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La vie du peintre Basquiat racontée dans une BD à l'énergie fiévreuse signée Julian Voloj et Soren Mosdal

La vie chaotique du génial peintre new-yorkais Jean-Michel Basquiat, mort en 1988 à l'âge de 27 ans, valait bien une biographie dessinée. Celle-ci séduit surtout par son audace graphique et ses couleurs.

Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La couverture de la biographie dessinée "Basquiat" sur le peintre new-yorkais, de Julian Voloj et Soren Mosdal, sorti en France le 5 février 2020 aux éditions Soleil. (JULIAN VOLOJ - SOREN MOSDAL (COURTESY EDITION SOLEIL PROD))

Les biographies étant devenues ces dernières années une source d’inspiration fertile pour les auteurs de BD, la vie de Jean-Michel Basquiat, héros du New York artistique interlope et branché des années 70 et 80 devenu icône mondiale dont les tableaux s’arrachent maintenant à des prix records sur le marché de l’art, valait bien une biographie dessinée.

En commençant par sa fin précoce par overdose à l’âge de 27 ans, survenue le 12 août 1988, le scénario de Julian Voloj déroule ensuite la vie chaotique du fascinant peintre et musicien new-yorkais d’origine haïtienne (son père) et porto-ricaine (sa mère). Son enfance à Brooklyn, ses premiers graffitis signés SAMO (pour Same Old Shit = Toujours la même merde) jusqu'à sa rencontre avec Andy Warhol, puis son ascension vertigineuse et sa fréquentation de toute la faune artistique et musicale de l’époque, de Blondie à Fab Five Freddy, et de Keith Haring à Madonna et Klaus Nomi.

La planche d'ouverture de la biographie dessinée "Basquiat" de Julian Voloj et Soren Mosdal, qui commence par la fin tragique du peintre new-yorkais à l'âge de 27 ans. (JULIAN VOLOJ - SOREN MOSDAL (COURTESY EDITIONS SOLEIL))

Afin de restituer les affres du génie créateur et sa plongée tragique dans les paradis artificiels, le récit use d’une habile trouvaille narrative : il fait dialoguer Basquiat avec une silhouette bien connue sortie de ses toiles, une sorte de totem africain stylisé qui incarne sa conscience et sa mémoire – il en sait toujours plus que Basquiat, pose souvent des questions et donne les réponses.

Graphisme et couleurs collent idéalement au sujet

Mais plus que le récit, ce sont les dessins fiévreux et les couleurs vives du dessinateur Soren Mosdal qui captivent. Ils donnent à ce livre une énergie en parfaite adéquation avec son sujet, sa vie borderline (les effets hallucinatoires des champignons dans le métro par exemple) et l’urgence créatrice de Basquiat telle qu’on l’imagine.

Le langage visuel de l'illustrateur et dessinateur danois restitue aussi avec audace l’effervescence du New York de l’époque et les régulières crises de paranoïa de l’artiste météore, confronté au racisme et à l’avidité des marchands d’art - "Hé, je ne suis pas un graffeur ! C’est raciste ! Je suis un artiste !", s'indigne Basquiat dans une planche de cette BD.

Une des planches de "Basquiat", la biographie dessinée de Julian Voloj et Soren Mosdal sur le peintre new-yorkais. (JULIAN VOLOJ - SOREN MOSDAL (COURTESY EDITIONS SOLEIL))

Un artiste aux prises avec ses démons

Multipliant les anecdotes, au risque de traiter cette destinée exceptionnelle de manière un peu trop superficielle, cette biographie dessinée évite l’hagiographie et se penche même davantage sur le côté obscur de Basquiat.

Plutôt que de creuser les inspirations, la philosophie ou le cheminement artistique du pionnier du mouvement underground, l’ouvrage se concentre sur ses démons, à commencer par la drogue et ses effets puissamment autodestructeurs, mais aussi sur son côté volage et ses excès en tout genres (se faire un rail de coke sur une toile de Picasso, donner 200 dollars pour se faire ramener un paquet de cigarettes du coin de la rue, prendre un taxi pour aller de Suisse à Florence en Italie…).

Cette planche de "Basquiat", la biographie dessinée de Julian Voloj et Soren Mosdal, montre l'une des premières sources d'inspiration du peintre Jean-Michel Basquiat : un livre d'anatomie offert par ses parents sur son lit d'hôpital. (JULIAN VOLOJ - SOREN MOSDAL (COURTESY EDITIONS SOLEIL))

"Je ne voulais pas écrire une biographie directe mais plutôt raconter un artiste aux prises avec ses démons intérieurs, sa renommée, son succès", explique l'Allemand Julian Voloj, connu pour son roman graphique sur la vie de Joe Shuster, l'un des pères de Superman. 

On peut regretter ce choix mais c’est un parti pris comme un autre. Ce portrait dessiné déploie en tout cas suffisamment d'audace graphique, de nerf et de rythme pour mériter sa place parmi les multiples hommages rendus à cette icône avant-gardiste qui conserve à jamais tous ses mystères.

Basquiat de Julian Voloj et Soren Mosdal (Editions Soleil, 18,95€) est sorti le 5 février 2020

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