À Poitiers, le street artiste Sad expose ses émouvants portraits d'enfants meurtris par la violence
Pour sa nouvelle série de peintures, l'artiste Saïd Boucenna, alias Sad, a décidé de se mettre à hauteur d'enfants. Son exposition-vente intitulée Shame (Honte en anglais) porte un regard sur la vie des plus jeunes confrontés à la guerre, la famine ou la violence.
Elle est à découvrir à l'espace galerie du Local dans le centre-ville de Poitiers jusqu'au 31 mai 2023.
Du street art pour parler des enfants de la rue
Lorsque l'on pénètre dans l'espace galerie du Local, l'émotion nous saisit immédiatement. Des visages d'enfants, des regards appuyés, des slogans qui nous interpellent, cette nouvelle série de l'artiste Sad ne laisse pas de marbre. Car tous ces enfants confrontés à la guerre, à la famine et aux injustices ne sont pas le fruit de son imagination.
Sad a passé de longues heures à se documenter, à chercher des références photographiques. Comme ce petit garçon d'à peine 10 ans portant une arme de guerre. "Cette image m'a parlé tout de suite, comme ces enfants sont la plupart dans la rue je me suis dit que j'allais travailler en mode street art", explique-t-il.
Défendre les droits des enfants
Enfants-soldats, enfants des bidonvilles, enfants exploités ou privés d'éducation, Sad tente de leur donner la parole grâce à ses peintures. Enseignant et éducateur spécialisé, il a eu l'occasion de cotoyer des environnements violents et des publics dits difficiles. "Les droits de l'enfant c'est un thème que je travaille beaucoup sur les projets artistiques en milieu scolaire, mais sur lequel je n'avais jamais pris le temps de travailler à titre personnel et pendant le confinement j'ai commencé à faire une toile sur ce thème", raconte Sad.
En mêlant bombes de peinture et encre de Chine, Sad illustre aussi le quotidien de milliers d'enfants qui subissent la misère. À l'image de ce jeune garçon au visage triste, assis sur des marches, qui rêverait de s'évader quelques jours. Une histoire que l'artiste connait bien. "Elle représente tous les enfants qui sont dans leur quartier et qui n'ont pas accès aux loisirs, même si aujourd'hui c'est plus simple grâce aux centres socio-culturels de partir en vacances. Elle représente bien l'enfance que j'ai vécue", confie-t-il.
De la calligraphie au graffiti
Dans chacun de ses portraits d'enfants, Sad raconte une histoire, un destin brisé, le côté sombre de la société. Car raconter des histoires, c'est le pivot de sa démarche artistique. Ancien judoka de haut niveau, Saïd Boucenna s'est illustré dans d'autres disciplines. Dès l'enfance, il a le déclic pour la calligraphie arabe.
Les lettres et l'écriture le passionnent, et puis, comme une évolution logique, il découvre le graff, la multitude de supports et de techniques. "Quand j'ai dû arrêter le sport j'ai ressorti mes plumes et mes pinceaux, j'ai été invité à participer à un salon à Niort et j'ai vendu toutes mes productions en deux jours donc je me suis dit qu'il y avait peut-être quelque chose à faire", raconte-t-il.
Les tableaux de Sad sont en vente à un prix accessible, l'artiste souhaitant que le plus grand nombre ait accès à des œuvres originales.
"Shame" exposition Sad au Local
Maison de quartier de Poitiers
16 rue Saint Pierre-Le-Puellier Poitiers
Jusqu'au 30 mai 2023
Ouvert du lundi au vendredi
Entrée gratuite
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