Dans un atelier lorrain, le sculpteur Hervé Beuze prépare une statue en mémoire des soldats martiniquais de la Grande Guerre

21 tonnes, 2 mètres 80 de haut et 2 mètres de diamètre. Ce sont les dimensions de ce monument aux morts qui sera installé et inauguré le 12 novembre prochain dans le village de Douaumont, détruit en 1916 lors de la bataille de Verdun. Inhabité, le site est devenu un lieu de souvenir.

C’est là, au sein du carré Outremarin, que va s’ériger la statue en mémoire des 2000 soldats martiniquais tués lors des combats. Jusqu’alors, aucun monument spécifique ne leur était dédié. Ce projet a pu voir le jour grâce à l’association du Pays d’Étain Martinique (APEM), qui œuvre pour la préservation et la promotion de la mémoire combattante. 

Symboliser l'île

Arrivé en juillet dans la Meuse, Hervé Beuze s’est installé dans les ateliers de l’entreprise Varnerot, spécialisée dans la pierre de taille, à Thierville-sur-Meuse. L’artiste travaille ici la pierre de Savonnières, connue pour son grain fin, sa facilité de taille et sa résistance. L'artiste, habitué aux gros volumes, fait cohabiter un emblème de la Martinique aux côtés de son soldat antillais, celui de la canne à sucre. "C’est une plante coupée dans les champs commente l'artiste. Si on fait le parallèle avec les soldats de la guerre, ce sont des jeunes qui sont fauchés, qui perdent leur vie mais qui plantent aussi la liberté quelque part.”

Né en 1970 à Fort de France et formé à l’Institut Régional d’Arts Visuels de la Martinique, Hervé Beuze interroge à travers ses créations les notions d’identité, de mémoire en lien avec l’île et ses habitants. Il enseigne également le Volume, au campus Caribéen des Arts à Fort de France. 

Des milliers de monuments

Rares sont les monuments aux morts dédiés à la Grande Guerre et réalisés plus de quatre-vingts ans après la fin du conflit. Celui d’Hervé Beuze viendra se rajouter aux 35 000 monuments érigés en France dans les années 1920-1925 pour honorer la mémoire du 1,4 million de soldats morts au combat. Plus de 95% des communes françaises en possèdent un.