40 ans après la "Marche des beurs", Villeurbanne expose les clichés de Farid L'Haoua, artiste et marcheur de la première heure

En 1983, la "Marche pour l'égalité et contre le racisme" rassemble 100 000 personnes de Marseille à Paris en passant par le quartier des Minguettes, près de Lyon, où est né le mouvement. Farid L'Haoua fait partie des marcheurs permanents. Il a immortalisé cette mobilisation inédite. Une exposition présente ses clichés à l'hôtel de ville de Villeurbanne jusqu’au 15 décembre.
Article rédigé par Marie Pujolas
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
La marche des beurs immortalisé par Farid L'Haoua (Farid L'Haoua)

Marcheur infatigable, Farid L'Haoua investit l'Hôtel de Ville de Villeurbanne, près de Lyon, pour exposer ses clichés. 80 photos prises en 1983 lors de la célèbre "Marche pour l'égalité et contre le racisme", appelée aussi "Marche des beurs". À l'occasion du 40e anniversaire de cette mobilisation alors inédite en France, l'artiste nous rappelle toute l'actualité de ces valeurs de fraternité et de lutte contre toute forme de racisme et de discrimination. À voir jusqu'au 15 décembre. 

Exposition "La marche pour l'égalité et contre le racisme" à Villeurbanne
Exposition "La marche pour l'égalité et contre le racisme" à Villeurbanne Exposition "La marche pour l'égalité et contre le racisme" à Villeurbanne (France 3 Rhône-Alpes : M. Figureau / V. Paillot)

Farid L'Haou fut l'un des 32 marcheurs permanents de cette aventure inédite. Né en Algérie, il a grandi dans un quartier très pauvre de Vienne. C'est dans cette ville qu'il rejoint la marche, partie le 15 octobre à Marseille. "À l’époque j'avais 25 ans, j'étais un peu plus âgé que la moyenne des jeunes marcheurs, et je me suis retrouvé naturellement embarqué dans cette histoire. Mes copains de "SOS Avenir Minguettes" m'avaient demandé de rester et d'être le premier coordinateur et porte-parole".

Sur le parcours jusqu'à Paris, il n'a de cesse d'immortaliser ces hommes, femmes et enfants venus marcher contre les discriminations. Un témoignage précieux de ces citoyens réunis pour dénoncer les crimes racistes. "Ces photos, à travers les portraits et la façon dont je les ai exploitées, elles retracent d'abord l'inquiétude, la crainte, toute la dimension humaine des marcheurs et marcheuses. Elles montrent aussi toute la joie et l'humanité des rencontres."

Histoire d'une manifestation inédite

C'est dans le quartier des Minguettes, à Vénissieux, dans la banlieue lyonnaise, qu'est née cette colère. Durant l’été 1983, de violents affrontements opposent des jeunes et les forces de l'ordre. Toumi Djaïdja, jeune président de "SOS Avenir Minguettes", est grièvement blessé par un policier. Émeutes urbaines, violences policières, cet été-là plusieurs crimes racistes défrayent la chronique. Aux Minguettes, le père Christian Delorme et le pasteur Jean Costil lancent l'idée d'une longue marche, inspirée par le combat de Martin Luther King. La marche partira finalement de Marseille le 15 octobre 1983, à la suite du meurtre raciste d'une enfant de 13 ans. 17 personnes, dont neuf originaires de Minguettes, sont en tête de cortège. Après un départ timide, les rangs grossissent au fur et à mesure de la progression vers Paris. 100 000 participants atteignent la capitale le 3 décembre 1983 pour cette première "Marche pour l'égalité et le racisme".

Exposition "La Marche pour l'égalité et le racisme investit l'hôtel de ville"- jusqu'au 15 décembre 2023 - 2e étage de l'hôtel de ville - place Lazare Goujon, 69100 Villeurbanne - lundi, mardi, mercredi et vendredi de 9h à 17h, le jeudi de 9h à 19h - entrée libre et gratuite. 

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