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Picasso et Bâle : 50 ans d'une histoire passionnelle

C'est une histoire d'amour qui unit Pablo Picasso et la ville de Bâle (Suisse) depuis 50 ans. En 1967, la cité rhénane se bat pour conserver les œuvres du peintre espagnol dans son Kunstmuseum. En remerciement, le maître offre quatre tableaux au musée. Des liens célébrés par une rétrospective : "50 ans de Picasso-story" se tient à Bâle jusqu'au 12 août 2018.
Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
"50 ans de Picasso-story" la nouvelle exposition du Kunstmuseum Basel qui raconte le lien très fort entre l'artiste catalan et la ville suisse
 (Kunstmuseum Basel)
La rétrospective "Picasso-Story"du Kunstmuseum expose jusqu'au 12 août 2018 des oeuvres de la période figurative de l'artiste et des photos d'époque. 

Une manière de célébrer le 50e anniversaire de l'acquisition de tableaux de Picasso par le musée de Bâle (Suisse). Une exposition d'où ressort la fougue artistique qui a agité la cité rhénane en 1967 pour conserver les oeuvres du peintre. 

Reportage : A. Perreaut / N. Meyer / M. Beauclair

Des oeuvres essentielles à une époque charnière

C'est une histoire assez peu connue du grand public, mais qui a remué en son temps l'histoire de l'art en Suisse alémanique. En 1967, les Bâlois manifestent dans les rues et devant le Kunstmuseum pour conserver deux toiles de Picasso. Leur propriétaire en proie à des difficultés financières veut s'en défaire. Mais pour les Bâlois, hors de question de laisser filer "Les deux frères" et "Arlequin assis".
Josef Helfenstein, Directeur du Kunstmuseum Basel devant les deux fameux tableaux
 (PHOTOPQR/L'ALSACE/MAXPPP)
Ces deux toiles marquent les débuts de la carrière du peintre. "Elles représentent deux phases, le tout début de sa carrière et les années 1920 : deux périodes figuratives de Picasso qui a peint avec beaucoup de précision, de finesse et de sensibilité", explique Eva Reifert, commissaire de l'exposition. Touché par le soulèvement populaire, le grand maître espagnol fait don de quatre œuvres, dont une esquisse des "Demoiselles d'Avignon". Par la suite, un mécène offre une septième toile au musée.
  (France 3 / Culturebox )

Le miracle Picasso à Bâle 

A l'occasion de cet anniversaire, une présentation élargie de la collection pose un regard neuf sur les circonstances de l’acquisition par les citoyens bâlois de deux des tableaux. Des photos de Kurt Wyss prises dans les rues à l'époque sont exposées, passé et présent se croisent à travers journaux, albums de photos et interviews présentés sur les tables numériques. Les habitants se mobilisent et approuvent par référendum l'acquisition des oeuvres par la ville. Une collecte de fonds est organisée, un mouvement hétéroclite se crée.
Photo de Kurt Wyss photo du soulèvement populaire de la jeunesse bâloise pour conserver deux tableaux de Picasso
 (France 3 / Culturebox / Capture d'écran)
Toute la jeunesse, bourgeoise ou hippie autour d'une même cause. Dans les rues, les manifestants défilent avec des banderoles scandant le nom de Pablo, c'est l'histoire du combat d'une ville pour son art. "Il y a une longue tradition d'identification de la population avec ce musée, ce sont les jeunes qui ont manifesté dans les rues pour conserver ces deux Picasso", raconte Josef Helfenstein, directeur du Kunstmuseum Basel. 
Exposition des photos de Kurt Wyss au musée de Bâle
 (France 3 / Culturebox )
L’exposition se penche sur les acteurs de l’époque et ceux d’aujourd’hui – citoyens, artistes, directeurs et mécènes – dont l’action collective favorise l’émergence d’épisodes d’identification à la ville de Bâle et à sa collection.

1967-2018 : la question de l'appropriation de l'art

Au centre de la réflexion de l'exposition du Kunstmuseum il y a cette question récurrente : « Quel type d’art peut entrer au musée ? ». En 1967-1968, dans le contexte du crédit d’acquisition et de la levée de fonds citoyenne en vue du financement des deux œuvres de Picasso, cette question avait suscité de vifs débats entre des opinions souvent divergentes. Puisqu’elle n’a rien perdu de son actualité en 2017-2018, il s’agit de relancer la discussion sous la forme de consultations de citoyens et d’artistes, et d’étudier leurs rapports aux sentiments d’appartenance et de solidarité, à l’art et au commerce, ainsi que la relation des citoyens avec le Kunstmuseum.

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