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Revoir Paris

Du 20 novembre 2014 au 9 mars 2015, à la Cité de l'architecture et du patrimoine.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
  (© Schuiten / Casterman)

François Schuiten et Benoît Peeters, auteurs des Cités Obscures, font dialoguer leur vision futuriste de la Ville Lumière, avec une sélection de dessins d’architectes et de projets d’urbanisme conçus pour Paris depuis deux siècles.

 

La métamorphose de Paris depuis les travaux d’Hausmann, est illustrée par des documents historiques originaux confrontés aux planches de leur dernier album Revoir Paris . Aux dessins et documents originaux s'ajoute un écran circulaire de grande dimension accueillant une projection interactive en réalité augmentée.

  (© Schuiten / Casterman)
© Schuiten / Casterman

MÉTAMORPHOSES CAPITALES

Curieusement, les transformations de Paris sous le Second Empire semblent n’avoir été précédées d’aucun rêve ni d’aucun dessin préparatoire. Le projet s’est concrétisé avant même d’avoir été perçu comme visionnaire. Du plan d’ensemble, on est passé tout de suite aux expropriations et aux démolitions, puis à un vaste programme de reconstruction.

  (© Collection particulière / J. C. Doërr)
© Collection particulière / J. C. Doërr

Pendant les premières années, l’action d’Haussmann se fait avec une brutalité qui soulève la colère  des Parisiens. Surnommé « l’éventreur » de la capitale, le préfet se définit lui-même comme « artiste démolisseur». L’obsession d’Haussmann, c’est la régularisation. Toutes les voies sont désormais hiérarchisées, y compris les canalisations. Quant aux nouveaux édifices, ils sont soumis à un ensemble de règles strictes, inscrites dans des actes notariés. L’immeuble parisien du Second Empire est un système extrêmement codifié : le nombre d’étages, la forme des toits, la position des balcons, tout est déterminé avec précision. La force du programme haussmannien était telle que, pendant des décennies, les responsables de Paris se sont contentés de l’achever.

 

 

 

UNE METROPOLE EN MOUVEMENT

Au début du XIXe siècle, les passages couverts célébrés par Walter Benjamin amplifient l’espace urbain en reliant des lieux de manière imprévue. Et les grands magasins, qui prennent leur succession, offrent le long des trottoirs des vitrines plus rutilantes les unes que les autres, animant la nuit de leurs enseignes. C’est aussi le temps des chemins de fer. Les gares favorisent la naissance de nouveaux quartiers, mais en faisant pénétrer les voies ferrées jusqu’au cœur de Paris, elles génèrent des vides immenses et souvent lugubres. Contrairement à Londres, Paris n’accepte le principe du métropolitain qu’après de longues polémiques.

 

  (© Schuiten / Casterman)
© Schuiten / Casterman

L’approche de l’Exposition universelle de 1900 donne enfin l’impulsion décisive. Contemporaines de la vogue de l’Art nouveau, les entrées de stations sont décorées dans un style flamboyant par Hector Guimard et prennent place dans l’imagerie parisienne. Le réseau progresse rapidement et dix lignes sont déjà en service en 1914. Pionnier de l’urbanisme, Eugène Hénard se refuse pour sa part à voir dans le métro une solution suffisante aux problèmes de circulation. Dès les premières années du XXe siècle, alors que les rares automobiles se mêlent aux voitures à chevaux et aux tramways, il affirme que leur nombre obligera bientôt à réorganiser les déplacements.

 

 

LE GRAND PARIS

Même si le cœur de Paris est loin d’être exempt de scories, les problèmes se concentrent depuis longtemps « de l’autre côté du périph’ ». C’est là pourtant que vivent 80 % des habitants, dans une couronne de plus en plus large. En juillet 1983, Roland Castro avait entraîné François Mitterrand dans plusieurs grands ensembles pour lui faire prendre conscience de leur dégradation. Le président met alors en place la mission Banlieue 89 afin de désenclaver et réhabiliter les quartiers les plus difficiles. Mais tous les grands travaux qu’il initie prennent place dans la ville historique… Quant à Jacques Chirac, pendant ses deux mandats présidentiels, il reste à bien des égards le maire de Paris qu’il a été de 1977 à 1995, s’intéressant aux transformations de l’est parisien plus qu’à la périphérie.

 

  (© Collection particulière / Jean-Christophe Doër)
© Collection particulière / Jean-Christophe Doër

 

En septembre 2007, Nicolas Sarkozy annonce une consultation architecturale internationale pour «travailler sur un diagnostic prospectif, urbanistique et paysager sur le Grand Paris ». En mars 2009, dix équipes remettent leurs propositions. Mais l’ambition se réduit vite et le Grand Paris devient pour l’essentiel le nom d’un nouveau réseau de transports, un supermétro de 200 kilomètres desservant 72 gares. Un projet nécessaire, mais qui demeure bien en deçà des besoins et des attentes. Le Paris du xxıe siècle reste à inventer.

 

  (© Isabelle Franciosa)
 © Isabelle Franciosa

Benoît Peeters

Benoît Peeters est né à Paris le 28 août 1956. Ancien élève de Roland Barthes, il a publié de nombreux ouvrages, dans des genres très divers. Il est l’auteur avec François Schuiten de la série Les Cités obscures, couronnée en 2013 par le Grand prix manga au Japan Media Arts Festival. Spécialiste d’Hergé, il a publié trois ouvrages qui ont fait date. Il a collaboré avec le dessinateur Frédéric Boilet, la photographe Marie-Françoise Plissart et le cinéaste Raoul Ruiz. Il a aussi réalisé trois courts métrages, plusieurs documentaires et un long métrage, Le dernier plan . Commissaire de nombreuses expositions, il s’est occupé avec François Schuiten de la restauration et de l’aménagement scénographique de la Maison Autrique, premier édifice Art Nouveau du grand architecte belge Victor Horta.

 

 

François Schuiten

François Schuiten est né à Bruxelles le 26 avril 1956, dans une famille où l’architecture tient une grande place. À l’atelier bande dessinée de l’Institut Saint-Luc, il rencontre Claude Renard avec qui il réalise deux albums : Aux médianes de Cymbiola et Le Rail . Depuis 1980, il travaille avec Benoît Peeters à la série Les Cités obscures ; ces albums ont été traduits en une dizaine de langues et ont obtenu de nombreux prix. Il a obtenu en 2002 le Grand prix d’Angoulême pour l’ensemble de son œuvre. François Schuiten a également participé à la conception visuelle de plusieurs films. Auteur de très nombreuses réalisations scénographiques, il fut notamment le concepteur du gigantesque pavillon thématique A Planet of visions qui accueillit cinq millions de visiteurs à l’Exposition Universelle de Hanovre en l’an 2000, ainsi que du pavillon belge à l’Exposition de Aïchi 2005.

 

Informations pratiques :

Cité de l'architecture et du patrimoine

Galerie basse des expositions temporaires

1, Place du Trocadéro et du 11 novembre, Paris 16e

01 58 51 52 00

Pour plus d'informations : http://www.citechaillot.fr/fr/expositions/expositions_temporaires/

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