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Quand les heureux gagnants de la mystérieuse chasse au trésor de street art parisienne remportent une brassée de NFTs

La start-up Stendhal organisait mardi 20 juillet une chasse au trésor de street art dans les rues de Paris. Rencontre avec les deux gagnants et l'une des 13 street artistes.

Article rédigé par franceinfo Culture - Marine Ritchie
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 8min
Adrien et Antoine, les gagnants de la chasse au trésor (Marine Ritchie)

Les chasses aux trésors, “c’est ma grande passion, je ne fais que ça de ma vie”, s’exclame Adrien Picos, un étudiant de 19 ans. La veille, mardi 20 juillet, avec son copain de lycée Antoine Marchal Dombrat, il a gagné celle de Paris Decrypt the Street(h) organisée par la start-up Stendhal dans les rues de Paris. 

Treize œuvres de street art créees pour cette chasse au trésor ont été cachées dans Paris. Les participants ont couru les rues de la capitale pour tenter de les trouver à l’aide d’énigmes. A la clé, une récompense en cryptoactif : les treize œuvres en NFT et deux Ethereums (une cryptomonnaie), d’une valeur totale d’environ 10 000 euros ! Ce sont Adrien et Antoine qui ont réalisé la prouesse de repérer les œuvres en une demi-journée. 

Bien plus rapides que ce qu’imaginaient les organisateurs, les deux étudiants ont mis six heures trente pour dénicher les œuvres. Alors qu’Adrien est un grand passionné depuis ses 14 ans, c’était la première chasse d'Antoine. Les deux amis ne s’étaient pas vus depuis deux ans quand Adrien a envoyé un message à  Antoine le 17 juillet pour lui souhaiter un joyeux anniversaire. Au fil de la discussion, il lui propose de former un binome. “Je ne pensais pas du tout gagner. Je pensais que ça allait juste être une petite chasse au trésor pour le fun” s'étonne Antoine. 

Les neuvième et dixième oeuvres de la chasse aux trésors  (Marine Ritchie)

Une course "palpitante"

Les garçons ont fait preuve d’une réelle organisation. Les énigmes qui permettaient de trouver les emplacements des œuvres étaient révélées à midi tapante. Ils se sont donc retrouvés une demi-heure plus tôt dans le centre de Paris, armés d’un ordinateur portable et de batteries externes pour leur téléphone. Les énigmes ont été publiées sur l’application Wallkanda, de la start-up bordelaise Sthendhal. Une fois les énigmes résolues, les participants devaient se rendre sur place pour scanner chaque œuvre et y trouver les mots clés. 

Andrien et Antoine ont résolu l’ensemble des énigmes en à peine une heure. Ils ont ensuite déterminé le parcours en se répartissant les œuvres pour aller le plus vite possible et en communiquant par téléphone pour se tenir au courant. “J’étais trop surpris” confie Antoine, “J’ai trouvé ça super chouette, je ne voyais pas le temps passer, c’était vraiment palpitant. Ça m’a donné envie d’en refaire”.  

Adrien Picos et  Antoine Marchal Dombrat devant les septième et huitième oeuvres du parcours, 9 rue de l'Espérance.  (Marine Ritchie)

La street artiste Emyarts et sa "Renaissance"

Les œuvres qui ont jalonné la chasse au trésor ont souvent été réalisées dans des quartiers, des rues, où le street art est très populaire. Pas évident donc de trouver l'œuvre recherchée au milieu de toutes les autres. “Avec la première par exemple, ce n’était pas simple” se rappelle Antoine. “Il y avait deux murs complets, donc il fallait scanner plein d’œuvres ou alors procéder au feeling”

Cette première œuvre, Renaissance, où le visage d'une femme est lié à un phœnix, est celle de l’artiste Emyarts. La jeune femme de 29 ans s’est lancée dans le street art après une formation de designer en haute joaillerie. Elle est l'une des rares street artistes à utiliser le pastel à huile. 

L'artiste Emyarts en pleine réalisation de son oeuvre "Renaissance" pour la chasse aux trésors Paris Decrypt the Street(h) (Alex Leblond)

Le lendemain de la chasse, Emy est de retour devant sa création réalisée sur un mur destiné aux graffs, sur les quais de Seine près de l'Hôtel de Ville. Alors qu'elle raconte son parcours, plusieurs personnes s’approchent de l'œuvre, la touchent ou posent pour une photo en s’adossant dessus.

Emy observe ces comportements d’un sourire un peu crispé mais explique : “je ne le fais pas pour que ça reste éternellement. Le principe du street art, c'est d’être éphémère”. Emy dessine directement sur les murs et cherche à intégrer son oeuvre dans le paysage urbain. C'est aussi, pour elle, une façon de donner “une deuxième vie au lieu. Je choisis souvent des murs un peu dégradés, usés par le temps”

Au fait c'est quoi les NFTs et les Ethereums ?

Adrien et Antoine se sont retrouvés à la fin de la chasse pour entrer les mots clés dans l'application. Ils ont dû s’y reprendre à plusieurs fois avant que la victoire ne s’affiche sur leur écran... et qu’ils se retrouvent les heureux propriétaires de deux Ethereums (une cryptomonnaie) et de treize œuvres de street art en NFT. 

Quand on évoque cette récompense, les deux amis éclatent de rire. “Je n’ai jamais touché à une cryptomonnaie de toute ma vie !” s’esclaffe Adrien. “On ne sait même pas ce que c’est, des NFTs !” ajoute Antoine. Le premier tente de l'expliquer : “A priori, il y a deux versions de l’œuvre. Une que détient l’auteur et une pour nous. On peut la revendre et plus l’auteur est connu, plus elle sera cotée et plus on pourra gagner d’argent”.  

L’artiste Emyarts conçoit les NFTs comme un “contrat. Ce n’est pas un simple copié-collé de mes publications Instagram. C’est un fichier qui a de la valeur, comme un “print” que je ferais d’une œuvre, signée et vendue à quelqu’un”. Elle fait partie depuis un an des artistes urbains référents de Wallkanda, le site de Stendhal spécialisé dans le street art. Selon elle, pour l'art urbain, c'est vers les cryptomonnaies et les NFTs “que ça va se jouer dans le futur”. 

L'artiste Emyarts pose devant son oeuvre "Renaissance", la première des treize oeuvres de la chasse aux trésors parisienne (Marine Ritchie)

Un moyen de pérenniser les œuvres 

Florent Thurin est à la tête de Stendhal et a organisé avec l’aide de Background Paris (une agence évènementielle consacrée au Graffiti) la chasse au trésor : “un petit succès” selon lui. Il y a eu 350 téléchargements de l’application la veille de la chasse. Différents publics se sont retrouvés lors de cet événement : des passionnés de chasses aux trésors comme Adrien, des fans de street art ou des amateurs de cryptomonnaie et de NFTs. Il souhaite que ces “nouveaux outils numériques soient un moyen pour les artistes de mieux vivre de leur art et de pérenniser leurs œuvres, avoir une trace de leur passage”. Les NFTs permettent de “réintroduire la notion de propriété privée dans le digital”.  

Stendhal avait déjà organisé une chasse au trésor de street art à Bordeaux en mai dernier, plus complexe puisqu’il n’y a toujours pas de gagnant à ce jour. Adrien, grand passionné, avait déjà tenté de la résoudre une première fois mais avait abandonné face à la difficulté des énigmes. Mercredi 21 juillet, le lendemain de sa victoire parisienne, il se remettait déjà au décryptage de la chasse bordelaise, cette fois avec l’aide d’Antoine.  

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