Les trésors de l'agence Roger-Viollet, un patrimoine photographique en danger ?
Que va devenir l'agence photographique Roger-Viollet ? La Ville de Paris, propriétaire des collections qui regroupent des millions de clichés, cherche un repreneur pour commercialiser ce trésor inestimable.
C'est un véritable trésor pour tous les passionnés de photos ! L'avenir de la collection Roger Viollet composée de millions de clichés est pourtant aujourd'hui incertain. La Ville de Paris, propriétaire, voudrait s'en séparer.
Fondée le 14 octobre 1938 par deux journalistes, Hélène Roger-Viollet et son compagnon Jean-Victor Fischer, l'agence Roger-Viollet est devenue un des fleurons de la photographie française. La devanture bleue du 6 rue de Seine dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés est une adresse mythique.
Il faut dire que les collections rassemblent 6 millions de clichés (4 millions de négatifs et 2 millions de positifs) qui couvrent plus d'un siècle d'actualités, nationales et internationales, autour de quatre thématiques principales : les grands évènements historiques, Paris, les portraits de personnalités et les reproductions d’œuvres d’art.
En 1985, à la mort des deux propriétaires, la mairie de Paris hérite du patrimoine photographique de l'agence Roger-Viollet auquel s'ajoute le fonds France-Soir. En 2005, l’agence rejoint le groupe Parisienne de Photographie. Chargée de commercialiser les photos auprès des médias, cette société publique locale est gérée par deux actionnaires, la Ville et le Département de Paris.
Ce qui pose problème
Avec la fusion des deux collectivités, cette société est appelée à disparaître en janvier 2020. La crise de la presse et du marché de l'édition a fait chuter les ventes des droits de reproduction des fonds, creusant les déficits. Résultat : la Ville de Paris veut céder l'agence et ses salariés (12 sur une vingtaine) à un organisme de droit privé. Ce concessionnaire sera chargé de la diffusion et de la commercialisation des clichés.
"Le monde de la photo connaît une triple crise" explique Nicolas Bouillant, le Directeur général La parisienne de photographie. "Les images ne coûtent pratiquement rien ; les clients habituels (presse, édition) sont en difficulté et on a affaire à des immenses banques d'images".
On doit s'adapter à ce monde nouveau c'est-à-dire adapter la manière dont on vend les images pour aller vers de nouveaux secteurs.
Nicolas BouillantLa parisienne de photographie
Quid de la valorisation des photos ?
Beaucoup d'incertitudes planent sur l'avenir, la valorisation et même la conservation de ces collections (leur numérisation a été stoppée) qui comprennent aussi le fonds France-Soir. "Je suis inquiet " confie Jacques Boissay, un ancien photographe du journal "parce qu'il y a un droit moral. On ne peut pas considérer que ça reste dans les tiroirs, que ce ne soit pas exploité et mis à la disposition du public.
C'est de l'information, c'est la mémoire de la France donc on en est responsables.
Jacques BoissayAncien photographe de France-Soir
Inquiétude partagée pour d'autres raisons par Françoise Denoyelle. Cette
historienne de la photographie s'occupe des archives du photographe Jean Mounicq. Avec les ayants-droits d'autres photographes, elle a formé le Collectif Roger Viollet pour veiller au devenir des clichés et à leur valorisation : "Jusqu'ici, ils étaient diffusés par l'agence Viollet et La Parisienne. Maintenant, on dit aux ayants-droits 'Ce sera à vous de négocier avec le repreneur', si tant est que le repreneur s'intéresse à vos photos".
Un repreneur dont la mairie de Paris devrait annoncer le nom à l’automne prochain.
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