Naples à Paris : une exposition exceptionnelle où les chefs-d'œuvre du musée de Capodimonte se mêlent à ceux du Louvre
De Raphaël au Caravage, de Michel-Ange à Ribera, deux grands musées, parmi ceux qui possèdent les collections les plus importantes d'art italien, s'associent pour une exposition exceptionnelle : le musée Capodimonte de Naples, qui va fermer pour travaux, prête au Louvre 70 de ses plus grands chefs-d'œuvre, qu'on pourra voir pendant six mois à Paris. L'occasion pour ceux qui n'ont pas fait le voyage à Naples de découvrir des peintures extraordinaires, et aussi de revoir les œuvres italiennes, non moins extraordinaires, du Louvre.
Contrairement à de nombreux musées italiens souvent spécialisés dans une production régionale, Capodimonte possède une collection où sont représentés tous les courants de la peinture italienne, avec des œuvres vénitiennes, parmesanes, florentines, romaines et bien sûr napolitaines. C'est son histoire qui l'explique : cette collection a pour origine celles de la famille Farnèse, que Charles de Bourbon (1716-1788), duc de Parme et de Plaisance, transfère au palais royal de Capodimonte quand il devient roi de Naples en 1734, un roi éclairé. Les Bourbon, qui font de la ville une grande capitale européenne, et les Bonaparte-Murat continueront à enrichir cette incroyable collection.
Un dialogue avec les tableaux du Louvre
Le grand musée napolitain, qui fermera bientôt pour travaux, a donc prêté au Louvre 70 tableaux. Mais ce n'est pas une exposition des plus belles peintures de Capodimonte qu'on peut y voir. Elles ont été installées dans la grande galerie, au sein des collections italiennes du Louvre, avec lesquelles elles dialoguent. C'est l'occasion aussi de découvrir avec grand plaisir les trésors du grand musée parisien, ou de revoir La Vierge aux Rochers et la Sainte-Anne de Léonard de Vinci, ou le Saint-Sébastien de Mantegna
On peut distinguer les œuvres de Capodimonte dans le parcours par leurs cartels rouges. Les prêts ont été réfléchis en fonction des tableaux accrochés en permanence à Paris.
Il s'agissait pour les commissaires généraux de l'exposition Sylvain Bellenger, directeur général de Capodimonte et Sébastien Allard, directeur du département des peintures du Louvre, de porter un regard critique sur la façon dont on présente au Louvre la peinture italienne, et parfois de venir combler les manques de la collection française, pourtant une des plus complètes au monde.
Masaccio, Bellini, Parmesan, des artistes peu représentés au Louvre
Le parcours s'ouvre ainsi sur la première Renaissance, avec une Crucifixion du Florentin Masaccio (1401-1428), novateur en matière de perspective et de peinture des émotions, absent des collections du Louvre. De la première Renaissance aussi, mais à Naples cette fois, on peut découvrir le retable de Colantonio (XVe)
On pourra admirer la lumineuse et vibrante Transfiguration de Giovanni Bellini, dont le Louvre possède peu de tableaux. Il conserve peu de peintures vénitiennes du XVe siècle, alors qu'il est riche en Vénitiens du XVIe, comme Véronèse et Titien. De la même façon, le musée parisien est pauvre en peintures de Parmesan. Capodimonte en a envoyé plusieurs à Paris, dont le très beau portrait d'Antea.
Portraits et nus de Naples et du Louvre se côtoient, avec la célèbre Danaé du Titien (Capodimonte) face au Sommeil d'Antiope de Corrège (Louvre).
Baroque napolitain, de Caravage à Mattia Preti
On s'arrêtera devant la sublime Pietà napolitaine d'Annibal Carrache (1599-1600), pleine de douceur et de compassion accrochée à côté de celle du Louvre, datée de 1602. Plus tard, on admirera les lignes élégantes de Atalante et Hippomène du Bolonais Guido Reni, où les figures ont l'air de danser.
La présentation donne une place importante au baroque napolitain du XVIIe, époque où Naples est un grand foyer artistique, dans le sillage de Caravage. De l'Espagnol Jusepe de Ribera qui a travaillé presque toute sa vie à Naples, dont Capodimonte nous prête le sombre et grotesque Silène ivre, et Apollon et Marsyas peinture plus claire. Jusqu'à Mattia Preti, moins connu, dont on peut remarquer le très beau Saint Sébastien.
De fabuleux cartons
Deux autres espaces sont dédiés à l'événement. L'histoire du musée de Capodimonte est présentée dans la petite salle de la Chapelle, qui accueille aussi deux objets d'art exceptionnels : la célèbre Cassette Farnese (1548-1561), somptueux objet en argent doré orné de plaques de cristal de roche gravées, commandé par le cardinal Alexandre Farnèse, neveu du pape Paul III. Et puis la Chute des géants (1785) de Filippo Tagliolini, plus grand biscuit de porcelaine du monde. Car Capodimonte est aussi un important centre de production de porcelaine. C'est la première fois que cette pièce monumentale, dont le transport est un exploit, voyage hors de Naples.
Enfin, dans la salle de l'Horloge, on peut admirer les fabuleux cartons de la Renaissance dont Capodimonte possède une collection exceptionnelle, parmi lesquels un Moïse devant le Buisson ardent de Raphaël ou spectaculaire Groupe de soldats de la Cricifixion de saint Pierre de Michel-Ange. Il s'agissait au départ de dessins préparatoires à l'échelle réelle qui étaient reportés sur des fresques ou des tableaux. Ils sont devenus des œuvres de prestige, des œuvres d'art à part entière quand Léonard et Michel-Ange ont commencé à exposer les cartons monumentaux qu'ils avaient dessinés au tournant du XVIe siècle pour les fresques de la salle du grand conseil du Palazzo Vecchio de Florence, un chantier finalement jamais abouti.
Naples à Paris, le Louvre invite le musée de Capodimonte
Musée du Louvre
Tous les jours sauf le mardi, 9h-18h. Nocturne le vendredi jusqu'à 21h45
Du 7 juin 2023 au 8 janvier 2024
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