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53e Rencontres de la Photographie d'Arles : le retour de la photographie grand format

Les organisateurs des 53e Rencontres de la Photographie d'Arles ont dévoilé la programmation 2022. Après une édition annulée en 2020 et une année petit format en 2021, ce sera plus d'une quarantaine d'expositions qui seront présentées cet été. 

Article rédigé par Christophe Airaud
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Mitch Epstein. Ahmedabad, Gujarat, India, 1981.  Mitch Epstein. (Mitch Epstein.)

Du 4 Juillet au 25 Septembre 2022, les professionnels et amateurs de la photographie vont arpenter les ruelles de la vieille ville d'Arles. Les Rencontres vont investir les lieux habituels et d'autres plus insolites : les anciens ateliers SNCF, la somptueuse église des Frères Prêcheur ou le 1er étage du Monoprix, entre autres. 

Sur les cimaises, il y aura des résonance avec le conflit ukrainien, le récit du désastre climatique et la lutte des photographes femmes, mais aussi les créations d'avant garde du numérique. Les Rencontres sont le rendez-vous incontournable du 8e art depuis plus d'un demi-siècle. 

Lors de la conférence de presse, dans les salons du Ministère de la Culture, le président des Rencontres, Hubert Védrine a énuméré les nationalités des photographes présents, marquant ainsi l'ouverture au monde souhaitée par le festival. 

Voici un choix de 8 expositions à ne pas manquer, sur les 40 proposées. 

Humanitaire et photographie : les images de la Croix-Rouge 

Boris Heger. Site de distribution de nourriture, Abata, Soudan, 2006. Avec l’aimable autorisation du CICR.   (HEGER, BORIS)

Une coïncidence de date et un compagnonnage de plus d'un siècle. L'humanitaire et la photographie sont nés à la même période, au alentour des années 1850. Au Palais de l'Archeveché, l’exposition "Un monde à guérir" présentera les collections de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

Six cents images datant de 1850 à nos jours. Les photographes reporter, dès les balbutiements de l'action humanitaire, ont accompagné les volontaires à travers le monde. Témoins des grands désastres du 20e siècle, ils ont captés pour l'Histoire, mais aussi crée l'imagerie de l'aide humanitaire.

Lee Miller entre mode et photographie de guerre 
Lee Miller. Femmes accusées d’avoir collaboré avec les nazis, Rennes, France, 1944. Avec l’aimable autorisation de Lee Miller Archives (Lee Miller)

Lee Miller est l'une des photographes américaines des plus surprenantes. Entre 1932 et 1945 elle alterne deux activités diamétralement opposées : en photographiant le New York de la mode et des cosmétiques, et en se plongeant dans le photo-reportage de guerre.

Elle est reconnue notamment pour ses images des camps de concentration allemands de Dachau et Buchenwald (1942–1945). "J’étais très belle. Je ressemblais à un ange mais, à l’intérieur, j’étais un démon" disait-elle. Cette exposition à l'espace Van Gogh présentera les deux faces de cette artiste. 

La lutte des Mapuches de Ritual Inhabitual

Ritual Inhabitual. Paul Filutraru, Rappeur du groupe Wechekeche ñi Trawün, Santiago du Chili (RITUAL INHABITUAL)

Au sud du Chili, c'est la lutte sans merci entre l'industrie du papier et les Mapuches. Les industriels plantent d'immenses surfaces de pins ou d’eucalyptus, issus d’un clonage massif, pour rentabiliser les terres. Les Mapuches, le Peuple de la Terre, luttent pour la sauvegarde de la biodiversité, et notamment des plantes médicinales. Deux mondes face à face, les Mapuches et leur vision spirituelle de leur terre et les industriels et leur appât du gain.   

Ritual Inhabitual formé par Tito Gonzalez Garcia et Florencia Grisanti, mènent  ainsi une enquête photographie au moment où le dérèglement climatique ravage cette région. A voir à la Chapelle Saint-Martin du Méjan

Les gardiens de l'eau de Bruno Serralongue 

Bruno Serralongue. Gil Kills Pretty Enemy III devant sa maison posant avec ses armes, McLauglin, Dakota du Sud, 21 août 2017, série Les gardiens de l’eau (Water Protectors), 2017 (Bruno Serralongue)

Bruno Serralongue, photographe Français, a suivi une autre résistance. Celle des Indiens Sioux de la réserve de Standing Rock, dans le Dakota du nord aux États-Unis. Ils se sont opposés à l’enfouissement sous le fleuve du Dakota de l'Access Pipeline.

La population vivant dans la réserve, en aval du lac, redoutait des fuites qui pollueraient l’eau du fleuve. Le président Obama avait suspendu le projet de destruction de la terre sacrée des Sioux, Donald Trump a ordonné la reprise des travaux. Bruno Serralongue poursuit lui aussi sa couverture de cette résistance. A voir au Jardin d'été. 

Mitch Epstein : 10 ans en Inde (1978-1989)

Mitch Epstein. Shravanabelagola, Karnataka, India, 1981. Courtesy Black River Productions, Ltd. / Galerie Thomas Zander / Mitch Epstein. (Mitch Epstein)

Mitch Epstein est un photographe américain reconnu pour son travail en couleur et  les rapports de l'homme avec son paysage. Il a sillonné les États-Unis (sa série American Power a été exposé à la Fondation Henri Cartier Bresson ), capturé le Vietnam. Il est l'un des plus brillants documentaristes actuels. A l'Abbaye de Montmajour, le fruits de ses huit voyages effectués en Inde sera exposé. 

"Il est impossible de résumer en une phrase ou deux ce que l’Inde m’a appris, mais je peux dire que ma vie là-bas m’a donné une humilité que je n’avais pas apprise en tant qu’homme blanc, de la classe moyenne, né dans l’Amérique d’après-guerre" dit-il. 

L'avant garde féministe des années 70

Ana Mendieta. Sans titre (Verre sur empreintes corporelles), 1972. (Ana Mendieta)

"Longtemps dans les années 60/70, la peinture, art majeur, était réservé aux hommes" fait remarquer Christoph Wiesner, le directeur des Rencontres lors de la présentation du programme. "Les femmes se sont alors tournées vers la photographies" poursuit-il.

Ainsi est née "Une avant-garde féministe des années 1970", qui réunit plus de deux cents oeuvres de soixante-douze femmes artistes de la collection Verbund à Vienne, constituée pendant dix-huit ans au cours des années 1970. Archivage des travaux des premières artistes qui proposèrent une nouvelle "image de la femme", dénonçant le sexisme, les inégalités sociales et les structures du pouvoir patriarcal. A voir à La Mécanique Générale. 

Capturer le mouvements de Babette Mangolte 

Babette Mangolte. L’opéra « Einstein on the Beach », de Robert Wilson et Philip Glass, libretto et scénographie par Robert Wilson, musique par Philip Glass et son orchestre. Acte 1 : Train, avec, de gauche à droite, Lucinda Childs, Dana Reitz et Sherryl Sutton, 1976 (Babette Mangolte)

Babette Mangolte, photographe d'origine Française qui vit à New York, a rencontré les plus grands chorégraphes et metteurs (euses) en scène des Etats-Unis. En plus de cinquante ans, elle a immortalisé les créations de Trisha Brown, Richard Foreman, Lucinda Childs, Simon Forti, Robert Morris, Joan Jonas, Robert Whitman. Un sens du mouvement capté à l'instant décisif. 

Lucien Clergue, le méditerranéen  à Toulon 

Lucien Clergue. Draga en robe à pois, Saintes-Maries-de-la-Mer, 1957 (Lucien Clergue)

Sans Lucien Clergue, il n'y aurait peut-être jamais eu les Rencontres de la Photographie dans la cité arlésienne. Il en fut le créateur avec son ami Jean-Michel Rouquette, conservateur des musées d'Arles, et l'écrivain Michel Tournier. Arles se décentralise à Toulon dans trois musées pour lui rendre hommage. À travers une centaine de tirages réunis, le visiteur retrouvera les soleils méditerranéens en noir et blanc de celui qui fut l'ami de Pablo Picasso. 

Les Rencontres de la Photographie d'Arles se derouleront à partir du 4 juillet 2022

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