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Visa pour l'image : Parler ou tuer, le combat des femmes Yézidies

Cibles privilégiées de Daesh, les femmes Yézidies ont décidé de ne plus subir la terreur et ont formé un bataillon de 123 femmes de 17 à 30 ans qui fait trembler les combattants terroristes. Le photographe iranien Alfred Yaghobzadeh a suivi ces femmes qui se battent pour leurs libertés par les armes ou par la parole. Décryptage de l'exposition de Visa pour l'image avec la journaliste Flore Olive.
Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le combat des femmes Yézidies par Alfred Yaghobzadeh au festival Visa pour l'image de Perpignan
 (Alfred Yaghobzadeh pour Paris Match / Capture d'écran)

Visa pour l'image au coeur de tous les combats ; le reportage du photographe iranien Alfred Yaghobzadeh pour Paris-Match plonge dans le chaos mené par l'Etat Islamique depuis 2014 dans le nord de l'Irak. Les populations minoritaires de la communauté yézidie ont dû fuire la torture, les viols et l'esclavage. En mai dernier, une brigade de femmes yézidies est formée. Sur le front, ces jeunes filles se battent en première ligne avec les hommes, « parce que nous devons ne dépendre que de nous-mêmes, disent-elles, apprendre enfin à nous défendre pour reconquérir notre honneur ». Journaliste à Paris-Match, Flore Olive analyse cette exposition "Le corps des femmes yézidies comme champ de bataille".

Reportage : M. Tamon / F. Savineau / JY. Olivier

Le combat c'est parler ou tuer

Le 3 août 2014, les hommes de Daech mènent une offensive éclair dans les monts Sinjar, au nord-ouest de l’Irak. Là, vit la communauté yézidie, une minorité kurde dont les origines remontent à la Perse antique. "Le courage de ces jeunes femmes, de celles qui se battent sur le terrain comme de celles qui tentent de se reconstruire pour continuer à vivre, a été une source d’énergie et d’inspiration", raconte Alfred Yagobzadeh. Les hommes capturés par Daech sont exécutés, les femmes violées, vendues et réduites en esclavage. "Pour ces femmes il y a deux façons de se battre, soit parler et raconter leur calvaire ou prendre les armes et aller se battre sur le terrain", explique la journaliste.
Berivan, 18 ans, est membre de la brigade des combattantes yézidies du Sinjar. Sans demander la permission de ses parents, elle s’est enrôlée après l’attaque de Daech contre son village et se bat désormais en première ligne dans la ville de Sinjar, Irak, 13 mai 2015
 (Alfred Yaghobzadeh pour Paris Match)

Les "Sun Girl’s » sauvent la peau de la société Yézidie

Aujourd'hui, elles sont 123 femmes kurdes de 17 à 30 ans à former ce bataillon atypique baptisé les "Sun girls" sur les hauts plateaux désertiques. Les filles du soleil font référence à leurs racines ancestrales et au symbole du drapeau yézidi, énorme soleil d'or sur fond rouge et blanc. Une implication assez inédite pour ces filles qui prennent aujourd'hui leur avenir en main. "C'est nouveau pour ces filles qui ne sont jamais allées à l'école. Elles trouvent là une façon de s'émanciper et d'être plus indépendantes. Avec elles c'est toute la société yézidie qui change", raconte encore Flore Olive.

->A lire aussi le récit de Jinan : esclave de Daech
À deux kilomètres des lignes de Daech, cinq combattantes de l’Unité populaire de défense des femmes, dont deux Yézidies, tiennent une position stratégique près du village de Bare, bloquant ainsi l’accès aux forces de Daech qui tentent de se rendre en Syrie, à six kilomètres de là.
Mont Sinjar, Irak, 13 mai 2015
 (Alfred Yaghobzadeh pour Paris Match)

La guerre impitoyable contre Daech

Ces amazones ciblent spécifiquement les combattants de l'Etat islamique. Ce dernier en effet kidnappe régulièrement des filles yézidies, les vend et en fait des esclaves sexuelles. "Population aux croyances multiples où la religion est enrichie par des apports coraniques et bibliques, les yézidis font l'objet de persécussions des intégristes musulmans qui les assimilent au diable. Au total, les djihadistes ont tué plus de 5.000 Yazidis et capturé 500 femmes et enfants. Armées d'une détermination intangibles elles mettent toutes leurs forces dans la bataille, les terroristes de l’Etat Islamique les craignent encore plus que leurs ennemis masculins. "Les jeunes filles qui rechargent la mitrailleuse que l'on voit sur la photo sont à 50 mètres des hommes de Daech. Il n'y a pas d'hommes, ils ont confié une position stratégique à des femmes", commente la journaliste de Paris-Match.
Les filles du soleil dans leur planque contre les soldats de Daech
 (Alfred Yaghobzadeh pour Paris Match)

-> Pendant toute la durée de Visa pour l'image, la rédaction de France 3 Montpellier et les étudiants de l'ESJ suivent en direct le festival
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Visa pour l'image du 29 août au 13 septembre 2015 à Perpignan

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