Cet article date de plus de dix ans.

Décès de ‘Okhai Ojeikere, grand photographe nigérian

Le Nigérian JD ‘Okhai Ojeikere, un des grands noms de la photographie africaine, est décédé dimanche à Lagos, à l’âge de 83 ans, a annoncé sa famille. Il était particulièrement connu pour ses photos en noir et blanc de coiffures africaines.
Article rédigé par Valérie Oddos
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Portrait de JD 'Okhai Ojeikere, et sa photo "Agaracha", 1974, tirage argentique baryté
 (A gauche © André Magnin, Paris - A droite © J.D. 'Okhai Ojekere, courtesy Galerie MAGNIN-A, Paris)

"Mon père a eu une maladie qui l'a emporté très rapidement, c'est un choc  pour nous tous. Mes frères étaient avec lui, dimanche, à l'hôpital, et il est  mort peu après leur départ", a déclaré Amaeize Ojeikere, un de ses cinq  enfants, à l'AFP.

Né en 1930 dans un village du sud-ouest du Nigeria, ‘Okhai Ojeikere achète à 19 ans un modeste appareil Brownie et apprend les rudiments de la photo avec un voisin. Il travaille d’abord comme assistant en laboratoire pour le ministère de l’information, puis comme photographe pour la télévision.
 
De 1963 à 1975, il fait des photos pour une agence de pub, West Africa Publicity, à Lagos, et devient membre du Nigeria Art Council (Conseil des arts du Nigeria), avant d’ouvrir son propre studio, "Foto Ojeikere".

J.D. 'Okhai Ojeikere, Abebe, 1975,  tirage argentique baryté
 (J.D. ‘Okhai Ojeikere, courtesy Galerie MAGNIN-A, Paris)
 
Des cheveux comme des sculptures
Il a commencé, en 1968, à travailler, au Rolleiflex 6x6, en noir et blanc, sur la culture nigériane. Il prend en particulier ses célèbres photos de coiffures de femmes africaines. Il photographie leurs tresses et chignons, souvent impressionnants, de dos, parfois de profil, plus rarement de face. Il les collectionne dans la rue, au bureau, dans les fêtes, dans les villages. ‘Okhai Ojeikere photographiait ces coiffures, graphiques et variées à l’infini, comme des œuvres d’art, comme des sculptures. A côté de cette approche esthétique, il avait aussi une approche culturelle, ethnographique, voulant en conserver la mémoire.
 
La série "Hairstyles", riche de près de mille clichés, est la plus aboutie. Mais ‘Okhai Ojeikere avait aussi travaillé sur le sport, les enfants, l’architecture, la mode, les arts et traditions, constituant des séries essentielles sur la culture de son pays.
J.D. 'Okhai Ojeikere, Mmon Mmon Edet, 1974, tirage argentique baryté
 (J.D. 'Okhai Ojeikere, courtesy Galerie MAGNIN-A, Paris)
 
Un photographe africain dans les grandes collections
Reconnu d’abord dans son pays, ‘Okhai Ojeikere s’était ensuite fait connaître dans le monde entier. Il était considéré comme un des grands noms de la photo africaine, avec Malick Sidibé ou Seydou Keïta et était un de ses représentants les plus exposés à l’étranger.

Amaeize a raconté à l'AFP la rencontre en 1998 entre son père et André Magnin, spécialiste d'art contemporain africain, dont la galerie le représente aujourd'hui : "C'était chez mon père, à Lagos. Un "gentleman blanc" a frappé au portail, accompagné de deux photographes nigérians. Il était à la recherche de talents  locaux", raconte Amaeize. "Quand il a vu le travail de mon père, il est tombé à genoux ! Il a dit : on va faire un livre", se souvient-il.
J.D. ‘Okhai Ojeikere, Shangalti, 1971
 (J.D. ‘Okhai Ojeikere, Courtesy Galerie MAGNIN-A, Paris)
 
De la Fondation Cartier à la  Biennale de Venise
Deux ans plus tard, en 2000, la Fondation Cartier pour l’art contemporain consacrait  à J.D. Okhai Ojeikere une grande exposition monographique. Il participera ensuite à la Documenta de Kassel en 2007 et sera présent à la 55e Biennale de Venise en 2013. Ses photos ont été exposées au musée du Quai Branly dans le cadre de l’exposition "Cheveux chéris" en 2012.
 
Ses œuvres étaient entrées dans de grandes collections du monde (MoMA, Getty Museum, Quai Branly, Fondation Cartier…)

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.