres titres de Dupuis. Il collabore avec de nombreux dessinateurs. "C'est pendant cette période qu'il apprend son métier de scénariste. Il apprend à travailler avec des gens différents, passant d'un genre à un autre, d'un registre à un autre, ce qui lui demande de la flexibilité. Il apprend aussi l'art du découpage. Cette période, entre 1951 et la fin des années 50, est la période de gestation, celle où il rencontre Jean-Michel Charlier et Albert Uderzo. Il publie ses derniers albums en solo en 1956 et creuse ses collaborations qui deviendront les piliers de son œuvre : Uderzo, Morris, Sempé, Tabary. "Ils ont vraiment grandi ensemble", explique Anne Hélène Hoog.

Albert Uderzo, Oumpah-Pah le Peau rouge  Maquette complète de couverture pour l’édition originale de l’album 1961 Crayon, encre de Chine et aquarelle OUMPAH-PAH® 
 (2017 LES EDITIONS ALBERT RENE / GOSCINNY – UDERZO)

"Avec Uderzo par exemple, ils se cherchent. Ils commencent avec Oumpah-Pah. Au fil des albums, puis avec Astérix, on assiste à la naissance d'un style, d'un rythme, d'une narration particulière. C'est un récit séquentiel, en album de 48 pages. On peut observer dès les premiers albums, "Astérix le Gaulois" et "La serpe d'or", les ingrédients qui vont faire recette : les chutes verbales, le rythme, la répétition, et un dessin qui devient plus précieux, beaucoup plus renseigné, beaucoup plus dense. On voit qu'ils ont bûché pour arriver à un truc à la fois drôle et très informé, une fiction réaliste avec une grande rigueur dans le découpage. On peut également observer le dessin d'Uderzo évoluer avec la collaboration avec Goscinny", souligne Anne Hélène Hoog. "Pour Lucky Luke, c'est pareil. À partir du moment où Goscinny signe le scénario, Lucky Luke devient plus drôle". 

René Goscinny (scénario) et Albert Uderzo (dessin) Astérix le Gaulois planche n° 1 1961 
 (Éditions Albert-René)
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Goscinny, un précurseur

Avec des gens comme Charlier, Uderzo, c'est une nouvelle génération qui émerge dans la bande dessinée. Ils ont une autre idée de la BD, qu'ils veulent sortir de la case "bon enfant", ils veulent raconter des histoires comme la grande littérature, imposer la BD comme une expression artistique à part entière", explique Anne Hélène Hoog.

"René Goscinny avait le sentiment qu'il fallait élever le public", ajoute-t-elle. René Goscinny a participé à ce mouvement des années 50 et 60 qui a fait bouger le statut de la bande dessinée. Il est l'un des scénaristes à avoir oeuvré pour sortir la bande dessinée du cadre très codifié et encadré par la loi de 49 sur les publications destinées à la jeunesse. "Il a su parfaitement satisfaire un lectorat enfantin avec des histoires d'une remarquable qualité, tout en s'ingéniant à dépasser la commande, parsemant ses scénarios de références et de d'allusions que seuls des adultes peuvent comprendre", explique Jean-Pierre Mercier dans le catalogue de l'exposition. 

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"Pilote", son journal idéal

"Goscinny avait une vision de ce que devait être un journal idéal", explique Anne Hélène Hoog. "Avec Charlier, Uderzo, Raymond Joly, ils voulaient autre chose, une approche différente de la bande dessinée". En 1959, ils créent Pilote, un journal qui s'adresse à la jeunesse dans lequel on peut trouver à la fois de la BD et de l'actualité.

Pilote, N°325 13 janvier 1966

À partir de 1963 (le journal a alors été racheté par Dargaud), Goscinny et Charlier recentrent le contenu du journal sur la bande dessinée et invitent une nouvelle génération d'auteurs comme Giraud, Gotlib, Fred, Cabu, Brétecher, Gébé, Raiser... Goscinny dirige le journal jusqu'en 1974.

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Les secrets de Goscinny pour faire rire tout le monde, et pour l'éternité

Cinq cents millions de livres et d’albums vendus dans le monde, des œuvres traduites en cent cinquante langues, une centaine d’adaptations cinématographiques… Pourquoi l'œuvre de Goscinny, et quasiment tout ce qu'il a touché, a-t-il connu un succès phénoménal et impérissable ? Toute l'exposition répond à cette question, en accompagnant le visiteur aux sources du génie de Goscinny, "cet aventurier de la pensée et de l'image". Ce parcours plonge dans ce mélange de cultures, d'exigence, et cet humour unique et polymorphe, dont la dernière partie de l'exposition tente de décortiquer la mécanique.

René Goscinny (scénario) et Morris (dessin), avec un assistant de Morris (dessin) Lucky Luke : La Ballade des Dalton, 1978 pl. n°105-108 Encre de Chine sur papier 
 (Mediatoon)

"Il y a d'abord la force des caractères, des personnages et aussi les apartés, notamment avec les personnages d'animaux. Et puis il y a surtout cette créativité très renseignée. Goscinny était très attentif à l'histoire, à l'image de l'histoire. Il a travaillé sur les clichés. Goscinny a grandi dans les écoles de la République, et donc il a baigné dans cette culture farcie d'images populaires qui fonde la nation française. Il était très attaché à la crédibilité de l'histoire, pour pouvoir mieux la retourner", explique Anne Hélène Hoog.

René Goscinny 
 (Anne Goscinny. Prêt de l’institut René Goscinny)

"Les histoires de Goscinny parlent à tous parce qu'il a réinjecté en les retournant tous les éléments de la culture populaire, qui parlent à toutes les classes de la société. On a tous les clés. Goscinny ne prend jamais les choses au premier, ni au deuxième, ni même au troisième degré. Cet art de retourner les clichés, de retourner les mots, qu'il a partagé avec Gotlib, Kuntzman, c'est très juif, c'est une façon de regarder les choses qui est commune aux immigrés, et qui rejoint aussi l'humour par exemple des Marx Brothers".

"Il y aussi l'usage de la langue, et des évocations littéraires. Goscinny, c'est une façon d'être au monde, qui plonge dans l'immodération, dans les excès de l'enfance", explique Anne Hélène Hoog. "Avec Le petit Nicolas, il s'inscrit dans la tradition de la littérature pour la jeunesse, mais il la place du côté du désordre, c'est pas rangé, et c'est plein du charme de l'enfance, de l'excès, de la quête des limites, avec ce sens du langage. Avec simplement une façon d'employer les adverbes et de placer la ponctuation, il invente une langue désopilante".

Jean-Jacques Sempé Dessin pour Le Petit Nicolas fait du sport 2014Encre et aquarelle sur papier
 (© IMAV éditions /Goscinny – Sempé)

"Goscinny a exploré tous les registres de l'humour : le comique de situation, le jeu sur la langue, les calembours… Il y en a pour tout le monde, avec différents niveaux de lecture", souligne Anne Hélène Hoog.

"Le rire est une anesthésie momentanée du cœur", disait Bergson, rappelle Anne Hélène Hoog. C'est exactement ce que Goscinny nous invite à faire, avec génie. Et c'est un bonheur de plonger dans cette magnifique et émouvante exposition du Musée D'art et d'Histoire de Judaïsme.


"René Goscinny au-delà du rire"
Musée de l'Histoire et de l'Art du Judaïsme
Du 27 septembre 2017 au 4 mars 2018

"René Goscinny au-delà du rire", Catalogue, ouvrage collectif
(Hazan/Mahj - 240 pages - 35 €)

Une autre exposition consacrée à René Goscinny, "René Goscinny et le cinéma", ouvre ses portes à la cinémathèque le 4 octobre 2017.

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