Sarah Bernhardt : l’extravagance d’un "monstre sacré" dans une exposition éclatante au Petit Palais
Du demi-monde à la scène : le titre de la première partie de l’exposition consacrée à Sarah Bernhardt, Et la femme créa la star, au Petit Palais à Paris donne immédiatement idée du basculement de la vie de cette femme. Elle était courtisane, elle sera comédienne, puis star, sur les scènes du monde. Pour preuve, cette riche collection d'objets et d'oeuvres - plus de 400, dans lesquels le visiteur est littéralement plongé. Cela va des costumes de scène de la star du théâtre du 19e siècle, aux bibelots personnels extravagants de son hôtel particulier parisien, aux photos, tableaux ou affiches d’époque qui témoignent d’une fascination. Et bien plus, d'un culte.
Venue de province, Sarah Bernhardt rejoint à la fin des années 1850 sa mère et sa tante toutes deux courtisanes et installées à Paris. Elles font entrer Sarah dans le cercle de ce qu'on appelle les "demi-mondaines" dans lequel elles connaissent un grand succès. Repérée par le duc de Morny, demi-frère de Napoléon III, celui-ci la fait entrer au Conservatoire. Sarah Bernhardt est révélée en 1869 au Théâtre de l’Odéon dans Le Passant de François Coppée, où elle incarne un travesti. Regardez ce merveilleux bronze argenté du sculpteur Paul Dubois qui a servi d’inspiration au costume de Sarah Bernhardt pour la pièce, il illumine l’exposition.
Celle que l’on surnommait "La Divine", conquiert le public en 1872 dans le rôle de la Reine pour Ruy Blas de Victor Hugo. C’est le début d’années de triomphe au théâtre, qui feront d’elle, l’une des premières vedettes connues à l’international.
"Mademoiselle Révolte" à la Comédie-Française
Sarah Bernhardt a marqué l’histoire de la Comédie-Française, pas seulement grâce à ses talents de comédienne. La presse ne fait que parler de ses frasques. Insatisfaite des rôles qui lui sont proposés, elle se juge sous-employée et est surnommée "Mademoiselle Révolte". En 1880, elle subit un échec mémorable dans la pièce L’Aventurière d’Emile Augier, qu’elle a interprété à contre-cœur. Sarah Bernhardt démissionne de la Comédie-Française aussi théâtralement que dans ses rôles, en envoyant une copie à la presse de sa lettre de démission. "C’est mon premier échec à la Comédie-Française. Ce sera le dernier", écrit-elle.
De cette époque qui propulsera la comédienne au rang de star, le visiteur découvre des portraits en papier albuminé en noir et blanc d’une Sarah Bernhardt jeune, cheveux dénoués et sans artifices. On découvre aussi "La Divine" dans les costumes de théâtre de ses premières pièces, notamment la grandiose robe à perles et la couronne de la Reine de Ruy Blas mais aussi des relevés de mise en scène d’époque.
Plongée dans l’intimité de la star
L’une des sections touche particulièrement par son énergie étrange et subversive. On y trouve des objets qui ont décoré les deux hôtels particuliers de Sarah Bernhardt de 1875 à 1886 dans le quartier de la plaine Monceau à Paris. Objets éclectiques récupérés lors de tournées américaines et australiennes, ou cadeaux d’amis artistes du monde entier, ce décor fascine écrivains, journalistes et photographes.
Une sculpture d’un tigre japonais du 19e siècle noir et or monte la garde, prêt à sauter à la gorge de tout intru, ses yeux de verre pleins de colère et force. Ces objets traduisent le goût de Sarah Bernhardt pour l’étrange, notamment les animaux effrayants et fantastiques. On retrouve aussi des objets plus personnels comme les souliers, l’éventail ou les nécessaires de toilette et d’écriture de la star.
Immersion dans le théâtre du 19e siècle
L’exposition revient sur les grands rôles de Sarah Bernhardt qui ont marqué le théâtre. De Racine et Shakespeare aux auteurs phares du 19e siècle comme Victor Hugo et Alexandre Dumas fils, Sarah Bernhardt se surpasse. Victorien Sardou lui écrit des pièces sur-mesure comme Théodora et Tosca, dignes des grandes productions hollywoodiennes avec des décors historiques grandioses.
On peut admirer les maquettes et les dessins des mises en scène d’époque, des décors somptueux, mais aussi les robes et les parures spectaculaires de "La Divine", qui ont contribué à son image de diva du théâtre.
Sarah Bernhardt en peintre et sculptrice
Le visiteur découvre une face inconnue de Sarah Bernhardt : ses talents de peintre et de sculptrice. Elle se fait construire un atelier-salon monumental fréquenté par le Tout-Paris mondain. Elle y expose des autoportraits en bronze ou en marbre, à la frontière de l’objet et de la sculpture. L’un d’eux est par exemple un encrier.
Amie des artistes comme Gustave Doré, Georges Clairin, Louise Abbéma, Alfons Mucha mais aussi des écrivains comme Edmond Rostand ou Sacha Guitry, Sarah Bernhardt est celle qui a inspiré l’expression de "monstre sacré" que Jean Cocteau a inventé pour elle. Le portrait le plus connu de la comédienne peint par Georges Clairin trône de manière monumentale au milieu de l’exposition. Clairin montre la comédienne dans un somptueux déshabillé blanc à plumes sur des draperies de soie plus exubérante que jamais.
Exposition "Sarah Bernhardt. Et la femme créa la star" au Petit Palais à Paris jusqu’au 27 août 2023
Plein tarif : 15 euros
Tarif réduit : 13 euros
Gratuit : - 18 ans
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