Cherbourg aime la BD avec son festival ce week-end, ses expositions et une fantastique série rétrofuturiste, "New Cherbourg Stories", qui réinvente la ville
Le 37e Festival du livre de jeunesse et de bande dessinée se tient en ce moment même et jusqu'au dimanche 26 mai à l'Espace René Le Bas dans l'imposant ancien hôpital militaire de Cherbourg. Ce n'est pas le plus grand festival de France, mais des auteurs talentueux y dédicaceront leurs albums.
Parmi eux, Pierre Gabus et Romuald Reutimann qui sont les créateurs de New Cherbourg Stories. Ces deux-là ont reçu le prix de la série en 2012 au Festival d'Angoulême pour Cité 14 réalisée en 600 pages.
En 2017, ils partent sur un nouveau projet. Une autre série qu'ils feuilletonnent façon comic books avec des couvertures éclatantes. Les fascicules sont distribués chez les marchands de journaux et les boutiques spécialisées. Pierre Gabus et Romuald Reutimann déposent eux-mêmes les exemplaires dans ces points de vente. Ils ne sont pas encore publiés par une grosse maison d'édition, ce que fera Casterman trois ans plus tard en 2020.
Avant, il y aura la publication dans la presse locale, le journal La Manche, avec deux planches tous les dimanches. On pourrait parler de circuit court. Le public – les Cherbourgeois – est séduit, la série fonctionne.
New Cherbourg Stories est une BD chorale avec une multitude de personnages dont les aventures s'imbriquent, se complètent ou s'entrechoquent. Passant du polar à la série d'espionnage, de l'humour au fantastique, le récit mélange les genres avec une unité de lieu : Cherbourg. Enfin, une cité normande quelque peu remaniée par Pierre Gabus au scénario et Romuald Reutimann au dessin.
Les deux auteurs nous plongent dans un univers rétrofuturiste situé autour des années 1930. Cherbourg est fantasmée. La cité, avec sa gare transatlantique, qui fut la dernière escale du Titanic, fait face à l'Amérique. Elle prend l'allure de grandes villes américaines façon New York.
La science y a toute sa place avec des sous-marins, des robots et des scaphandriers vintage. Le fantastique s'immisce dans le récit avec des formes intelligentes de vie marine mollement humanoïdes, les Grondins, ou plus abstraites comme les Zouides.
Le cinquième tome vient de paraître aux éditions Casterman. Si vous ne connaissez pas la série, commencez par le premier album. Les auteurs s'y amusent avec des clins d'œil à l'histoire locale et plus largement à la BD comme ces pages de garde inspirées des albums de Tintin. La série est un hommage à cette cité ouverte sur la mer et ses mystères, à l'ambiance si particulière qui aurait pu plaire à Jacobs pour une aventure de Blake et Mortimer.
Une ville BD donc qui s'illustre aussi par ses expositions. Tous les deux ans, la Biennale du 9e art célèbre la bande dessinée avec de larges expositions au musée Thomas Henry en centre-ville. La dernière en 2023 était consacrée à Nicolas de Crécy, l'auteur du Bibendum céleste et de New York-sur-Loire. Avant, la biennale avait entamé un remarquable cycle sur la BD américaine avec des auteurs majeurs comme Winsor McCay en 2017, Jack Kirby en 2019 et Will Eisner en 2021.
La prochaine exposition est attendue en 2025, le nom de l'artiste célébré n'est pas encore connu. Ce serait un auteur étranger résidant en France. En attendant, vous pouvez aller à l'espace culturel Hippolyte Mars pour l'exposition Sortir des cases. Issue du fond de l'artothèque de Cherbourg, elle est originale par son approche. Sortir des cases retrace quarante ans de production d'estampes de bande dessinée. Des œuvres signées par de grands noms comme Jacques Tardi, François Schuiten ou Brecht Evens. Faîtes vite, elle se termine le 2 juin.
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