Philippe Lucchese, le photographe qui revisite l'histoire de l'art au féminin, de "La Cène" au "Radeau de la méduse"
Sur les photos de Philippe Lucchese il n'y a que des femmes. Des femmes d'aujourd'hui, avec des tatouages, des piercings ou des dreadlocks. Mais leur posture rappelle des scènes qui ont marqué l'histoire de l'art et qui imprègnent, aujourd'hui encore l'imaginaire collectif. Le photographe originaire de Tours, s'inspire des toiles majeures de l'histoire de l'art en remplaçant les hommes d'origine par des modèles féminins. Par ses réinterprétations magistrales des toiles de maître, Lucchese rend hommage aussi bien aux femmes qu'à l'Histoire de l'Art.
Delacroix, Géricault, Vinci, Raphaël ou Rodin : l’artiste livre son regard sur l’Art et la Féminité en réinterprétant de grandes fresques historiques, bibliques, ou des scènes plus intimistes, ou bien encore des nus ou des portraits.L'hotel Gouïn de Tours se fait l'écrin d'une trentaine de photos jusqu'au 14 mai 2017.
Reortage : P. Ferret / S. Cicchini / G. Engels
Audace du féminin
Même s'il se défend de tout sens politique ou féministe porté par ses photos, il magnifie l'image de la femme. "En tant que citoyen, je suis humaniste et je suis pour l'égalité Homme/Femme. Mais c'est surtout un exercice de style", assure-t-il à propos de son travail."La Cène" : hommage monumental à la femme
Point d'orgue de l'exposition de l'Hotel Grouin, "La Cène" revue et corrigée par Philippe Lucchese. Aussi monumentale que le célèbre tableau de Léonard de Vinci (1498), la photo tirée sur un grand format de 4m par 3 impressionne tant par ses dimensions que par le sujet. Pour "La Cène" vue par Lucchese, les apôtres sont des femmes et le Christ est incarné par une femme de couleur noire. Tableau maintes fois copié, reproduit ou parodié, Lucchese choisit de le réinterpréter de manière "vivante". "Il y a une vie dans la peinture de Léonard de Vinci que je voulais rendre", confie Philippe Lucchese. Le photographe met en scène ce cliché en décembre 2016 au Clos Lucé dans la chambre qui fut celle de Marguerite de Navarre.Trois heures de pose
En 2015, il revisite "Le Radeau de la méduse" de Géricault (1819), mais les personnages, là aussi, ne sont que des femmes, aussi combatives que les hommes du tableau d'origine.Un travail énorme qui mobilise 31 personnes. "Il y avait vingt modèles et onze personnes dans l'équipe avec des maquilleuses, coiffeuses, éclairagistes… C'était comme un tournage. On a reconstruit un vrai radeau et les filles ont posé au moins trois heures pour arriver au résultat final", raconte le photographe. Le travail de retouche et de postproduction pour coller à l'oeuvre originale a été très important mais le résulat final est saisissant.
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