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PhotoEspaña 2013 : éloge du corps à Madrid
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié le 05/06/2013 14:23
Mis à jour le 06/12/2016 06:30
Une fois de plus, PhotoEspaña, le grand festival de photographie de Madrid, propose un programme alléchant, autour du thème du corps." Le corps comme lieu de désir, de revendication, de "champ de bataille" même. 74 expos, 328 artistes de 42 nationalités. Le festival a lieu du 5 juin au 28 juillet mais nombre d'expositions continuent en août et en septembre. Quelques images pour vous faire envie.
The Estate of Harry Callahan
Les deux grands maîtres américains de la photographie sont réunis pour une exposition dédiée au nu, en évitant les clichés de la photo érotique. En 80 photos, une vision du corps pleine de subjectivité et de sentiment, où c’est le désir qui se transforme en image et non l’image qui cherche à provoquer le désir. Où les modèles sont des femmes uniques, non substituables. Ici, Edward Weston, Nu, 1936, Collection Center for Creative Photography, The University of Arizona
(1981 Arizona Board of Regents)
Emmet Gowin, né aux Etats-Unis en 1941, a commencé sa carrière en faisant des photos de sa famille avec une chambre grand format. Il a exploré les énigmes de la vie de tous les jours de façon si intense que ses images touchent à l’universel. En 1970, il a adopté une lentille circulaire qui crée d’étranges perspectives et rend le quotidien plus mystérieux. L’exposition présente ces photos de famille et aussi des photos aériennes qu’il a réalisées dans plusieurs pays, ainsi que des portraits récents et inédits de sa femme Edith, axe iconographie que son œuvre. Ici, "Nancy, Danville, Virginia, 1969"
(Emmet Gowin, Courtesy Pace Gallery / MacGill, New York)
L’exposition propose une réflexion sur la représentation du corps humain en photographie à travers les originaux de la collection de cet historien d’art, critique et commissaire d’exposition. Dans la photographie du XIXe siècle, des origines à Eugène Atget, avec des oeuvers de Nadar, Disderi, Fenton, Le Gray, Clifford. Et dans la photographie du quotidien, depuis l’arrivée de Kodak en 1889 à l’avènement de la photo numérique en 1990. Avec Pipilotti Rist, Bernard Plossu, Jorge Galindo, Cristina Garcia Rodero, David Hilliard. Puis l’exposition classe les images en plusieurs thèmes : le corps de l’enfance, le corps idéalisé, le corps désiré, le corps malade, le corps mort, le corps de l’autre...
(Collection Rafael Doctor Roncero)
La vision moderniste du nu féminin, par une des figures les plus importantes de la photographie polonaise de l’après-guerre. Les photos de Dlubak (1921-2005) minimisent l’élément érotique, en utilisant des raccourcis, des symétries et des répétitions. Il ne montre jamais ouvertement le rapport de pouvoir entre le photographe et le modèle. Les images sont accompagnées de textes, justement, sur les relations et les schémas culturels qui se jouent entre un photographe homme et un modèle féminin dénudé.
Ici, "De la série Gesticulations, 1970-1978"
(Archeology of Photography Foundation / A. Dlubak)
Fernando Brito, né à Mexico en 1975, a obtenu le prix Découvertes de PhotoEspaña 2011 avec ce portfolio, constitué de photos de cadavres et de scènes de crimes qui traduisent le climat de violence au Mexique. Les corps se trouvent dans des paysages bucoliques de l’Etat de Sinaloa. Brito envisage le corps mort comme un signe de décomposition sociale. Série Tus pasos se perdieron con el paisaje, 2011
(Fernando Brito)
Les nus du premier photographe tchèque d’envergure internationale, dont l’œuvre marque la transition entre pictorialisme et photographie moderne. Frantisek Drtikol (1883-1961) s’est consacré au genre dès 1907 et jusqu’à la fin des années 1930. Ses premiers nus sont influencés par l’art nouveau et le symbolisme. Puis la lumière, l’ombre et le mouvement y prennent une part croissante. Ici, "Sans titre, 1925"
(Collection privée, Prague)
L’œuvre de Shirin Neshat, photos et vidéos, explore la façon dont les hommes et les femmes sont séparés dans les sociétés musulmanes. Elle s’intéresse à la politisation de l’espace public et au confinement du désir personnel à la sphère privée. L’exposition réunit une collection d’œuvres de l’artiste iranienne qui abordent ces thèmes en relation avec le corps. D’un côté, le corps féminin occulté par le tchador. Aussi le corps "en désordre", qui s’offre comme texte graphique. Ou le corps comme lieu où s’inscrit l’histoire, avec la série réalisée à partir du classique persan, "Le Livre des rois ". Ici, Série Extasis, 1999, photo Larry Barns Courtesy Jérôme de Noirmont, Paris
(Shirin Neshat)
Plus de 200 oeuvres de 21 artistes qui ont changé radicalement l’iconographie féminine. A travers l’histoire de l’art, l’image qui est donnée des femmes est une image masculine. L’avant-garde féministe des années 1970 l'a déconstruite pour en créer une nouvelle à travers l’étude de son propre corps et de ses relations comme sujet et objet. Elle s'est créé une nouvelle identité de façon provocante, poétique et ironique. Ici, Untitled (Self with Little Fur) 1974-1977, Birgit Jürgenssen
(Estate of Birgit Jürgenssen / VBK, Vienne 2012, Sammlung Verbund, Vienna)
La photographe lituanienne, née en 1956, s’appuie sur ces images du corps pour mener une réflexion autour de la solitude. Son œuvre refuse la frivolité et se concentre sur des éléments formels comme la lumière et la composition. Son corps est asexué, les images sont comme un dialogue ou une confrontation avec soi-même. Les figures se dupliquent dans une lumière transparente et délicate, qui entend révéler la solitude et la douleur.
Ici "Nu 57", 1993
(Violeta Bubelyté, Courtesy Association des photographes lituaniens)
Ce photographe israélien né en 1974, prix Découvertes 2012 de PhotoEspaña, propose une vision personnelle et symbolique de la réalité de son pays. Dans la tradition juive orthodoxe, le Messie est annoncé voyageant sur un âne blanc. Alors que Yaakov Israel travaillait près de la mer Morte, il a rencontré un homme palestinien monté sur un âne blanc. Il l’a photographié et s’est dit qu’il avait rencontré son Messie. Il a alors entamé un voyage métaphorique à travers son pays (Yaakov Israel exposera ce projet à Paris dans le cadre de Photoquai à partir du 17 septembre)
Ici, L'homme sur un âne blanc. HaBiqah, 2006 Courtesy of the artist
(Yaakov Israel)
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