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Le Grand Palais rend hommage à l'âme photographique de Lucien Clergue

Le Grand Palais à Paris propose jusqu'au 15 février 2016, une rétrospective exceptionnelle des premiers albums du photographe Lucien Clergue. De l'univers des gitans, aux grands artistes du XXe siècle en passant par les nus, l'Arlésien a toujours assimilé son approche de la photographie à une démarche artistique à part entière.
Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le Poète et le Sphinx tournage du "Testament d’Orphée" de Jean Cocteau Les Baux-de-Provence, 1959 tirage moderne argentique 40,2 x 47,1 cm. Photo présentée au Grand Palais dans le cadre de l'exposition Lucien Clergue
 (Atelier Lucien Clergue )

Il était l'ami de Picasso, Jean Cocteau, portait un regard bienveillant sur les gitans des Saintes-Maries de la Mer, photographiait les corps nus aux courbes féminines, Lucien Clergue a fait de la photo un art de vivre.
Le Grand Palais consacre une exposition à ses débuts fulgurants dans la photographie, à son oeuvre et à sa générosité. La vie est une suite musicale, la photographie de Clergue s'écrit en série et se lit comme une mosaïque.  
Reportage : P. Sorgues / N. Loncarevic / L. Comiot


François Hébel, co-commissaire avec Christian Lacroix de l'événement donne sur le plateau du Grand Soir 3 un éclairage particulier de l'exposition.

Les nus sans tête

Il se fait connaître grâce à ses photos de nu, des corps féminins avec ou sans tête, en parfaite harmonie avec la nature, caressés par le soleil de Camargue, sa région.

Ses modèles féminins aux courbes dénudées, sans tête s'apparentent aux bustes des statues héritées de l'Arles Antique. "Un de ses modèles disait de Lucien Clergue +qu'il photographiait les femmes comme elles se voyaient elles-mêmes+", explique le commissaire de l'exposition. 

Parmi les œuvres qui ont fait sa renommée, les célèbres séries des Nus  de la mer et Nus zébrés, qu’il a enrichis tout au long de sa carrière.
Nu de la mer Camargue, 1956 tirage moderne argentique 40 x 30 cm
 (Atelier Lucien Clergue )

Picasso, Cocteau, Eluard des parrains de coeur

Sa rencontre avec Picasso est déterminante. Dès 1953, le peintre andalou tombe sous le charme de l'oeil photographique du petit jeune et le fait entrer dans son cercle d'amis. Cocteau, Eluard lui demandent alors des portraits pour illustrer des recueils de poésies. "Comme disait Lucien, c'était vraiment le carré d'as, j'avais tout le monde pour me parrainer alors que j'avais 20 ans", raconte François Hébel.
Picasso, président de la corrida Fréjus, 1962 tirage moderne argentique 30,7 x 50,2 cm
 (Atelier Lucien Clergue / Succession Picasso 2015 La)

La photo pour soigner les plaies de la guerre

Né en 1934, Lucien Clergue connait dès son plus jeune âge la guerre et ses atrocités. A 10 ans, il soigne sa mère mourante et garde en lui les stigmates d'une enfance douloureuse. Il traduit alors cette mélancolie dans ses premières photographies.
Ses clichés en noir et blanc (toujours) de 1954 qui présentent des enfants déguisés en acrobates et en danseuses dans les décombres débordent d'une grande tristesse. 
Acrobate Arles, 1955 tirage vintage 30,1 x 24,3 cm
 (Atelier Lucien Clergue )

Arles, les gitans et les taureaux

Amoureux de sa région et de la photographie, Lucien Clergue allie ses deux passions en 1970. Il fonde les Rencontres d'Arles qui demeurent aujourd'hui l'un des grands rendez-vous de la photographie contemporaine. L'artiste décède en octobre 2014 à l'âge de 80 ans et laisse orphelins des milliers d'amateurs de photo et des passionnés de la vie. 

"Je photographie la Camargue depuis 50 ans et pourtant, mes plus beaux jours, c'est quand je vais le dimanche sur la plage de Faraman et que je photographie ce qui s'y passe", déclarait en 2006, Lucien Clergue, auteur de quelque 800.000 photographies et de 75 ouvrages.

Son oeuvre entière rend hommage à sa Camargue natale, aux traditions et aux gens du pays. La corrida et les gitans sont des thèmes récurrents dans l'oeuvre de Clergue.
Draga en robe à pois Les Saintes-Maries-de-la-Mer, 1957 tirage moderne argentique 60 x 50 cm
 (Atelier Lucien Clergue )
François Hébel rappelle à cet effet que les gitans du camp d'Arles n'ont été libérés qu'en 1946 un an après tout le monde. "Clergue est allé vers eux, et les a photographiés avec une grande tendresse dans la fête, la musique et la joie". Il rencontre alors les plus grands musiciens de la musique tsigane, Manitas de Plata et José Reyes. 
Affiche de l’exposition Lucien Clergue. Les premiers albums
 (Rmn-Grand Palais, Paris 2015)

"Lucien Clergue" : Les premiers albums jusqu'au 15 février 2016 au Grand Palais à Paris

Horaires : Mercredi de 10h à 22h
Les autres jours de 10h à 20h
Fermé le mardi
Tarifs :Plein tarif : 10 € Tarif réduit : 7 €

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