Guy Baudat, le sculpteur sans concession du Château des Géants
Mâle conquérant assimilé à Donald Trump, société occidentale invasive et surarmée, rapport entre les religions... Le moins qu’on puisse dire, c’est que Guy Baudat est un artiste concerné par les grandes questions qui agitent notre société. Et il n’y va pas par quatre chemins pour dire, à travers ses sculptures, tout le mal qu’il pense du monde actuel, un regard non pas "enténébré" dit-il, "mais lucide".
Un regard qui s’exprime en format XXL avec de monumentales œuvres en bronze qui ont trouvé un véritable écrin au cœur de la forteresse de Châteaubrun à Cuzion, dans l’Indre, où Guy Baudrat s’est installé en 1986. On le surnomme aussi le Château des Géants.
Reportage : J. Aubry / G. Grichois / A. Grandveau
Un artiste loin des sentiers académiques
Très tôt, les mains de Guy Baudat ont appris à façonner la matière. Issu d’une famille de potiers (la plus ancienne de France paraît-il), il a très vite appris à travailler l’argile, "à se confondre avec", dit-il. Mais Guy Baudat n’a jamais pu mettre ses pas dans ceux des autres. Elève aux Beaux-arts de Paris, il a pris soin de déserter dès qu’il pouvait les cours de sculpture pour apprendre à travailler autrement. Pas question par exemple pour lui de passer des heures sur les dessins préparatoires : "C’est une écriture dans l’espace directement, en vol libre, sans dessin. Le dessin c’est de l’aplat. Je préfère faire comme ça même si ce n’est pas académique", confiait-il en mars 2010 à TVTours.Châteaubrun, source d'inspiration pour les artistes
Les pas de cet artiste hors-norme l'ont conduit jusqu'à la forteresse de Châteaudrun. Edifiée au XVIe siècle, elle a inspiré de nombreux artistes. A commencer par Georges Sand. Très marquée par l'ambiance et la beauté des ruines, la romancière se servit de ce décor pour ses romans "Consuelo" (1842) et "Le péché de Monsieur Antoine" (1845) qui s’inspire de la vie d’un des ses occupants, Antoine de Forges.En 1930, c’est le sculpteur Lucien Brasseur qui devint le propriétaire des lieux où il resta jusqu’à sa mort en 1960. Un autre sculpteur, Paul Belmondo, venait souvent partager son atelier pour travailler. Quant à Guy Baudat, il rachète le château en 1986. La forteresse est en ruines mais il la restaure patiemment. Après quinze ans de gros travaux, l’artiste peut enfin installer ses grandes sculptures au pied du donjon, de la cour close, du porche. Un décor magnifique où Guy Baudat travaille dans "une semi-clandestinité, hors de tout système, hors de toute bibliographie, hors de tout tapage médiatique, hors de toute cote, hors des codes, hors du monde", peut-on lire sur son site officiel.
On peut visiter le site gratuitement à l’occasion des Journées du Patrimoine ou lors de visites guidées initiées par l’office du tourisme.
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