Poussin et Dieu, un peintre entre Paris et Rome
Nicolas Poussin (1594-1665) est le plus grand peintre français du XVIIe siècle. Pourtant l’artiste, considéré dès son vivant comme le « Raphaël de la France », demeure aujourd’hui beaucoup moins connu du public que Watteau, Delacroix, Monet ou Cézanne. Génie classique, singulier par le style et par la signification de ses œuvres, Poussin est réputé difficile d’accès.
À l’occasion du 350e anniversaire de la mort de l’artiste, l’exposition a pour ambition de faire mieux connaître du grand public le maître français, en présentant et en expliquant un aspect méconnu de son art, sans doute le plus émouvant : ses tableaux religieux. Si Poussin a peint les nymphes, Pyrrhus ou Eurydice, beaucoup de ses plus grands chefs-d’œuvre sont inspirés de la Bible.
En rassemblant 99 des plus belles compositions sacrées de Poussin (63 peintures, 34 dessins et 2 estampes), l’exposition cherche à ouvrir de nouvelles perspectives et à faire le point le plus complet possible sur les lectures chrétiennes que l’on peut faire de la peinture de Poussin. Elle revient aussi sur l’une des grandes singularités de cet art, qui consista à unir le sacré antique et le sacré chrétien.
S’il est vrai que les références néo-stoïciennes sont une constante dans l’art de Poussin, la dimension chrétienne de sa peinture a été trop souvent occultée, voire même contestée. Repenser l’œuvre de Poussin à l’aune de la religion semble d’autant plus nécessaire aujourd’hui que des études récentes ont mis en évidence de manière convaincante l’entourage immédiat de Poussin – bien moins libertin qu’on ne l’admettait – mais surtout l’originalité de sa peinture sacrée, source d’une méditation personnelle sur Dieu.
L’exposition met également en évidence la singularité de Poussin dans la Rome baroque d’après le concile de Trente. Poussin peint seul, à Rome, sans collaborateurs et sans élèves, pour des commanditaires très majoritairement français. Singulier par le style, il l’est aussi par la forme et la signification. Son art représente à cet égard une synthèse d’une originalité et d’une puissance d’inspiration exceptionnelles.
Poussin et le catholicisme romain
L’exposition s’ouvre sur les grands formats religieux qui redonnent la dimension monumentale et spectaculaire de son œuvre sacré : La Mort de la Vierge peinte pour Notre-Dame de Paris – perdue pendant deux siècles, retrouvée en 1999 dans l’église de Sterrebeek en Belgique et présentée pour la première fois en France –, Le Miracle de saint François-Xavier du musée du Louvre ou encore Le Martyre de saint Érasme de la Pinacothèque vaticane.
La Sainte Famille
Les Saintes Familles, véritables icônes du Grand Siècle, ont été l’un des fils conducteurs de l’art de Nicolas Poussin. Aujourd’hui conservées à l’Institute of Art de Detroit, au Museum of Art de Cleveland ou au J. Paul Getty Museum de Los Angeles, elles n’ont pourtant pas eu la renommée de ses tableaux d’histoire et comptent parmi ses œuvres les moins commentées.
Les amitiés chrétiennes
Si l’on a insisté sur les liens entre Poussin et les milieux « libertins », on tend à oublier ses amitiés chrétiennes. Car tout l’œuvre de Poussin et les grandes étapes de sa création se sont construits au travers d’un petit groupe de fidèles auquel l’artiste fut lié plus particulièrement. En premier lieu, Cassiano Dal Pozzo, célèbre collectionneur romain et mécène indéfectible de Poussin, auquel le peintre voua une profonde admiration.
La Fortune et la Providence
Tout l’œuvre de Poussin laisse apparaître une évidence : une synthèse nouvelle des traditions sacrées chrétienne et antique. L’une des clefs de cette synthèse semble être la relation établie par l’artiste entre la Fortune, dans la tradition antique, et la Providence chrétienne.
Poussin et Moïse
On s’est régulièrement interrogé sur l’obsession de la figure de Moïse dont témoigne l’œuvre de Poussin : par exemple Moïse exposé sur les eaux (Ashmolean Museum d’Oxford) ou l’extraordinaire Moïse foulant aux pieds la couronne de Pharaon (collection particulière).
Poussin et le Christ
Dans les années 1650, la figure du Christ a pris une importance croissante dans l’œuvre de Poussin, dans le cadre d’une mystique d’inspiration augustinienne qui infuse les courants dominants de la spiritualité du XVIIe siècle. L’artiste a en effet privilégié l’Évangile de Jean que saint Augustin élevait au-dessus des trois autres, ceux-ci ayant mis en lumière l’humanité du Christ, celui-là, sa divinité.
Le paysage sacré
La dimension méditative, voire mystique de sa peinture, est évoquée dans les grands paysages réalisés à la fin de vie. La peinture de paysage n’a jamais cessé d’intéresser Nicolas Poussin mais à compter de la fin des années 1640 et jusqu’à sa mort en 1665 l’artiste développe de vastes compositions où la Nature se fait l’écrin sublime des actions humaines, miroir de l’ordre du monde, depuis Le paysage avec Orphée et Eurydice jusqu’au Déluge (tous deux : musée du Louvre).
La fabrique des saintes images. Rome-Paris, 1580-1660
En écho à Poussin et Dieu, une seconde exposition met en scène le formidable renouveau de l’art religieux suscité par l’Eglise catholique, pour réaffirmer la légitimité des images sacrées, violemment rejetées par les protestants. Quatre-vingt-cinq œuvres illustrent cet épanouissement lancé par le concile de Trente.
**Informations pratiques
Horaires
Tous les jours, sauf le mardi, de 9h à 17h30,
les mercredis et vendredis jusqu’à 21h30.
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