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On l'appelait la "dame de la mer" : Anita Conti l'océanographe aux 50 000 clichés

Océanographe et photographe, elle fut la première femme admise sur les chalutiers. Vingt et un an après sa disparition, son fils adoptif veille sur un riche héritage artistique et intellectuel.

Article rédigé par Marie Herenstein
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2min
Anita Conti en 1952 à bord du chalutier Bois Rosé (Anita Conti)

Première femme en France à partager la vie des Terre-Neuvas à la fin des années 30, première femme océanographe, consciente avant les autres de la problématique du gaspillage des ressources halieutiques, Anita Conti fut sans conteste une pionnière et un témoin privilégié du monde marin. De ses embarquements sur les chalutiers ou sur des bateaux océanographiques, elle a rapporté des dizaines de milliers de clichés, des films et des écrits d'une richesse incomparable. 

Univers masculin

Depuis sa disparition en 1997, Laurent Girault-Conti, son fils adoptif, veille sur le patrimoine de celle que les marins avaient surnommée "la dame de la mer". Un surnom à la fois affectueux et admiratif pour cette femme hors du commun qui avait su se faire une place dans un milieu alors exclusivement masculin.

Anita Conti, la dame de la mer
Anita Conti, la dame de la mer Anita Conti, la dame de la mer

Anita Conti plaisantait en disant avoir appris à nager avant même de savoir marcher. Des moments passés avec des pêcheurs en Bretagne ou en Vendée et de l'installation familiale sur l'île d'Oléron au moment de la première guerre mondiale, elle gardera un goût prononcé pour la navigation et le besoin vital de prendre la mer. Malgré le sentiment qu'elle lui inspirait parfois. "Je ne sais pas si je l’aime. Elle est effroyable. C’est sur la mer que j’ai certainement éprouvé mes plus horribles sensations de terreur."

Si je n’étais pas portée par la mer de temps en temps je serais morte

Anita Conti

"Océanologue"

C'est également adolescente qu'elle découvre la photographie dont elle va se servir pour témoigner de la rudesse de la vie de marin. Car cette passion s'accompagne d'un besoin insatiable de tout connaître de la mer : histoire, géographie, chimie, faune, flore et hommes qui vivent de ses ressources... Connaitre pour cartographier par exemple, mais aussi transmettre.

De ses premiers embarquements sur des harenguiers et des morutiers est née une série d'articles dans le quotidien La République. Plus tard il y aura aussi des films et des livres avec ses photos et ses notes, comme Racleurs d'océans (1953), Géants des mers chaudes (1957) et d'autres encore, publiés par son fils après sa disparition. Plutôt qu'océanographe ou photographe, elle aimait se présenter comme "océanologue" raconte Laurent Girault-Conti. Un terme qui correspondait mieux à cette envie de parler de son métier par l'image et les mots. 

Anita Conti racontée par son fils adoptif
Anita Conti racontée par son fils adoptif Anita Conti racontée par son fils adoptif

Depuis plus de 20 ans, c'est donc ce fils adopté tardivement qui trie, restaure et continue de mettre en avant le travail d'Anita Conti. Disparue à 98 ans, à Douarnenez, au bord de la mer, ce petit bout de femme dont les marins appréciaient aussi la bonne humeur convoquait les éléments pour parler de la mort. "Un bon coup de vent et je serai emportée". 

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