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Liu Bolin, l'homme caméléon, à la Maison européenne de la photographie
Liu Bolin est connu pour ses photos où il se fond dans le paysage. Une sélection de ses oeuvres est exposée à la Maison européenne de la photographie à Paris. L'artiste chinois s'efface pour qu'on le remarque : sa démarche est amusante mais en même temps il dénonce des faits de société. Le procédé pourrait paraître répétitif mais il reste jubilatoire (du 6 septembre au 29 octobre 2017).
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Reportage Valérie Gaget
Liu Bolin est né en 1973 dans la province du Shandong (est de la Chine) où il a commencé à étudier les arts plastiques, avant de poursuivre ses études à l'Académie centrale des Beaux-Arts de Pékin, dont il sort diplômé en 2001. Au départ, il est sculpteur.
Lui Bolin se met à créer ses œuvres photographiques en 2005, quand il se fait exproprier de son atelier : avant les jeux olympiques, le gouvernement chinois a décidé de raser le quartier d'artistes, le village de Suo-jia, où il était installé. Cet événement inspire sa première mise en scène, qui nous accueille à l'entrée de l'exposition de la MEP et qui inaugure sa fameuse série, "Hiding in the City" (se cacher dans la ville). Pour protester contre son expulsion et exprimer son sentiment d'impuissance, il décide de disparaître pour se faire remarquer, dans un geste de résistance muette.
"J'ai décidé de me fondre dans l'environnement. Certains diront que je disparais dans le paysage : je dirais pour ma part que c'est l'environnement qui s'empare de moi", dira-t-il.
L'œuvre, ce n'est pas la photo, c'est la disparition, expliquait-il en 2015 dans une interview filmée par le magazine Photo.
Depuis, l'artiste a adopté ce protocole pour produire des espèces de tableaux photographiques en même temps amusants et puissants, dans lesquels cet homme-caméléon se camoufle, abordant divers sujets sociaux et politiques, et posant la question de la place de l'homme dans son environnement.
Il choisit des lieux ou des décors symboliquement forts. Tout en rouge, il se fond dans un drapeau chinois, avec seulement un peu de jaune sur la tête, là où elle touche la faucille et le marteau. Il n'est pas toujours seul : un policier lui cache les yeux. Avec une femme et un petit enfant devant des lampions du Nouvel an, il interroge le modèle familial.
A côté d'une sélection de ses images, la MEP expose un travail qu'il a réalisé en 2015 en soutien à Charlie Hebdo : une grande photo sur fond de couvertures de l'hebdomadaire et un film où on peut voir, à cette occasion, le processus de création de ses œuvres.
En même temps, la galerie Paris-Beijing, qui le représente dans la capitale française, expose ses derniers travaux qui dénoncent la pollution et la destruction de l'environnement, une de ses préoccupations majeures (du 7 septembre au 28 octobre 2017). Et Liu Bolin va aussi investir la Galerie des Enfants du Centre Pompidou (du 9 septembre au 8 janvier) où seront présentées une série de ses photos et de ses vidéos. Les petits pourront se fondre dans ses images en se déguisant. L'artiste effectuera lui-même une photo-performance, dans une combinaison peinte en direct (samedi 9 septembre, 11h-14h, gratuit dans la limite des places disponibles).
Liu Bolin est né en 1973 dans la province du Shandong (est de la Chine) où il a commencé à étudier les arts plastiques, avant de poursuivre ses études à l'Académie centrale des Beaux-Arts de Pékin, dont il sort diplômé en 2001. Au départ, il est sculpteur.
Lui Bolin se met à créer ses œuvres photographiques en 2005, quand il se fait exproprier de son atelier : avant les jeux olympiques, le gouvernement chinois a décidé de raser le quartier d'artistes, le village de Suo-jia, où il était installé. Cet événement inspire sa première mise en scène, qui nous accueille à l'entrée de l'exposition de la MEP et qui inaugure sa fameuse série, "Hiding in the City" (se cacher dans la ville). Pour protester contre son expulsion et exprimer son sentiment d'impuissance, il décide de disparaître pour se faire remarquer, dans un geste de résistance muette.
L'œuvre, c'est la disparition
Devant une maison en démolition, la silhouette de l'artiste que l'on devine dans le décor semble transpercer une grande tôle ondulée en équilibre précaire, au milieu d'un amas de briques ("Suojia Village", 2005)."J'ai décidé de me fondre dans l'environnement. Certains diront que je disparais dans le paysage : je dirais pour ma part que c'est l'environnement qui s'empare de moi", dira-t-il.
L'œuvre, ce n'est pas la photo, c'est la disparition, expliquait-il en 2015 dans une interview filmée par le magazine Photo.
Une sculpture vivante
Liu Bolin se fond donc dans le paysage urbain : il pose, immobile, pendant des heures, ses assistants le peignant jusqu'à ce qu'il devienne quasiment invisible dans le décor. Alors seulement, la photo est prise, sans trucage numérique. C'est désormais une sculpture vivante qu'il pratique, vivante et éphémère : il l'immortalise grâce à la photographie.Depuis, l'artiste a adopté ce protocole pour produire des espèces de tableaux photographiques en même temps amusants et puissants, dans lesquels cet homme-caméléon se camoufle, abordant divers sujets sociaux et politiques, et posant la question de la place de l'homme dans son environnement.
Il choisit des lieux ou des décors symboliquement forts. Tout en rouge, il se fond dans un drapeau chinois, avec seulement un peu de jaune sur la tête, là où elle touche la faucille et le marteau. Il n'est pas toujours seul : un policier lui cache les yeux. Avec une femme et un petit enfant devant des lampions du Nouvel an, il interroge le modèle familial.
Un hommage à Charlie Hebdo
Liu Bolin aborde la Chine traditionnelle, avec les dragons de la Cité impériale de Pékin. Mais il fait surtout partie d'une génération de Chinois qui ont connu des bouleversements immenses : se posant devant les rayons colorés d'un supermarché ou une vitrine de téléphones mobiles, il dénonce la société de consommation qui a gagné son pays.A côté d'une sélection de ses images, la MEP expose un travail qu'il a réalisé en 2015 en soutien à Charlie Hebdo : une grande photo sur fond de couvertures de l'hebdomadaire et un film où on peut voir, à cette occasion, le processus de création de ses œuvres.
En même temps, la galerie Paris-Beijing, qui le représente dans la capitale française, expose ses derniers travaux qui dénoncent la pollution et la destruction de l'environnement, une de ses préoccupations majeures (du 7 septembre au 28 octobre 2017). Et Liu Bolin va aussi investir la Galerie des Enfants du Centre Pompidou (du 9 septembre au 8 janvier) où seront présentées une série de ses photos et de ses vidéos. Les petits pourront se fondre dans ses images en se déguisant. L'artiste effectuera lui-même une photo-performance, dans une combinaison peinte en direct (samedi 9 septembre, 11h-14h, gratuit dans la limite des places disponibles).
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