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Le mystère des portraits de la peinture flamande dévoilé au musée de Flandre

Comment raconter l'âme des vivants au-delà des visages ? C'est le thème de la nouvelle exposition du musée de Flandre à Cassel intitulée "La Figure ou le reflet de l'âme". Jusqu'au 1er avril 2018, le musée du Nord propose de répondre à cette question récurrente dans les portraits de la peinture flamande.
Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
« La figure ou le reflet de l’âme » : la nouvelle exposition du musée de Flandre à Cassel explore les dessous de l'art du portrait dans la peinture flamande
 (France 3 / Culturebox / Capture d'écran)

La nouvelle exposition du musée de Flandre à Cassel (59) questionne la représentation de l’être humain dans la peinture flamande. Que se passe-t-il derrière la matière ?  Que disent ces yeux écarquillés sur le monde ? Que cachent ces visages diaphanes et imperturbables des bourgeois ?

Sandrine Vézilier-Dussart et Cécile Laffon, co-commissaires de l'exposition "La figure ou le reflet de l’âme", apportent plusieurs clés de compréhension. 

Reportage : C. Massin / S. Rosenstrauch / A. Maquet


Au travers de tableaux aussi variés que des scènes religieuses, mythologiques ou de genre, le parcours pose notamment la question des modèles.
  • Le Divin : le grand fantasme
 La représentation du divin ne va pas de soi comme le rappelle la Bible, qui montre à plusieurs reprises Dieu détruisant les idoles et punissant ceux qui les adoraient. Que ce soit pour les personnages bibliques ou mythologiques, l’Homme a très tôt cherché à représenter le divin. Dès le XVIe siècle le peintre est confronté à l’absence de représentations voire même de sources certifiées.
Le Christ couronné d’épines (détail), Anonyme, Huile sur bois, Musée des Beaux-Arts, Dunkerque
 (France 3 / Culturebox / Capture d'écran)

Quelques solutions s’offrent à lui : reproduire ou s’inspirer des modèles anciens, se baser sur l’étude psychologique et sur l’histoire du sujet, ce qui permettra de déterminer plus ou moins son apparence. Loin des "portraits d’après nature", l’imagination semble alors davantage sollicitée. 
  • Les bourgeois : le droit au portrait 
A partir du XVe siècle les portraits des grands bourgois se développent. Ils apparaissent d’abord en tant que donateurs sur les retables d’églises dont le sujet principal concerne un épisode religieux.
Frans Floris, Portrait de dame âgée 1558, huile sur bois 
 (Musée des Beaux arts de Caen)
"A partir du XVIe siècle, les bourgeois se font portraiturer avec une certaine austérité dans le costume, le fond sombre et qui en impose dans leur posture comme cette vieille dame peinte par Frans Floris en 1558", souligne Sandrine Vézilier-Dussart, Conservatrice en chef du musée départemental de Flandre. 
  • Les trognes de la misère 
Les "trognes" expression dérivée du mot néerlandais tronie, sont des études de têtes, dans le but de saisir une expression en particulier. À l’origine, elles font partie du processus de création du peintre, étape préliminaire à la réalisation du tableau définitif, lui permettant d’améliorer le modelé d’un visage et d’en peaufiner les contours. Les tronies deviendront un sujet à part entière dont les artistes flamands se feront une spécialité.
Une "Trogne"
 (France 3 / Culturebox / Capture d'écran)
Les Flamands racontent aussi à travers leur art, la vie quotidienne dans sa réalité crue. L’artiste peint des stéréotypes qu’il réutilise d’une composition à l’autre. Au-delà de l’action, c’est la vision sans concession des peintres portraiturant des personnages anonymes au faciès marqué par la vie et aux expressions peu flatteuses qui interpelle.
"La rieuse" Attribué à Jan van de Venne et "Portrait d'un vieillard" de rembrandt
 (Musée des Beaux-Arts de Dunkerque /  Agnes Etherington Art Centre, Kingston, Canada)
"On peut se demander si cette vieille dame [peinte par Jan van de Venne] est un homme ou une femme tant ses traits sont déformés pas l'âge et la vie. Avec ses rides, ce nez très rougi, ces yeux révulsés, ce profil édenté, on se demande bien ce qu'elle a pu traverser pour être aussi marquée  par le temps", analyse Cécile Laffon, Co-commissaire de l'exposition. 
 

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