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Les humeurs vençoises de Dubuffet au musée de Vence, retour sur une période foisonnante

L’arrière-pays provençal a fasciné de nombreux peintres. Parmi eux, le Normand Jean Dubuffet qui a trouvé à Vence une source d’inspiration déterminante dans la suite de son parcours pictural. 

Article rédigé par Chrystel Chabert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Jean Dubuffet dans les années 50. Un sourire lumineux doublé d'un caractère bien trempé. (UNIVERSAL PHOTO/SIPA)

Peut-on ne pas aimer une région tout en y trouvant une source d’inspiration ? Même si cela semble paradoxal, la réponse est oui. C’est en tout cas ce qui s’est passé pour Jean Dubuffet.

En 1955, le peintre normand vient s’installer à Vence dont le climat est bénéfique pour la santé de sa femme Emilie Carlu dite Lili. Ils y resteront jusqu’en 1959 avant de repartir mais le couple reviendra régulièrement dans cette ville des Alpes-Maritimes. Venu contre son gré, l’artiste au caractère rugueux trouve finalement dans les ocres provençaux une source d’inspiration.

En témoigne l’exposition Dubuffet - Humeurs vençoises proposée jusqu’au 13 novembre au musée de Vence. 

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Expo Dubuffet Vence {} (FTR)

Lieu de recherches

Lorsqu'il arrive à Vence en 1955, Jean Dubuffet est déjà un artiste reconnu qui a fait couler beaucoup d’encre. Sa première exposition personnelle à la galerie René Drouin place Vendôme à Paris en 1944 a suscité de nombreuses réactions contradictoires et parfois profondément hostiles.

Ancien élève des Beaux-arts du Havre, sa ville natale, Dubuffet joue malgré tout sur le côté brut et volontairement gauche, "anti-culturel" de ses œuvres. Il vit à Paris, New-York, voyage dans le désert du Sahara, séjourne dans le Puy-de-Dôme (où sa seconde épouse effectue des cures, à Durtol).

Aux débuts des années 50, il commence à utiliser des matériaux trouvés dans la nature avec lesquels il forme des assemblages : bois de vigne et sarments, ailes de papillons, charbon de bois, racines, pierres... Une démarche qu'il poursuit tout naturellement à Vence. Un peu à la manière d’un Facteur Cheval qui remplit ses poches de pierres trouvées le long des chemins drômois, Dubuffet glane lors de ses marches des “morceaux de nature”. "Il a été fascine par l’arrière-pays, confirme Jean Iborra, le directeur du musée de Vence, sa dimension naturelle, le sol, la végétation, la montagne"

 

La période vençoise est très prolifique et les oeuvres de Dubuffet traduisent dans leurs titres ses recherches sur le terrain : Topographies Texturologies, Matériologies, Aires et sites ou encore Routes et Chaussées dont fait partie Sol du chemin très usagé, le jardin de pierres à Vence. Il y a également le cycle des Phénomènes et la série des Éléments botaniques.

Détail d'un tableau composé d'ailes de papillons - Exposition "Jean Dubuffet - Humeurs vençoises" au musée de Vence  (E. Jacquet / France Télévisions)

Un explorateur 

A partir de 1960, il s'installe dans une nouvelle maison baptisée Le Vortex où il prend possession d'un atelier vaste comme une usine. En face de lui, la chaîne des  baous, ces hautes collines escarpées dont le sommet est plat.

Pour résumer le Dubuffet de cette période foisonnante et tournée vers la nature, on citera les mots de son ami Witold Gombrowicz. L'écrivain polonais, installé lui aussi à Vence dans la Villa Alexandrine, écrit ceci : "Dubuffet est un Christophe Colomb de la matière, un matérialiste, un explorateur… entre l’abstrait et le concret, entre la vie et la culture."

Exposition "Jean Dubuffet - Humeurs vençoises" au musée de Vence  (E. Jacquet / France Télévisions)

Exposition "Jean Dubuffet - Humeurs vençoises" - au Musée de Vence jusqu'au 13 novembre 2022 - 2, place du Frêne - ouvert du mardi au dimanche, de 11h à 18h. Tarifs : de 3€ à 6€ - Tel : 04 93 58 15 78.

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