Le Grand Palais rend hommage à l'âme photographique de Lucien Clergue
Il était l'ami de Picasso, Jean Cocteau, portait un regard bienveillant sur les gitans des Saintes-Maries de la Mer, photographiait les corps nus aux courbes féminines, Lucien Clergue a fait de la photo un art de vivre.
Le Grand Palais consacre une exposition à ses débuts fulgurants dans la photographie, à son oeuvre et à sa générosité. La vie est une suite musicale, la photographie de Clergue s'écrit en série et se lit comme une mosaïque.
Reportage : P. Sorgues / N. Loncarevic / L. Comiot
François Hébel, co-commissaire avec Christian Lacroix de l'événement donne sur le plateau du Grand Soir 3 un éclairage particulier de l'exposition.
Les nus sans tête
Il se fait connaître grâce à ses photos de nu, des corps féminins avec ou sans tête, en parfaite harmonie avec la nature, caressés par le soleil de Camargue, sa région.Ses modèles féminins aux courbes dénudées, sans tête s'apparentent aux bustes des statues héritées de l'Arles Antique. "Un de ses modèles disait de Lucien Clergue +qu'il photographiait les femmes comme elles se voyaient elles-mêmes+", explique le commissaire de l'exposition.
Parmi les œuvres qui ont fait sa renommée, les célèbres séries des Nus de la mer et Nus zébrés, qu’il a enrichis tout au long de sa carrière.
Picasso, Cocteau, Eluard des parrains de coeur
Sa rencontre avec Picasso est déterminante. Dès 1953, le peintre andalou tombe sous le charme de l'oeil photographique du petit jeune et le fait entrer dans son cercle d'amis. Cocteau, Eluard lui demandent alors des portraits pour illustrer des recueils de poésies. "Comme disait Lucien, c'était vraiment le carré d'as, j'avais tout le monde pour me parrainer alors que j'avais 20 ans", raconte François Hébel.La photo pour soigner les plaies de la guerre
Né en 1934, Lucien Clergue connait dès son plus jeune âge la guerre et ses atrocités. A 10 ans, il soigne sa mère mourante et garde en lui les stigmates d'une enfance douloureuse. Il traduit alors cette mélancolie dans ses premières photographies.Ses clichés en noir et blanc (toujours) de 1954 qui présentent des enfants déguisés en acrobates et en danseuses dans les décombres débordent d'une grande tristesse.
Arles, les gitans et les taureaux
Amoureux de sa région et de la photographie, Lucien Clergue allie ses deux passions en 1970. Il fonde les Rencontres d'Arles qui demeurent aujourd'hui l'un des grands rendez-vous de la photographie contemporaine. L'artiste décède en octobre 2014 à l'âge de 80 ans et laisse orphelins des milliers d'amateurs de photo et des passionnés de la vie."Je photographie la Camargue depuis 50 ans et pourtant, mes plus beaux jours, c'est quand je vais le dimanche sur la plage de Faraman et que je photographie ce qui s'y passe", déclarait en 2006, Lucien Clergue, auteur de quelque 800.000 photographies et de 75 ouvrages.
Son oeuvre entière rend hommage à sa Camargue natale, aux traditions et aux gens du pays. La corrida et les gitans sont des thèmes récurrents dans l'oeuvre de Clergue.
François Hébel rappelle à cet effet que les gitans du camp d'Arles n'ont été libérés qu'en 1946 un an après tout le monde. "Clergue est allé vers eux, et les a photographiés avec une grande tendresse dans la fête, la musique et la joie". Il rencontre alors les plus grands musiciens de la musique tsigane, Manitas de Plata et José Reyes.
"Lucien Clergue" : Les premiers albums jusqu'au 15 février 2016 au Grand Palais à Paris
Horaires : Mercredi de 10h à 22h
Les autres jours de 10h à 20h
Fermé le mardi
Tarifs :Plein tarif : 10 € Tarif réduit : 7 €
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