Paris : les baroques flamands au Musée Marmottan
L’exposition s’appelle "Rubens, Van Dyck, Jordaens et les autres. Peintures baroques flamandes aux musées royaux des beaux-arts de Belgique". En réalité, ce serait plutôt les autres.
Explication : "Des chefs-d'oeuvre de Rubens, Van Dyck et Jordaens sont présentés car on ne peut pas parler de peinture baroque sans les évoquer, mais il semblait intéressant de mettre l'accent sur les peintres du deuxième tiers du XVIIe siècle pour le public parisien, moins familiarisé à ces artistes-là", avait déclaré à l’AFP SabineVan Sprang, commissaire de l'exposition et conservatrice de la peinture flamande des musées royaux de Belgique, à l’ouverture de l’exposition.
Et ce n’est pas une raison pour bouder son plaisir. D’abord parce que les quelques œuvres des trois "stars" du Siècle d’or de la peinture flamande méritent à elles seules le déplacement. Comme ces deux portraits d’Antoine van Dyck (1599-1641), sobres et imprégnés de la psychologie de ses sujets. Du père Jean Charles della Faille au regard intense, il nous transmet tout en finesse la classe et l’intelligence. Le portrait a été peint au moment où l’homme était appelé à la cour d’Espagne pour enseigner les mathématiques au Collegium Imperiale.
Van Dyck a été l’assistant de Pierre Paul Rubens au début de sa carrière. Ses talents de portraitistes étaient tels qu’il a été embauché par la cour d’Angleterre en 1632 après un détour par l’Italie. De son maître, on verra les portraits de l’archiduc Albert et de l’archiduchesse Isabelle, pour qui il travaillait
Une scène truculente de Jordaens
L’exposition propose aussi "Les miracles de Saint Benoît", entièrement peint de sa main (Rubens avait un grand atelier qui était une vraie entreprise). Ce tableau inachevé permet de voir comment il travaillait. Dans cette scène au lyrisme manifeste, caractéristique de ses scènes religieuses ou mythologiques, il présente des personnages dans des postures dramatiques, sous un ciel sombre.
Rubens a passé huit ans en Italie où il a été marqué par les œuvres du Caravage, et réalise une synthèse entre l’esprit flamand et le baroque italien.
De Jacques Jordaens (1593-1678), on peut voir Le roi boit, une scène populaire truculente où le roi est entouré d’une joyeuse bande, verres en l’air. Dans un coin, un homme vomit. Plus loin, une femme essuie les fesses de son enfant. Et tout le monde rigole.
L’exposition présente au total quarante et un tableaux des anciens Pays-Bas méridionaux prêtés au Musée Marmottan dans le cadre d’un accord de partenariat avec les Musées royaux des beaux-arts de Belgique.
Comme la tablée paillarde de Jordaens, au chapitre de la peinture de genre, les excès des scènes de fêtes sont fréquents et peuvent avoir pour but de rappeler les règles de bonne conduite. Des scènes campagnardes et des compositions florales
Paysages et scènes campagnardes se mêlent, pleines de détails réalistes : une femme épouille sa petite fille dans La Cour de ferme de Jan Siberechts, un homme urine contre le mur de la maison dans Repos à l’ombre de David Teniers le Jeune. On travaille, dans ces paysages : on fait du feu, on fend du bois, on surveille le bétail. Les ciels sont délicats quand ils ne sont pas dramatiques.
Autre genre où les flamands excellent, la nature morte. Jan Fyt peint particulièrement bien la matière des pelages et des plumes : dans un clair-obscur, un lièvre chassé et jeté sur la table a l’air aussi vivant que quand il courait encore dehors.
Les compositions de fleurs sont somptueuses. Celles d’Abraham Brueghel ont séduit l’aristocratie de Rome et de Naples, où il a longuement vécu.
Celles de Peeter Snijers sont plus ambiguës : la beauté des fleurs laisse entrevoir le pourrissement et l’approche de la mort.
Rubens, Van Dyck, Jordaens et les autres – Peintures baroques flamandes aux musées royaux(Nouvelle fenêtre) des beaux-arts de Belgique, Musée Marmottan Monet(Nouvelle fenêtre), 2 rue Louis Boilly, Paris 16e
tous les jours sauf lundi, 10h-18h, le jeudi jusqu’à 20h
tarifs : 10 € / 5 €
Jusqu’au 3 février
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