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A Saint-Palais-sur-Mer, le street art sur les blockhaus ne fait pas l'unanimité

Véritable toile à ciel ouvert, ces vestiges allemands de la seconde guerre mondiale édifiés sur la côte atlantique inspirent de nombreux street artistes. Une démarche qui ravit certains promeneurs mais qui inquiète les défenseurs du patrimoine. Ils craignent la perte de sens de l'Histoire.

Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Les blockhaus de la plage de Saint-Palais-sur-mer (Charente-maritime) nouveau terrain de jeu du street art (France 3 Nouvelle Aquitaine)

Ils jalonnent la côte de Biarritz au Touquet, les bunkers du Mur de l'Atlantique sont aussi une source d'inspiration infinie pour les artistes. A Saint-Palais-sur-Mer, en Charente Maritime, les œuvres d'un street artiste (anonyme) sur deux blockhaus suscitent bien des réactions. 

Street art sur blockaus
Street art sur blockaus Street art sur blockaus

Une nouvelle âme

Ce visage inédit qui vient donner des couleurs au béton des blockhaus de la plage est accueilli avec intérêt par les touristes en visite dans la région. "Ça leur donne une nouvelle âme", constate un promeneur quand d'autres curieuses partagent le même enthousiasme. "Ça donne une nouvelle vie à quelque chose qui est quand même triste, c'est plus réjouissant", affirment-elles.

Protégés au titre de Site de patrimoine remarquable, ces blockhaus sont fréquemment tagués ou graffés. Pour l'élu en charge du patrimoine de la station balnéaire c'est aussi une façon de provoquer l'intérêt touristique. "Ce qui m'importe ici, c'est que l'on ait un équilibre, qu'on puisse les ouvrir comme terrain artistique et que le patrimoine ne soit pas endommagé ou détruit", explique Stéphane Magrenon, conseiller municipal et délégué au patrimoine de la Ville de Saint-Palais-sur-Mer.

Détail du bunker entièrement peint à la bombe (France 3 Nouvelle Aquitaine)

Lieu de mémoire

Du côté des protecteurs des vestiges, qui veillent à leur restauration, on reconnait la qualité de l'œuvre artistique mais on craint que l'on oublie l'histoire de ce patrimoine. On préfèrerait voir ces bunkers transformés en espaces de conservation et d'interprétation comme il en existe déjà en Normandie, en Bretagne et dans le Nord de la France.

"Des musées, des plaques, des panneaux explicatifs, on serait plus dans ce sens-là", assure Nicolas Chantereau de l'association Forteresse de Royan, avant d'ajouter : "si on peut avoir des œuvres d'art éphémères sur un blockhaus, c'est nullement gênant". Une disparition progressive, quasi assurée. D'ici quelques mois, suivant la qualité des peintures utilisées et les conditions météo, ces peintures éphémères devraient peu à peu s'effacer, c'est le propre du street art. 

Le mur de l'Atlantique en béton armé

Au-delà des côtes françaises, ces blockhaus qui constituent le fameux Mur de l'Atlantique s'étendent de l'Espagne à la Norvège. Erigés par l'armée allemande lors de la Seconde Guerre mondiale, les fortifications de béton avaient pour but d'empêcher une invasion du continent par les Alliés depuis la Grande-Bretagne. Au total, 10 000 soldats alliés ont trouvé la mort face aux fortifications du mur. 

En France, plus de 450 ouvrages bétonnés jallonnent le paysage.

Bunkers de la Côte d'Opale (BENELUXPIX/MAXPPP)

Si ces vestiges de l'Histoire fascinent les artistes d'aujourd'hui, ils sont aussi au coeur de l'action du film Le Mur de l'Atlantique. Il s'agit de l'avant-dernier film de Bourvil, qui meurt la même année.

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