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Vidéo "Du Roi enfant à l'enfant roi", une exposition au musée Marmottan Monet

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Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Quasiment invisible jusqu'à l'ère des Lumières, l'enfant va peu à peu accéder au statut d'individu. Un bouleversement qu'enregistrent les arts plastiques. "Du Roi enfant à l'enfant roi", une exposition au musée Marmottan Monet retrace cette évolution picturale autant que sociale.

Philippe de Champaigne, les frères Le Nain, Chardin, Greuze, Millet, Daumier, Corot, Cézanne, Monet, Renoir, Picasso... Près de 80 pièces sont réunies pour cette exposition (jusqu'au 3 juillet), dont beaucoup de chefs d'oeuvre, mais aussi des toiles surprenantes et beaucoup moins connues. "Nous voulons utiliser la peinture comme un vecteur pour raconter une partie de notre histoire", explique Marianne Mathieu, commissaire de "L'Art et l'Enfant", avec l'historien Jacques Gélis et l'historien d'art Dominique Lobstein."Pendant très longtemps, le seul enfant représenté est l'Enfant Jésus, poursuit-elle. Il ressemble à un homme en miniature, n'a pas d'identité propre."

Comment  l'enfant est devenu un sujet en soi

Les premiers portraits royaux présentés datent du 16e siècle. En tenue d'apparat, l'enfant est d'abord un héritier, le descendant d'une lignée. Le futur Louis XIV a à peine deux ans lorsqu'il pose en robe de velours à fleurs de lys pour un peintre resté anonyme. "L'enfant n'est pas un sujet en soi, souligne Marianne Mathieu.

La mortalité infantile est considérable. Un enfant sur quatre mourrait avant un an." Si les portraits de défunts apparaissent dans certains milieux au XVIIe siècle, il est très rare qu'ils concernent un enfant, comme celui longtemps attribué à Philippe de Champaigne. Sous l'influence des philosophes et des médecins, l'Etat va s'intéresser à la mortalité infantile. Est ainsi exposé un rarissime écorché de femme enceinte de Jacques-Fabien Gautier Dagoty, gravure sur cuivre en couleurs.

Fragilité de la vie

Avec les Lumières, la famille bourgeoise devient objet de représentation, et l'affection le sujet de la peinture. "On n'a plus peur de montrer son attachement", relève Marianne Mathieu, et une jeune femme inconnue, visiblement aristocrate, pose pour un superbe portrait en train de donner le sein. Présenté d'abord avec sa famille, l'enfant va acquérir son autonomie. "Jusque-là, il est un objet, il devient un sujet", résume la commissaire.

Cette image perdure après la Révolution, mais le portrait de l'enfant est fréquemment associé à la vanité et à la fragilité de la vie comme dans celui du Docteur Trioson avec son fils décédé à 14 ans.

Philippe-Auguste Jeanron : Les petits patriotes. 1830, huile sur toile, 101cm x 81.
 (RMN-Grand-Palais / Daniel Arnaudet)

Au XIXe, l'enfant est le "sujet de peinture par excellence" et les artistes "se font les interprètes d'une enfance très contrastée", note Marianne Mathieu, de l'image désabusée des petits "Gavroche" des lendemains révolutionnaires, au "clairon" d'Eva Gonzales, plus académique que le "Fifre" de Manet dont elle fut l'élève. Daumier, à la facture très moderne, porte son attention vers le fils du peuple, comme Millet avec "La Becquée", emblème d'une France rurale qui s'oppose à celle des usines et des enfants abandonnés.

A lire aussi : l'article de Thierry Hay "L'art et l'enfant au musée Marmottan" 

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