: Vidéo Travaux du Grand Paris : des habitants dénoncent des dommages

Des pelleteuses et des grues encerclent depuis des années l'immeuble du Trident situé à Boulogne-Billancourt, au Sud-Ouest de Paris où vit Sébastien Vaast depuis huit ans.

Son balcon donne sur ce trou béant qui accueillera bientôt l’une des gares du métro. Depuis quatre ans, il dit sentir son appartement trembler par moment et constate ses murs et son plafond se lézarder.

"Dès qu’ils ont commencé à taper, ça a commencé à vibrer. Y’avait des fissures qu’on n'a pas constatées lors de l’achat et qui sont maintenant présentes. Je ne vois pas comment on ne peut pas associer les travaux avec les problèmes que l’on a aujourd'hui."

Des fissures qui interrogent

Un chantier qui affecterait l'immeuble dans son ensemble selon lui. Les travaux du métro feraient bouger toute la structure du bâtiment.

"On peut constater que le joint de dilatation s’affaisse et ça lié au fait que l’immeuble s’est affaissé d’1,5 cm. On voit que c'est la partie où il y a mon immeuble qui s’est désolidarisée du hall D".

Des constatations recensées dans un rapport d'huissier. Ce dernier rédigé il y a six mois fait état de fissures, d'écarts de jointures et d’un descellement du sol chez dix autres propriétaires qui demandent réparation.

Contactée, la Société du Grand Paris, en charge des travaux, reconnaît que des tassements des sols ont pu survenir, mais qu’il revient aux experts de déterminer s’il existe un lien avec les travaux.

A Cachan, située 15 km plus loin, ce lien a été établi par un expert judiciaire indépendant. Chez ce propriétaire, ce sont les canalisations qui ont été endommagées par les travaux du métro.

On s’est rendus compte que les deux tiers de la canalisation sont remplis de béton.

Un habitant de Cachan

à l'Œil du 20 heures

Ils ont injecté du béton dans les cavités sous notre maison, qui est remonté par le biais d’une fissure. Elle est sans doute remontée dans nos canalisations".

Ici la Société du Grand Paris va dédommager ce propriétaire. Elle a accepté d'indemniser le coût des réparations à hauteur de 8 550 euros. Un montant que cet habitant conteste.

"Ça parait pas énorme d’autant que nous avons fait établir des devis contradictoires. Une entreprise nous le chiffre à plus de 12 000 € ici et une autre entreprise qui nous le chiffre à 17 000 € pour la reprise uniquement de notre partie".

Le montant du préjudice des dégradations causées par les travaux serait-il sous-évalué ?

En 2017 un rapport de la Cour des Comptes comparait les travaux du métro parisien avec un chantier similaire à Londres. Dans la capitale britannique, la moitié du budget des travaux avait été provisionnée pour parer aux risques techniques. Sur le chantier parisien, ce n’est pas 50 mais 20% du budget. Pour la Cour des Comptes, ce seuil était alors jugé "insuffisant".

"Les provisions pour aléas et imprévus étaient très inférieures à ce qui est recommandé pour des travaux de cette nature."

La Société du Grand Paris précise que le montant des indemnisations est fixé par des experts indépendants et que sur 200 procédures de réclamation depuis cinq ans, seules 30 étaient fondées.

Parmi nos sources (liste non-exhaustive) :

Le rapport de la Cour des Comptes de 2017