En Haute-Marne, le voyage humaniste et sensible du photoreporter Reza Deghati
Le photographe franco-iranien Reza Deghati fait partie des artistes invités cet été à la maison Laurentine en Haute-Marne. L'occasion de découvrir une facette plus artistique de celui qui a été témoin de nombreux drames humains à travers le monde.
"Parfois, entre la guerre et la paix, un bref moment permet de s'évader dans la liberté." Cette citation de Reza Deghati pourrait sous-titrer l'exposition qui lui est consacrée jusqu'au 12 septembre sur le site Le Chameau à Chauteauvillain, au sud-est de Troyes. Car c'est bien un pur moment d'évasion qui est offert au public avec la présentation d'une centaine de photos en grand format de celui qui préfère désormais se qualifier de "photojournaliste de paix".
Regroupées sous le titre L'épaisseur du silence, ce sont quarante années de voyages dans une centaine de pays du monde qui sont retracées ici. Une autre façon de découvrir ce photographe profondément humaniste. "En réalité, chaque photographie, c'est une partie de moi, personnellement. C'est gravé dans ma mémoire, dans mon corps surtout", confie celui qui est né en 1952 à Tabriz, en Iran sous le régime du Shah et qui sait parfaitement les traces que peuvent laisser la souffrance et l'exil.
La torture et l'exil
Reza Deghati n'a que 22 ans quand il est emprisonné en Iran pour avoir fait des expositions sans autorisation et des clichés qui dénoncent les ravages de ce régime. Durant trois ans, il endure la torture et les mauvais traitements. Mais c'est aussi en prison qu'il rencontre de grands intellectuels et qu'il apprend le français. À partir de là, il décide de s'engager aux côtés des opprimés. Sorti de prison, il devient un photographe reconnu mais doit s'exiler en France, pays qui devient sa seconde patrie. Photoreporter pour le National Geographic, Reza a couvert de nombreux conflits et des catastrophes humanitaires. Il a créé sa propre agence, Webistan, ainsi qu'une ONG, AinaWorld, qui s'engage en faveur de l'éducation des populations à la communication et à l'information.
"C'est un homme qui vit par et pour la fraternité, dit de lui Pierre Bongiovanni, le responsable artistique de la Maison Laurentine et commissaire d’exposition. Et dans des temps comme les nôtres, c'est extrêmement précieux."
Dialogue intime
Si Reza a écumé les zones de conflits et de drames, il ne faudrait pas limiter son oeuvre photographique à ce rôle de rapporteur de guerre. "Il m'a paru important de montrer la partie artistique et pas uniquement le côté témoin, explique Rachel Deghati, agent et épouse de Reza. Cette exposition montre un travail tout à fait différent qui parle de lumières, de rythmes, de courbes et de paysages. C'est un dialogue intime de Reza avec les situations."
Ces photos sont présentées dans le cadre de la manifestation artistique proposée par la Maison Laurentine qui est à la fois un centre d’art et une résidence d‘artistes en Haute-Marne. Chaque année, elle organise une manifestation culturelle. Baptisée "Les Origines du monde", l'édition 2021 rassemble une quarantaine artistes de tous horizons artistiques (peinture, photo, sculpture, arts numériques, littérature, musique) mais aussi des praticiens de médecine alternative, des conteurs et des conférenciers.
L'épaisseur du silence - Photographies de Reza. Jusqu'au 12 septembre 2021. Site Le Chameau - 4 route de Châtillon 52120 Châteauvillain. Entrée libre et gratuite. Tous les jours sauf le lundi de 15h à 19h
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