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Raphael Barontini expose le crocodile comme un objet d'art au Studio des Acacias à Paris

Dans le cadre des résidences artistiques à l'initiative de  LVMH Métiers d’art, l’artiste Raphaël Barontini présente ses cuirs de crocodile travaillés de main de maître.

Article rédigé par franceinfo Culture - Michel Mompontet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Exposition RAPHAEL BARONTINI, LE CROCO DANS LA PEAU  (Nicolas Brasseur)

Après un long séjour à Singapour où il a appris auprès des meilleurs artisans à travailler les cuirs de crocodiles, Raphaël Barontini expose au studio des Acacias à Paris. Une exposition jubilatoire et splendide pour cet artiste français qui ne cesse d’enchanter les amoureux de l’art et des images par ces créations transversales créolisées oniriques et lumineuses. 

Faire du cuir de crocodile, un art rebelle

Pour un artiste engagé tel que lui, le défi était de taille : travailler un objet de luxe tel que le cuir de crocodile et en faire de l’Art rebelle et disruptif. Le résultat est au-delà de toutes les espérances. La prestigieuse galerie parisienne ne désemplit pas. Retour sur la genèse de ce succès. Sélectionné par  LVMH métiers d’art, qui met toute la puissance de son mécénat au service de jeunes artistes, et par son audacieuse et visionnaire commissaire Léa Chauvel-Levy, le plasticien-peintre Raphaël Barontini (38 ans) aurait dû rester quelques mois à Singapour mais la pandémie mondiale l’a bloqué là-bas bien plus longtemps que prévu. Tant mieux.

Sa maîtrise du travail des cuirs de crocodiles, objet de son apprentissage en Asie, nous offre aujourd’hui un résultat stupéfiant virevoltant où l’humour multiculturel et le décalage nous emmènent en voyage bien au-delà des galaxies visuelles européennes habituelles. Après les Etats Unis et Haïti, Barontini prouve une nouvelle fois qu’il est un artiste qui voyage bien, puisque chaque voyage élargi et approfondi admirablement son déjà très riche vocabulaire.

A Singapour il s’est totalement immergé dans une culture qu’il connaissait mal. Des heures passées en compagnie des artisans locaux qui travaillent comme personne le cuir de crocodile, Il en résulte une nouvelle série d’œuvres où l’imagerie et les époques s’agglomèrent se choquent et d’électrisent mutuellement. 

RAPHAEL BARONTINI, LE CROCO DANS LA PEAU  (Nicolas Brasseur)

 Soukhos, le crocodile-divinité 

En pénétrant dans cet endroit splendide qu’est le studio des acacias, à deux pas de l’Arc de Triomphe à Paris, on est tout de suite saisi par la dimensionnalité du lieu, et la géométrie quasi- japonisante des pièces proposées et mises en lumière. L’exposition a pour titre Soukhos, le crocodile-divinité (en grec).

Au milieu de la pièce du rez-de-chaussée, une immense peau de crocodile d’un bleu électrique et profond inouï, est étirée sur un lit d’or en forme de pirogue. L’invitation au plus fou des voyages est lancée. De chaque côté de cet objet totémique, des kimonos splendides et improbables semblent défiler et des capes aux couleurs irisées dignes d’un trip funky cosmique nous arrachent au réel avec grâce et audace. Les frontières ne sont pas repoussées elles sont annihilées.

Une de ces sublimes capes est d’ailleurs dédié au grand musicien explorateur Sun Ra, qui ne fit jamais rien comme les autres, et ce, toute sa vie durant. Son visage dans un arc en ciel électrique. La lourdeur royale de la cape. Barontini jongle avec les cultures et les images comme un magicien.

RAPHAEL BARONTINI, LE CROCO DANS LA PEAU  (Nicolas Brasseur)

Le crocodile habille rois et divinités

Tout chez lui est créolisation. Rien n’est dominant si ce n’est l’impératif métissage des traditions visuelles et picturales. Glissements et transgressions. Glissant et Black Panther. Rébellion. Rêve de lions et de rois. Aucune trace d’impérialisme culturel. Jeux, et cartes rebattus. Labyrinthe et improvisations. Ces pièces forment une vaste constellation hétérogène qui enchante et que siéraient parfaitement à de modernes héros et divinités d’une cosmogonie joyeuse en train de s’inventer. A l’étage, des capes chimériques trônes et tissus aux couleurs chatoyantes offrent aux visiteurs la sensation d’une procession merveilleuse.

Barontini propose, dans sa jubilatoire création des rois inventés et des divinités science fictionnelles que l’on adopte immédiatement, comme si on les avait déjà vus quelque part, ce qui n’est pas le cas. Mais ce sentiment de déjà vu devant la nouveauté n’est-ce pas là le signe des œuvres qui vont marquer et durer ? Les paris sont pris.

Barontini compte sur la magie et la joie. Il s’en sert, s’en nourrit et les métamorphose. Nous en avions tellement besoin. Cette exposition, avant de redécoller pour une autre galaxie, nous prouve que LVMH Métiers d’art a eu beaucoup de flair en mettant en lumière cet artiste unique. Dans quelques années il y a fort à parier que les visiteurs de cette exposition, diront en frimant légèrement, "j’y étais". Irez-vous ? Vous avez tout l’été.  

Studio des Acacias by Mazarine 

Exposition en partenariat avec Reiffers Art Initiatives et la Galerie Mariam Ibrahim 
Jusqu’au 28 juillet 2021
30 rue des acacias Paris 7507  

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