Pourquoi la rétrospective Ilya Répine au Petit Palais a-t-elle autant fasciné les foules ?
L'exposition "Ilya Répine (1844-1930), Peindre l’âme russe" au Petit Palais, à Paris, s’apprête à fermer ses portes le 23 janvier 2022. Avec plus de 100 000 visiteurs, la rétrospective de ce peintre jusqu'alors inconnu en France est un carton. On vous explique pourquoi.
Et dire que le peintre n’avait jamais été exposé en France, ni même en Europe ! Pourtant, depuis son ouverture le 5 octobre dernier à Paris, la rétrospective du Petit Palais Ilya Répine (1844-1930), Peindre l’âme russe qui va bientôt fermer ses portes fait un carton avec plus de 100 000 visiteurs. Explications.
Ilya Répine conteur d’histoires russes
Dans son pays, depuis toujours Ilya Répine est considéré comme une star, pourquoi ? Parce qu’avec sa peinture réaliste, il a su mieux qu’aucun autre faire revivre les grands bouleversements de la Russie des XIXe et XXe siècles. De la Russie des Tsars aux premières révolutions, l’œuvre de cet artiste n’a pas son pareil pour nous replonger dans l’Histoire, et nous faire revivre les grands changements de la société russe. Sa peinture sociale et sociétale, aussi concrète que précise, nous entraîne dans une autre dimension, au sens figuré comme au sens propre.
Plus de 2 mètres sur 3 mètres 60, l’immense tableau Les cosaques Zaporogues (1891) illustre à lui tout seul tout le talent d’Ilya Répine pour nous replonger dans l’histoire de ces mercenaires ivres et hilares, en train d’écrire une lettre au sultan de Turquie. Et si personne n’a jamais vraiment su pourquoi ils rient autant, les spécialistes savent précisément que si Répine a mis dix longues années pour peindre cette fresque fabuleuse, c’est parce qu’il s’est minutieusement documenté sur chaque détail de la scène. Détails des tenues et des coiffures, des instruments de musique, chaque aspect du tableau est authentique, et permet au visiteur de se sentir quasiment "en immersion", d’autant plus que le cadrage très cinématographique l’y incite presque physiquement.
La capture de l’instant décisif
La force du peintre russe c’est aussi et surtout sa capacité à saisir l’instant. Comme un reporter photographe avant l’heure, Ilya Répine sait saisir et faire ressentir l’instant décisif. Gestes suspendus qui évoquent le mouvement en train de se faire, visages ultra expressifs qui suggèrent la parole, jeux de regards : c’est un style photographique avant l’heure. Et le public a clairement l’impression d’assister à une scène réelle, bien vivante, qui a été interrompue et immortalisée.
Ilya Répine est très proche de nombreuses personnalités russes de son temps, comme le compositeur Moussorgski, l’écrivain Tolstoï, ou encore le collectionneur Trétiakov. Aux côtés de ces grands formats historiques, l'exposition au Petit Palais nous fait donc aussi découvrir une magnifique galerie de portraits, et la virtuosité du peintre pour traduire l’intensité psychologique de ses modèles : une pianiste blasée, ou un musicien dépassé par ses addictions, Modeste Moussorgski justement qui meurt d’alcoolisme à 42 ans.
Son image intense et émouvante, immortalisée par son ami Répine hante le visiteur longtemps après sa sortie de l’exposition… Et c’est ça aussi l’impact du style fascinant d’Ilya Répine.
"Ilya Répine ( 1844-1930), Peindre l’âme russe"
Petit Palais
Av. Winston Churchill, 75008 Paris
Du 5 octobre 1921 au 23 janvier 2022
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