"Love Songs" : l'amour dévoile ses multiples visages à la Maison européenne de la photographie à Paris
Dédiée à l'intime et au sentiment amoureux, cette exposition collective raconte la pluralité des expériences sentimentales à travers le regard de 16 artistes des XX et XXIe siècles. Avec ses 14 séries de photographies, "Love Songs" est une plongée poétique dans les paysages émotionnels de ces artistes.
La Maison européenne de la photographie à Paris est devenue, depuis le printemps, un véritable temple de l'amour avec sa dernière exposition Love Songs. Ses murs sont parsemés de visages et de corps qui, pourtant figés dans le temps, reflètent l'intensité et l'intemporalité du sentiment amoureux. Les 16 photographes représentés ont fait de leur objectif un témoin des histoires d'amour qu'ils ont vécues et partagées, qu'elles soient sereines, passionnelles ou conflictuelles.
En ode à l'amour, Love Songs en dévoile les mille facettes : sensualité d'un amour naissant, banalité du quotidien, désir et sexualité mais aussi violence physique et mortalité. Entre poésie et tendresse, franchise et brutalité, ces 14 séries incarnent les multiples visions de l'expérience amoureuse, pourtant universelle, mais mouvante avec le temps et les époques.
Regards entre clichés et subjectivité
René Groebli ouvre l'exposition avec des instants pris sur le vif dans sa série L'Oeil de l'amour (1952). L'objectif de son appareil épouse le corps de sa femme Rita et donne une importance particulière aux détails sensuels que le photojournaliste capture avec pudeur et adoration. René Groebli effectue un travail inédit pour l'époque : dévoiler l'intimité de la chambre conjuguale. La lune de miel est également sujet du Japonais Nobuyoshi Araki dans son tirage Sentimental Journey (1971), qu'il tient comme un journal quotidien presque machinal.
Le corps, enveloppe charnelle de l'amour, est largement représenté dans Love Songs. L'Américain Emmet Gowin saisi le temps qui passe en captant le corps vieillissant de sa femme, Edith, entre les années 1967 et 2012. Avec son oeuvre Thierry (1976-1991), Hervé Guibert, écrivain et photographe français, rend le même hommage au corps de son amant à travers des portraits et des nus délicats de celui qu'il nomme "T".
Passion et hymne au désir
L'alchimie spirituelle, la passion amoureuse et l'hymne au désir sexuel sont ensuite célébrés par un couple de photographes, JH Engström et la Française Margot Wallard, avec leur série Foreign Affaire. Le travail d'autres amants photographes, le duo RongRong&inri, est exposé pour la première fois à la MEP : Personal Letters (2000), ce sont 26 tirages de mises en scènes sophistiquées et de moments du quotidien où sont annotés des mots d'amour extraits de leurs correspondances épistolaires enflammées.
Les travaux révolutionnaires portés par Larry Clark avec Tulsa en 1971, et Nan Goldin avec The Ballad of Sexual Dependency en 1986, sont des corpus autobiographiques, presque documentaires : leurs images crues brisent alors les tabous autour d'une jeunesse américaine perdue entre la fête, la drogue et les violences physiques. Nan Goldin questionne notamment les relations conflictuelles qui peuvent naître au sein du couple.
En complément de Love Songs est affiché le travail de l'artiste franco-dominicaine Karla Hiraldo Voleau. Photographie et cinéma sont entremêlés : de grands panneaux composés de d'images prises par téléphone sont reliées à un script écrit sur plusieurs feuilles disposées sur les murs du studio de la MEP. Another Love Story raconte la propre histoire de l'artiste : sa découverte de la double vie menée par son copain avec une autre femme et la discussion par messages avec cette dernière.
Une ballade sentimentale
Cette exposition collective est présentée selon une chronologie en deux temps. La face A est composée de séries des années 1950 à 2000 avec les artistes René Groebli, Emmet Gowin, Nobuyoshi Arakai, Hervé Guibert, Alix Cléo Roubaud, Larry Clark et Nan Goldin. La face B regroupe des travaux des années 2000 à aujourd'hui et expose les auteurs JH Engström et Margot Wallard, RongRong&inri, Sally Mann, Collier Schorr, Lin Zhipeng (aka n°223), Hideka Tonomura et Leigh Ledare.
La scénographie a été pensée par Simon Baker, directeur de la Maison européenne de la photographie, comme une compilation musicale, telle une playlist d'amour que l'on offrirait à la personne aimée. En début de visite, un QR code permet à tous d'écouter des chansons d'amour choisies par la MEP pour déambuler dans l'exposition en pleine immersion amoureuse.
Un concours photo organisé pour les amateurs
En parallèle de l'exposition, la MEP a lancé un concours de photos sur les réseaux sociaux avec le hastag #loeildelamour. Chaque amateur de photographie est invité à partager une image, récente ou ancienne, prise par ses soins, qui représente l'amour. Organisé en partenariat avec Vogue France, le concours mettra en lumière trois lauréats choisis par le jury, et un grand gagnant désigné par le nombre de "likes" remportés. La participation au concours est ouverte jusqu'au 21 août.
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"Love Songs", Maison européenne de la photographie. 5/7 Rue de Fourcy, 75004 Paris. Tous les jours sauf lundi et mardi, 11h-20h, nocturne le jeudi jusqu'à 22h. Tarif plein 11€. Jusqu'au 21 août 2022.
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