Ernest Pignon-Ernest hante les murs et les esprits depuis 50 ans
La galerie d'art Albert Bourgeois de Fougères et la l’école communautaire d’arts plastiques propose chaque année un thème de réflexion et d'exposition, La thématique 2015-2016 se tourne vers sur l’art dans l’espace public comme des "Détour des rues". Premier acte de ce cycle : Ernest Pignon-Ernest, inventeur du street-art dans les années 60.
Reportage : JM. Pron / G. Raoult / H. Notat
"Ce sont des éditions d’art à tirage limité. Ernest Pignon-Ernest y reprend ses œuvres visibles dans les rues, en y incluant d’autres dessins, des photos des œuvres elles mêmes in-situ" explique Mélanie Launay, médiatrice à la galerie.
50 ans d'art éphémère
Depuis cinquante ans, il fait de la rue son atelier, en placardant des personnages actuels ou antiques sur les murs, Ernest Pignon-Ernest est l’un des artistes français contemporains les plus importants. Collages éphémères, dessins en noir et blanc ou visages aux traits du Caravage, l'exposition de Fougères évoque "six parcours artistiques du dehors". Des débuts inspirés par le visage éternel d'Arthur Rimbaud aux corps délaissés des SDF dans les rues, l'art de Pignon-Ernest tend la main aux isolés et s'engage politiquement.La rébellion et Rimbaud
Poupon et rêveur, le visage de Rimbaud s'impose dès 1978 comme le porte-drapeau d'une génération en quête d'idéaux éternels. Sérigraphiée en milliers d'exemplaires sur un simple papier journal, cette image porte en elle à la fois la fragilité et la force d'un regard déchiré. "Il a collé ce portrait de Rimbaud sur les traces de la révolution (révolte des adolescents en 1872 Ndlr), les tags, les affiches c'est tout ce qui symbolise les jeunes", explique Laurence Briand la directrice de la galerie.Expulsés, laissés pour compte, isolés : la rue est à vous !
La série des "expulsés" est née de l'histoire personnelle de ses parents qui en 1978 doivent quitter leur logement à Nice. Au même moment à Paris, on détruit les immeubles, la ville n'est plus qu'un immense chantier de murs éventrés où les papiers peints se déchirent. Traces de vie, âmes persistantes, Ernest Pignon-Ernest crée des errants dans les rues de la capitale, sur les cabines téléphoniques et met en lumière les oubliés de tous.Naples et le Caravage
"Au début il y a un lieu, un lieu de vie sur lequel je souhaite travailler. J’essaie d’en comprendre, d’en saisir à la fois tout ce qui s’y voit : l’espace, la lumière, les couleurs… et, dans le même mouvement ce qui ne se voit pas, ne se voit plus : l’histoire, les souvenirs enfouis, la charge symbolique…", dit l'artiste à propos de sa démarche.Cette charge symbolique, ces couleurs passées, ces corps déchirés s'expriment pleinement dans la série "Naples". Entre 1988 et 1995, l'artiste aux origines niçoises vient retrouver cette familiarité ancienne, essentielle, qu'il évoque comme "’un retour au ventre de la terre". Inspirées du Caravage, ces images interrogent les mythes, la mort et la maladie.
François Morel lit Rimbaud
Petit bonus pour l'exposition de Fougères, le visiteur pourra s’asseoir tranquillement devant l’une des œuvres (un portrait de Rimbaud) en écoutant, à l’aide d’un casque audio, deux poèmes du poète dit par François Morel : Roman et Sensation.Exposition Ernest Pignon-Ernest à la Galerie Albert Bourgeois de Fougères
Du mercredi au samedi : de 14h à 18h
La galerie est fermée le 1er mai.
Entrée libre
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