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Vrai ou faux "Salvator Mundi" ? : révélations autour du "tableau le plus cher au monde" dans un documentaire diffusé sur France 5

Authentifié dans le passé comme un vrai Vinci, le "Salvator Mundi" acquis pour 450 millions de dollars par le prince saoudien Mohammed Bel Salmane, ne serait pas peint que de ses mains selon un documentaire qui sera diffusé sur France 5 le 13 avril 2021.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le Salvador Mundi attribué à Léonard de Vinci. (TOLGA AKMEN / AFP)

Le "tableau le plus cher au monde", le Salvator Mundi, acquis pour 450 millions de dollars pour le compte du prince saoudien Mohammed Ben Salmane, serait probablement de l'atelier de Léonard de Vinci et non du maître, selon un documentaire bientôt diffusé en France. Et Paris aurait décliné les conditions exigées par Riyad pour l'exposer dans l'exposition Léonard en 2019 au Louvre, révèle ce film.

Propriété secrète du prince saoudien

Antoine Vitkine, réalisateur du documentaire qui sera diffusé sur France 5 le 13 avril, a enquêté sur ce tableau racheté en 2005 en mauvais état pour 1 175 dollars par un marchand d'art new-yorkais et restauré aux Etats-Unis. Il va être authentifié comme un vrai Léonard par plusieurs experts britanniques, vendu à un oligarque russe qui décidera ensuite de le revendre. Il sera finalement mis en vente en novembre 2017 au milieu d'une enchère d'art contemporain, étant présenté comme entièrement peint par Léonard dans le catalogue.

Si le pouvoir saoudien n'a jamais confirmé que le prince est le propriétaire du "dernier Vinci", des informations concordantes indiquent qu'il l'a acquis en se cachant derrière une série d'intermédiaires. Le secret tiendrait aussi au thème du Christ. L'iconographie des prophètes en islam est mal vue.

Le prince héritier, qui veut incarner une certaine modernité et ouverture culturelle au sein de la famille royale saoudienne, a l'ambition de construire des musées, notamment sur le site antique d'Al-Ula. Selon le documentaire, pouvoir disposer d'un Léonard de Vinci pouvait être aux yeux de "MBS" un point de départ pour une collection prestigieuse que le royaume ne possède pas encore.

"Un Vinci à 100%" ?

Alors que les experts se mettaient à douter (l'oeuvre ne serait-elle pas en partie de la main des assistants de Léonard ?), en avril 2018, "MBS" était reçu par Emmanuel Macron. Selon une source interne de l'administration citée dans le documentaire, le Salvator Mundi figurait au menu des discussions.

Les Saoudiens demandent à la France d'expertiser le tableau. Or le Louvre abrite le C2RMF, laboratoire destiné à l'analyse des oeuvres d'art. Il y serait resté trois mois. L'expertise démontrerait, toujours selon cette source, que "Léonard n'aurait fait que contribuer au tableau". Le Louvre en aurait informé les Saoudiens.

Ben Salmane voulait prêter le tableau au Louvre pour la grande exposition consacrée à Leonard de Vinci fin 2019. "Sa demande était très claire : exposer le Salvator Mundi aux côtés de la Joconde, et le présenter comme un Vinci à 100%. L'exposer à ces conditions saoudiennes reviendrait à blanchir une oeuvre à 450 millions de dollars", fait valoir la même source à ses supérieurs.

Art et diplomatie

Selon le documentaire, les ministres des Affaires étrangères et de la Culture, Jean-Yves Le Drian et Franck Riester, auraient été "sensibles à tous les projets que faisaient miroiter le Saoudiens", en matière d'ouverture culturelle et touristique de leur pays. "Fin septembre, Macron tranche : il est décidé de ne pas donner suite à la demande de MBS". Au dernier moment, Ben Salmane aurait refusé de le prêter à des conditions autres que les siennes.

"Antoine Vitkine avait sollicité le Louvre mais nous n'avons pas souhaité répondre à ses questions, le tableau n'ayant pas été prêté lors de la rétrospective Léonard de Vinci", a indiqué mercredi le musée. Le documentaire est une charge très documentée contre un marché de l'art où les oeuvres sont recherchées comme des produits spéculatifs, et où les intermédiaires touchent des commissions exorbitantes.

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