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"L'art dans les camps" : créer pour résister face à l'horreur

L’art peut-il survivre à l’horreur ? En découvrant l’exposition proposée jusqu’au 15 mai à l’Hôtel de ville de Grenoble, on se dit que oui. Elle regroupe des dizaines de dessins, croquis, et poèmes réalisés par des déportés dans les camps de concentration. Des œuvres qui témoignent de la vie et des souffrances quotidiennes. Et par delà elles, d’une terrible envie de vivre et d’espérer.
Article rédigé par Chrystel Chabert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Dessins, peintures, gravures ou poèmes : des centaines de dessins témoignent de l'horreur des camps 
 (France 3 Culturebox (capture vidéo))

Organisée à l’occasion du 70e anniversaire de la libération des camps de concentration, cette exposition permet de découvrir quelques uns de 30 000 dessins qui ont été retrouvés lors de leurs libérations.

Des dessins, croquis et gravures réalisés par des femmes, des hommes et des enfants et qui sont autant de témoignages de la réalité quotidiennes des camps : scènes de corvée, de charnier, de violences des kapos, mais aussi évocation des amitiés entre détenus ou portraits des êtres aimés.

Reportage : J-C. Pain / V. Habran / F. Bernard 

Marcel Peretti, Jacques Lamy, Gustaves Estades, Henri Gayot et Boris Taslitsky font partie des artistes exposés à Grenoble. Certains étaient déportés à Buchenwald, au Struthof ou à Dachau. Ces hommes et femmes n’étaient pas tous des artistes en arrivant dans les camps. Mais tous ont ressenti cet instinct de création qui est aussi un instinct de survie et de résistance.

Leur mérite est d’autant plus grand qu’ils devaient rivaliser d’ingéniosité pour trouver de quoi dessiner (avec du charbon de bois ou du jus de tabac à chiquer) pour pouvoir le faire sans être repéré et pour conserver ses dessins jusqu’à la libération des camps.
  (DR)

Boris Taslitsky ou "la beauté de l'horreur"


Boris Taslitsky fait partie de ceux qui étaient à la fois artiste avant la guerre et militant. Ce peintre et dessinateur français d’origine russe, ancien étudiant aux Beaux-arts de Paris adhéra dès 1935 au Parti communiste et s’engagea très tôt dans la Résistance. Il fut plusieurs fois arrêté notamment pour ses dessins engagés. Au camp de Saint-Sulpice La Pointe dans le Tarn, il réalisa un ensemble de fresques d'inspiration révolutionnaire sur les cloisons en planche des baraquement du camp (c'est l'archevêque de Toulouse qui fournissait la peinture).
Une des fresques de Boris Taslitzky à Saint-Sulpice, une femme et quatre hommes enchaînés et ces mots empruntés à Victor Hugo : "Mes fils, soyez contents, l'honneur est où vous êtes"
 (DR)
Déporté à Buchenwald, Boris Taslitsky produisit près de 200 croquis et dessins et quelques aquarelles, le tout grâce à la solidarité et à l'organisation d'une résistance clandestine. En 1946, Aragon fit publier l'album "111 dessins faits à Buchenwald", un ouvrage enrichi et réédité en 2009 aux éditions Biro.

" Si je vais en enfer, j'y ferai des croquis. D'ailleurs, j'ai l'expérience, j'y suis allé et j'ai dessiné " avait-il confié dans un film que lui a consacré Christophe Cognet. Toute sa vie, Boris Taslitsky resta un artiste engagé, farouchement opposé à la guerre et à l'injustice.
 "Le petit camp de Buchenwald" - 1945 - Huile sur toile 
 (Boris Taslitzky  / Musée National d'Art Moderne, Centre Georges Pompidou, Paris)

" L'art dans les camps de concentration"
l'Hôtel de ville de Grenoble
Jusqu'au 15 mai
Entrée libre du lundi au vendredi de 9h à 18h


Pour découvrir d’autres oeuvres réalisées par des déportés dans les camps, on peut consulter les sites suivants : " L'art et les camps " et  "Art et Shoah"   

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