Rembrandt à Fontevraud, quand l'eau-forte sublime les gravures du maître flamand
En mai 2021, l’abbaye de Fontevraud accueillait un nouvel espace artistique, le Musée d’art moderne. C’est Monet qui avait inauguré le lieu, attirant plus de 80 000 visiteurs. Le succès devrait être également au rendez-vous avec cette exposition consacrée à Rembrandt, pas le peintre mais le graveur hors pair qu’il fut. Jusqu’au 24 septembre, une centaine d’œuvres sont ainsi exposées, des eaux-fortes provenant du Fonds Glénat, de la Fondation Custodia et du Petit Palais.
Une technique particulière
Entre 1628 et 1665, Rembrandt a réalisé près de trois cents estampes (une estampe désigne le résultat de l'impression d'une gravure) avec un talent particulier pour la technique de l’eau-forte. Que désigne ce terme ? Avec une pointe, l’artiste grave un dessin sur une plaque de cuivre recouverte d’un vernis. Elle est ensuite trempée dans un bain d’acide nitrique, l’eau-forte, qui ronge les parties gravées, non protégées par le vernis. Une fois nettoyée et encrée, la plaque est pressée pour obtenir une estampe.
L'eau-forte version Rembrandt
Pour permettre au public de comprendre comment travaillait Rembrandt, les organisateurs ont choisi de sortir d’une présentation des œuvres par thèmes (scènes bibliques, paysages, nus...) ou par dates. Les sections s’organisent autour des moyens esthétiques (clair-obscur, accumulations, trouée, etc.) et techniques (traits, hachures, etc.) utilisés par l’artiste.
Rembrandt est loin d’être le seul à utiliser l’eau-forte mais il le fait “à sa sauce”, en multipliant les “états”, c’est-à-dire en retravaillant plusieurs fois la même plaque après l’impression. Concrètement, il reprend le dessin à la pointe sèche, ajoute des hachures. Avec un encrage différent, il modifie la luminosité, transformant radicalement l’ambiance d’une scène, l’expression d’un visage.
La force des détails
Avec cette technique, celui qui est déjà considéré comme le roi du clair-obscur trouve un moyen incomparable de travailler les rapports entre l’ombre la lumière. Dans une eau-forte, il n’y a que le noir et le blanc. Les contrastes sont d’autant plus puissants, les expressions plus soutenues. Mais cette puissance est aussi empreinte d’une grande finesse. Les lumières font l’objet d’un travail fascinant qui incite à l'observation. Les œuvres présentées étant souvent de petits formats, le visiteur doit s’approcher pour percevoir certains détails... et prendre son temps. "Ce n’est pas une exposition qui se visite rapidement", souligne Dominique Gagneux, directrice du musée. C’est aussi une façon de rentrer dans l’intimité de l’œuvre.
Une intimité renforcée par un dispositif numérique qui comprend un outil de création d’une gravure, un autoportrait animé et interactif, quatre gravures animées qui mettent en lumière certains détails de l’œuvre originale et cinq œuvres animées par l’artiste grenobloise Pauline de Chalendar.
Contrepoint coloré
En écho aux gravures de Rembrandt, les œuvres du photographe contemporain franco-allemand Elger Esser. Ses clichés, qui répertorient des paysages sans présence humaine, forment un contrepoint coloré à l’exposition et au travail du maître flamand. En effet, elles ont été imprimées sur cuivre argenté ce qui leur donne des reflets différents selon le jeu de la lumière.
Exposition "Rembrandt en eau-forte" jusqu'au au 24 septembre au Musée d’Art Moderne de l’Abbaye de Fontevraud (49590) - Ouvert tous les jours de 10h à 20h jusqu'au 27 août puis de de 10h à 19h à partir du 28 août - Tarif plein : 11€, tarif réduit : 8€.
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