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À Rouen, trois expositions photo en plein air pointent l'objectif sur les fragilités de la planète

Invités dans le cadre du parcours photographique EOP, trois photographes internationaux présentent leur travail sur une thématique commune : le rapport au vivant. Leurs photos sont exposées dans trois lieux de la métropole normande jusqu'au 26 novembre.
Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le parcours éphémère du projet EOP présente trois expositions photo à Rouen et Bois-Guillaume. (MARIE-HELENE LABAT)

Comment l'image peut-elle éveiller les consciences et montrer simplement la responsabilité de l'homme sur le dérèglement climatique ? C'est à partir de cette question d'actualité que les organisateurs de la troisième édition du projet EOP (Espaces d’œuvres photographiques) ont construit leur nouveau parcours photographique.

À l'occasion de cette exposition, trois artistes du monde entier présentent leurs photos documentaires dans l’espace public de la métropole de Rouen.

Élaborés autour d'une cinquantaine de photos, ces parcours éphémères permettent au curieux de redécouvrir la ville sous un nouvel angle.

Expo photo climat à Rouen
Expo photo climat à Rouen Expo photo climat à Rouen (France 3 Normandie / E. Partouche / S. L'Hote / J. Bondil)

Sur les rives de la Seine, la photographe canadienne Adrienne Surprenant offre une plongée au cœur du Sud-Soudan. Chaque année, le pays connaît une saison des pluies. Mais depuis 2019, les niveaux d’eau ont atteint des records. En résulte un déplacement des populations de plus en plus important. En 2023, 700 000 personnes ont dû quitter leur habitat.

Cette montée des eaux est un véritable désastre pour les habitants de la zone, elle détruit les terres arables, provoque des famines et accentue les maladies. "On peut voir sur ses images les gens essayer de protéger par des digues de terre leur jardin et leurs dernières cultures. On est vraiment dans une catastrophe humaine", détaille Serge Périchon, commissaire d'exposition Espaces d'œuvres photographiques.

Vue du ciel, la destruction est évidente : les maisons sont submergées les unes après les autres.

Des tukuls inondés vus depuis un avion dans l'État de Jonglei, au Sud-Soudan, octobre 2021. (ADRIENNE SURPRENANT / MYOP)

À Bois-Guillaume, le photographe normand Robin Letellier présente sa série intitulée Menace sur le lac Albert. Troisième réservoir le plus poissonneux au monde, ce lac situé en Ouganda est un déversoir naturel pour le Nil, son delta regorge d’une vie abondante tant en nombre qu’en diversité. Mais depuis une dizaine d'années, la découverte de réserves de pétrole sur son territoire attire les convoitises. C'est le cas de la compagnie pétrolière Total Energies qui a lancé son chantier pharaonique sur les rives du lac.

Ce projet de pipeline bouleverse tout le territoire, la faune, la flore et l'humain sont les premières victimes. Le reportage photo de Robin Letellier montre les répercussions que le projet Tilenga fait peser sur les populations et l’environnement.

Le port de Wanseko, village du district de Buliisa, se situe sur les bords du lac Albert à l’endroit même où le Nil Victoria se jette dans ses eaux formant un delta. Le projet pétrolier Tilenga de Total Energies va bouleverser l’environnement socio-économique et écologique de toute la région. Wanseko, Buliisa District, Ouganda, mars 2021. (ROBIN LETELLIER)

Dans le centre-ville de Rouen, la place du Chêne Rouge est transformée en galerie à ciel ouvert. Accrochées à des caissons en bois, les photos de Rima Maroun apportent un peu de poésie. La photographe libanaise présente sa série Prise de Terre. Des mises en scène esthétiques où elle se photographie seule au moment du premier confinement. Allongée au fond d'une piscine ou à même le sol, elle donne une vision personnelle de l'ancrage à la terre.

Série "Prise de Terre" de Rima Maroun, 2020. (RIMA MAROUN)

Cette démarche s'est encore accentuée au moment des explosions au port de Beyrouth, en août 2020. Face à cette catastrophe, celle du Covid-19 lui est apparue alors minime. Elle a terminé la série avec des clichés de sa ville, s’accrochant à tout ce qu’il en restait "Me rappelant ainsi, que seule la terre était mon terrain stable", explique-t-elle.

La troisième édition d'EOP se poursuit à Rouen et Bois-Guillaume jusqu'au 26 novembre 2023.

Entrée libre et gratuite.

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