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Au centre Spacejunk de Bayonne, des artistes livrent leur vision engagée de l'actualité

Le centre d'art Spacejunk de Bayonne met à l’honneur le regard de cinq artistes issus du street art. Ils portent la contestation à travers un art engagé. 

Article rédigé par Chrystel Chabert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3 min
La série de fresques signée Ernest Pignon-Ernest consacrée aux maladies professionnelles. Centre d'art Spacejunk Bayonne - Mars 2022 (France 3 Bayonne)

Art engagé, c’est le titre de cette exposition qui regroupe jusqu’au 19 mars au centre d'art Spacejunk de Bayonne les œuvres de cinq artistes : Dondi White, Ernest Pignon Ernest, Goin, Lee Quinones et Shepard Fairey. Chacun à leur façon, ils se sont emparés de l’actualité qu’elle soit politique ou sociale, pour dénoncer inégalités, abus de pouvoir, faits divers, injustices.

Les supports et les techniques changent mais l’idée de contestation est toujours là. "On n’est pas sur un artiste qui a son univers créatif et qui ne va pas en sortir commente Louise Martin, médiatrice et chargée du développement des publics au centre Spacejunk. On est sur un artiste qui va réagir, interagir avec l’actualité, qui va utiliser ça comme un support pour ses œuvres. Il va se mettre au service de la société et des personnes qui auraient envie de porter une voix." 

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Expo Art engagé Bayonne {} (FTR)

Parmi les cinq artistes exposés, certains sont connus du grand public à l’image d'Ernest Pignon-Ernest. Considéré comme un défricheur de l’art urbain, l’artiste porte depuis toujours un regard acéré sur la société et le pouvoir. À Bayonne, à travers des silhouettes masculines en souffrance, l’artiste virtuose du dessin aborde les questions liées à la reconnaissance des maladies professionnelles. 

Goin, droit au but

Le street artiste Goin a lui aussi défrayer la chronique avec ses pochoirs très "cash". Un des plus connus est certainement cette Marianne à terre matraquée par deux policiers. Créée en 2016 dans le cadre d'un festival de street art subventionné par la mairie de Grenoble, cette œuvre avait suscité la colère des syndicats de police et du ministre de l’intérieur de l'époque, Bernard Cazeneuve. Sur le bouclier d’un des policiers, il est écrit 49.3 (pour rappel : le 5 juillet 2016, le Premier ministre, Manuel Valls avait annoncé  le recours à l’article 49, alinéa 3, de la Constitution pour faire adopter la loi sur la réforme du code du travail sans passer par le vote du Parlement).

"C’est une dénonciation directe de cet article utilisé par le gouvernement pour faire passer des décisions plutôt impopulaires explique Louise Martin. Un article qu’on utilise un peu trop au goût de Goin". Militant et activiste, l’artiste, qui se présente toujours le visage masqué, utilise l’art urbain comme porte-voix de la contestation.  "La rue nous appartient, dit-il, rien de plus réel que de dénoncer les murs de nos villes, la proximité avec l'auditoire est une arme". 

Louise Martin, médiatrice au Centre culturel Spacejunk de Bayonne devant l'oeuvre de Goin réalisée en 2016 lors du Street Art Fest de Grenoble. (France 3 Bayonne)

Obey, créateur du portrait d'Obama

Autre figure engagée du street art : Shepard Fairey. L’artiste qui signe ces œuvres du nom d’Obey est devenu célèbre en réalisant Hope, ce portrait de Barack Obama réalisé pour la campagne présidentielle de 2008. Influencé par Andy Warhol, le street artiste propose des œuvres très travaillées, fourmillant de détails et d’un esthétisme raffiné. Mais le message est toujours clair, engagé, dénonçant la politique, la folie des hommes et les guerres qu’elle déclenchent. Un sujet intarissable comme le prouve l’invasion de l’Ukraine par la Russie de Poutine. 

Après Bayonne, cette exposition collective va se déplacer dans deux autres centres d’art Spacejunk basé à Lyon et Grenoble. Derrière ce nom se cache un réseau national de trois centres d’arts dédiés aux cultures urbaines. Le concept a été créé à Grenoble en 2003 pour proposer un véritable centre d’expression aux plasticiens des cultures émergentes (lowbrow, pop surréalisme, street art…) et pour les rendre accessibles au plus grand nombre. Chaque saison, cinq expositions sont proposées. 

Art engagé - Exposition collective, jusqu'au 19 mars 2022. Centre d'art Spacejunk, 35 Rue Sainte-Catherine, Bayonne. Ouvert du mercredi au samedi, de 13h à 18h. Après Bayonne, cette exposition sera présentée au Spacejunk Lyon, du 31 mars au 21 mai 2022 et au Spacejunk Grenoble, du 3 juin au 30 juillet 2022.

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