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Clones de stars : dans les coulisses du Musée Grévin qui fête ses 135 ans

Plus de 250 statues de cire sont visibles au Musée Grévin. Minutieusement sculptées, soignées, habillées, le travail en amont est colossal. A l’occasion du cent trente-cinquième anniversaire du célèbre musée parisien, les coulisses se sont entrouvertes pour une visite privée, sous la cire du musée.
Article rédigé par franceinfo
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Donald Trump fait son entrée au Musée Grévin en janvier 2017.
 (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

Inauguré en 1882, le Musée Grévin est une idée originale de l’homme de presse Arthur Meyer. Les photographies n’étaient pas courantes dans les journaux alors le directeur du "Gaulois" a décidé de créer un lieu où seraient représentées en trois dimensions les personnalités qui font la Une de l’actualité. Avec l’aide du sculpteur Alfred Grévin et du mécène Gabriel Thomas, le lieu s’étend et devient très vite un incontournable de la capitale. Depuis 135 ans, le Musée Grévin concentre les célébrités les plus en vogue, pour le plus grand plaisir des visiteurs.

Reportage pour France 3: Valérie Gaget / Laure Bignalet / Marion Gualandi / Nicolas Dalban / Andrea Da Silva

Chaque année, ce sont près de 800 000 visiteurs qui se pressent au Musée Grévin. Si 70% sont français, les étrangers sont tout aussi ravis, puisque le lieu réunit aussi bien des célébrités nationales qu’internationales. Gandhi, Jean-Paul Gaultier, Jimi Hendrix mais aussi Zlatan Ibrahimovic, Ryan Gosling ou Madonna, tous se retrouvent, immortels dans les dédales du musée. Petits ou grands, les visiteurs éprouvent toujours le même plaisir à poser aux côtés de ceux qu’ils admirent. Comme cette passante, sous le charme : "Ce sont des personnes qu’on ne pourra jamais atteindre, là on les a près de nous. C’est tellement bien fait, c’est troublant."
  (France 3 / Culturebox)
Mais avant de pouvoir côtoyer les stars, il faut que les petites mains de l’ombre s’activent pour donner vie à ceux qui resteront sages devant les visiteurs. Un travail de titan où rien n’est laissé au hasard.

Un casting collaboratif

Depuis 2014, le musée choisit les futures célébrités qui seront représentées en deux temps. Tout d’abord via internet où les internautes sont invités à choisir leur personnalité préférée selon plusieurs catégories. Une manière de créer une intimité encore plus forte entre les visiteurs et leurs stars préférées. Le choix établi, ce sont les membres de l’Académie Grévin, dirigée par Stéphane Bern et fondée en 2001, qui choisissent la célébrité française qui sera conçue pour rejoindre les autres au sein du musée. Vient ensuite le long processus de fabrication.

Passage obligé en chirurgie esthétique

Il faut compter pas moins de six mois pour réaliser une statue de cire. On prend d'abord rendez-vous avec la personnalité choisie, où qu'elle se trouve dans le monde. L'équipe du musée Grévin prend des mesures, fait des photos, scanne le corps dans la pose choisie. Elle réalise aussi un moulage des mains. C'est ensuite dans l'atelier sculpture que le travail commence. Le visage de la personnalité est modelé en terre glaise ou en plastiline, un matériau qui a l'avantage de ne pas sécher. Il ne suffit pas de faire un portrait ressemblant, explique le sculpteur Claus Velte, le plus difficile est de donner de la vie, de l'expressivité au visage. Cette sculpture permet ensuite de fabriquer un moule en silicone, enfermé dans une chappe en plâtre. A l'intérieur, on verse un mélange de cire d’abeille chauffée à 70° et de durcisseur. Une fois le visage terminé, on place des yeux et des dents en résine sur le visage. Vient ensuite la fastidieuse et délicate phase de l’implantation des cheveux. Estelle Mutel-Buteux, la perruquière-implanteuse, prend un à un de véritables cheveux, achetés chez des grossistes spécialisés, qu'elle enfonce littéralement dans le crâne de la statue. Des jours et des jours de travail sont nécessaires pour que le rendu paraisse le plus naturel possible.
  (France 3 / Culturebox)

Les statues aux petits soins

Maquillées avec de la peinture à l'huile, les statues sont ensuite habillées sur mesure pour ressembler de manière la plus conforme possible à leur modèle. La tradition veut que la personnalité offre au musée l'une de ses tenues préférées. La mère du chanteur Mika a ainsi donné un costume bleu électrique. Une fois que la personnalité a fait son entrée au musée, la vigilance est de rigueur. Chaque jour, avant l'ouverture, l’équipe vérifie l’état des statues de cire. Réparations mineures pour certaines éraflures ou retour en atelier pour les dégâts les plus coriaces, mais aussi toilette quotidienne. Clémence Suzanne, costumière, vérifie chaque jour, ciseaux à la main, qu’aucun fil ne dépasse et que les costumes ne sont pas tâchés. Même si elle côtoie tous les jours les plus grandes stars, elle ne peut s’empêcher de confier, amusée : "C’est troublant quand il y a moins de lumière ou quand on oublie qu’on a déplacé un personnage et qu’on se retourne… Quand ils sont vraiment réussis, le regard parfois est perturbant."

Une retraite méritée

La vitesse à laquelle passent les modes oblige l’équipe du Musée Grévin à régulièrement changer les statues : qu’en est-il de ceux qui doivent quitter la lumière des projecteurs ? Un entrepôt dont l'emplacement est gardé secret rassemble tous les corps et les visages des "gloires déchues" du musée Grévin. Les corps s’entassent, mais les têtes sont minutieusement conservées dans des cartons, rangées avec précaution sur des étagères. Drôle de fin de vie pour ces figures historiques qui resteront, là, obligées de cohabiter avec d'autres au hasard des dispositions, jusqu'à la fin des temps.
C’est ainsi que, dans un hangar, on refait l’histoire...

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