Visa pour l'image : Parler ou tuer, le combat des femmes Yézidies
Visa pour l'image au coeur de tous les combats ; le reportage du photographe iranien Alfred Yaghobzadeh pour Paris-Match plonge dans le chaos mené par l'Etat Islamique depuis 2014 dans le nord de l'Irak. Les populations minoritaires de la communauté yézidie ont dû fuire la torture, les viols et l'esclavage. En mai dernier, une brigade de femmes yézidies est formée. Sur le front, ces jeunes filles se battent en première ligne avec les hommes, « parce que nous devons ne dépendre que de nous-mêmes, disent-elles, apprendre enfin à nous défendre pour reconquérir notre honneur ». Journaliste à Paris-Match, Flore Olive analyse cette exposition "Le corps des femmes yézidies comme champ de bataille".
Reportage : M. Tamon / F. Savineau / JY. Olivier
Le combat c'est parler ou tuer
Le 3 août 2014, les hommes de Daech mènent une offensive éclair dans les monts Sinjar, au nord-ouest de l’Irak. Là, vit la communauté yézidie, une minorité kurde dont les origines remontent à la Perse antique. "Le courage de ces jeunes femmes, de celles qui se battent sur le terrain comme de celles qui tentent de se reconstruire pour continuer à vivre, a été une source d’énergie et d’inspiration", raconte Alfred Yagobzadeh. Les hommes capturés par Daech sont exécutés, les femmes violées, vendues et réduites en esclavage. "Pour ces femmes il y a deux façons de se battre, soit parler et raconter leur calvaire ou prendre les armes et aller se battre sur le terrain", explique la journaliste.Les "Sun Girl’s » sauvent la peau de la société Yézidie
Aujourd'hui, elles sont 123 femmes kurdes de 17 à 30 ans à former ce bataillon atypique baptisé les "Sun girls" sur les hauts plateaux désertiques. Les filles du soleil font référence à leurs racines ancestrales et au symbole du drapeau yézidi, énorme soleil d'or sur fond rouge et blanc. Une implication assez inédite pour ces filles qui prennent aujourd'hui leur avenir en main. "C'est nouveau pour ces filles qui ne sont jamais allées à l'école. Elles trouvent là une façon de s'émanciper et d'être plus indépendantes. Avec elles c'est toute la société yézidie qui change", raconte encore Flore Olive.->A lire aussi le récit de Jinan : esclave de Daech
La guerre impitoyable contre Daech
Ces amazones ciblent spécifiquement les combattants de l'Etat islamique. Ce dernier en effet kidnappe régulièrement des filles yézidies, les vend et en fait des esclaves sexuelles. "Population aux croyances multiples où la religion est enrichie par des apports coraniques et bibliques, les yézidis font l'objet de persécussions des intégristes musulmans qui les assimilent au diable. Au total, les djihadistes ont tué plus de 5.000 Yazidis et capturé 500 femmes et enfants. Armées d'une détermination intangibles elles mettent toutes leurs forces dans la bataille, les terroristes de l’Etat Islamique les craignent encore plus que leurs ennemis masculins. "Les jeunes filles qui rechargent la mitrailleuse que l'on voit sur la photo sont à 50 mètres des hommes de Daech. Il n'y a pas d'hommes, ils ont confié une position stratégique à des femmes", commente la journaliste de Paris-Match.-> Pendant toute la durée de Visa pour l'image, la rédaction de France 3 Montpellier et les étudiants de l'ESJ suivent en direct le festival
->Visa pour l'image du 29 août au 13 septembre 2015 à Perpignan
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.