L'énigme Marcel Dirou : professeur le jour, peintre prolifique la nuit
Singulière histoire que celle de Marcel Dirou. A bien y regarder, elle pourrait faire l’objet d’un film, surtout si la cote de ce peintre amateur continue de grimper comme c’est le cas actuellement.
Cette soudaine célébrité posthume (Dirou est mort en 2009), on la doit à Hervé Le Roch, un amateur de peinture qui a découvert les tableaux de Marcel Dirou dans une vente aux enchères à Saint-Brieuc. Depuis, il a acquis la plupart des toiles et organisé plusieurs expositions.
La dernière en date est proposée à la maison de l’Agglomération de Saint-Brieuc jusqu’au 8 janvier où 350 œuvres du peintre sont à découvrir.
Reportage : France 3 Bretagne J. Armand / M. Tregouet / G. Hamon
Une enfance sans père
Marcel Dirou est né à Carantec dans le Finistère en 1942. Son père, Jean-Louis, fournissait des faux papiers aux résistants ou aux aviateurs anglais. Dénoncé, il est arrêté en 1944 avant de mourir en déportation, à Mauthausen, un an plus tard.Fils unique, Marcel Dirou fut donc élevé par sa mère et deux de ses tantes. D’abord professeur de lettres en Tunisie, il fit ensuite toute sa carrière au lycée Henri-Avril de Lamballe. Ses premiers dessins remontent à 1969, quand il est encore en Tunisie. Célibataire, sans enfant (mais très apprécié semble t-il de ses élèves), Marcel Dirou peignait la nuit et visiblement, personne n’était au courant de ses activités artistiques. "Quand les gens demandaient à la mère de Marcel Dirou où était son fils, elle répondait toujours qu'il était en haut en train de lire ou d'écouter la radio", raconte Hervé Le Roch.
Aucune toile exposée de son vivant
C’est donc sans avoir exposé ni vendu une seule toile que cet homme meurt en 2009, laissant derrière lui 2500 œuvres aux techniques les plus diverses (huiles, pastels, encres, fusains...) 2400 ont été rachetées par Hervé le Roch qui veut aujourd'hui faire reconnaître le talent de Marcel Dirou.Mais si on peut se réjouir de cette démarche, on peut aussi se demander si cet homme qui avait si jalousement protégé sa vie privée et sa passion aurait vraiment apprécié ou souhaité que ses toiles soient exposées aux yeux de tous, et avec elles, une partie de son âme et de ses tourments.
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